HOMME QUI RIT (L') de Victor Hugo (résumé & analyse)

HOMME QUI RIT (L')

Victor Hugo. Roman, 1869.

Gwynplaine a été défiguré dès l’enfance pour servir aux spectacles des grands de ce monde: il a un rictus perpétuel qui le fait surnommer «l’homme qui rit». Son amie Déa est aveugle. L’un et l’autre sont recueillis par un vagabond généreux, Ursus, avec qui ils constituent une troupe théâtrale. Ils jouent un drame allégorique intitulé Chaos vaincu, célébrant la victoire de l’esprit sur la matière. Le peuple s’amuse beaucoup à ce spectacle et Gwynplaine acquiert une grande renommée. Un jour, il est reconnu comme étant le baron Clan-charlie, jadis enlevé à sa famille. On le rétablit dans ses droits et il entre ainsi à la chambre des Lords. Il s’y fait le défenseur des pauvres et, lors d’un discours particulièrement émouvant, il donne libre cours à ses larmes. Le public éclate de rire en voyant pleurer l’homme qui rit. Furieux et déçu, Gwynplaine s’enfuit et va retrouver Déa et Ursus. Mais, quand il arrive, Déa se meurt. Il n’a d’issue que dans le suicide.

♦ Roman de la proscription sociale qui met en scène le sentiment de rupture, L’Homme qui rit appartient, par son contenu idéologique, à la même lignée que Les Misérables et Quatre-vingt-treize: Hugo (1802-1885) y dénonce la fatalité sociale, celle des lois. Il met son goût de l’antithèse au service d’un idéal politique, social et religieux. Il écrit une épopée du peuple, un roman de la prophétie révolutionnaire et démocratique dont la fin ouverte coïncide avec la notion d’utopie. À la fois discours rousseauiste où le bien et la nature s’opposent au mal et à la société, expression d’un rêve saint-simonien ou fouriériste, ce roman est aussi parole religieuse: le monde terrestre est vécu sur le mode de l’éphémère, de l’illusoire et de l’opacité des corps; le mythe qui étaie l’ouvrage est celui du paradis perdu, mais reconquis dans la transcendance, l’union astrale des âmes. Ainsi cette écriture