HOMME ET LE SACRÉ (L'), 1939. Roger Caillois - étude de l'œuvre
Publié le 24/09/2018
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HOMME ET LE SACRÉ (L'), 1939.
Roger Caillois, 1913-1978.
Disciple de Marcel Mauss, Roger Caillois élabore une «psychologie du sacré», en en décrivant les différents aspects, en analysant les mécanismes sociaux qui le fondent et ses fonctions sociales.
Le sacré, dont l’antithèse et la complémentarité sont le profane, offre une bipolarité se manifestant dans les rites sous deux aspects opposés: d’une part, dans les tabous, les interdits et les lois qui imposent un ordre immuable et préservent l’unité du groupe; d’autre part, dans des rites de transgression, notamment dans les fêtes et dans les orgies. Ainsi, Caillois distingue un «sacré de respect» (théorie des interdits) et un «sacré de transgression» (théorie de la fête).
La guerre présente un caractère sacré, l’une de ses fonctions essentielles étant celle de la
fête, de l’orgie rituelle. Dans les sociétés contemporaines, qui perdent le sens de la fête et des rites, les guerres cristallisent en de vastes transes collectives toutes les forces du sacré, et deviennent de plus en plus fréquentes et passionnées.
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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Analyse: « L'Histoire naturelle » de Buffon
Les savants ont vengé Buffon des dédains intéressés de ses contemporains.
Ils reconnaissent chez Buffon tous lestraits du véritable esprit scientifique : absence de toute idée étrangère à la science et qui risque d'en fausser lesdonnées, constant recours à l'observation, soumission à l'objet...L'Histoire naturelle parut de 1749 à 1788, en 366 volumes comprenant les divisions suivantes : Théorie de la Terre.Histoire de l'homme.
Histoire des quadrupèdes.
Histoire des oiseaux.
Histoire des minéraux.
Epoques de la nature.Dans la partie consacrée à l'étude des animaux, la méthode adoptée par Buffon est celle de la description.
Il fautvoir beaucoup ; puis décrire, « sans préjugé, sans idée de système », les caractères extérieurs, les caractèresintérieurs, et faire l'histoire de l'espèce.Voici quel est son plan.
Il suppose un homme qui se trouverait pour la première fois en face de la nature : toutd'abord, il distinguera l'animal, le végétal, le minéral.
Comme il aura en même temps distingué la terre, l'air et l'eau, ilse formera une idée des animaux qui habitent ces éléments ; il les comprendra dans trois classes : quadrupèdes,oiseaux, poissons.
Ensuite, cet homme étudiera les êtres d'après les rapports qu'ils auront avec lui : ceux qu'ilconnaîtra le mieux tout d'abord, ce seront les animaux domestiques (chien, cheval, etc.) ; puis viendront lesanimaux sauvages qui habitent le même pays que lui ; enfin, les animaux des pays étrangers.Ces descriptions d'animaux, tels portraits célèbres, ceux du cheval, du cygne, de l'oiseau-mouche, sont la partie laplus connue et la plus contestable de l'oeuvre de Buffon.
La méthode qui consiste à classer les animaux par rapportà l'homme est tout arbitraire, et amène Buffon à leur prêter les qualités et les défauts de la nature humaine, commeaux animaux de la fable.
Le style en est trop orné.
A vrai dire, une large part en revient aux collaborateurs deBuffon, tels que Daubenton et Guéneau de Montbéliard.Toutefois il ne faut point, passant d'un excès à l'autre, juger aujourd'hui trop sévèrement ces portraits jadis tropadmirés.
Il est vrai d'abord qu'ils n'ont pas été inutiles au succès de l'Histoire naturelle et ont contribué à en rendrela lecture plus accessible à la masse du public.
Il faut songer ensuite que le style de l'histoire naturelle ne sauraitêtre le même que celui des sciences abstraites ; le naturaliste travaille non dans l'abstrait, mais sur la réalitéconcrète : aussi la vie et les couleurs de la vie sont-elles chez lui, non pas un ornement mais un élément nécessairedu genre de vérité qu'il poursuit.Il reste que c'est dans la Théorie de la Terre, l'Histoire de l'Homme et surtout les Epoques de la nature (1778)qu'éclate le génie de Buffon.
A la rigueur de l'esprit scientifique il joint cette autre qualité qui est, elle aussi, un donessentiel du savant : une puissante imagination.
Elle lui permet d'embrasser, dans la perspective des millénaires,l'histoire entière de notre monde.
A l'origine il place l'action combinée de l'eau et du feu intérieur ; puis c'est lerefroidissement du globe, la terre recouverte par les mers, dont peu à peu le recul découvrira montagnes et vallées,où apparaîtront végétaux et animaux.
Enfin la venue de l'homme.
Mais Buffon n'admet pas que celui-ci ne soit que ledernier anneau de la chaîne.
11 y a rupture.
La différence n'est pas seulement de degré, mais de nature.
L'hommeseul pense, parle, et est perfectible.
Pour reconstituer cette grandiose histoire du monde, il faut, nous explique Buffon, « comme dans l'histoire civile onconsulte les titres, on recherche les médailles...
fouiller les archives du monde, tirer des entrailles de la terre lesvieux monuments, recueillir leurs débris et rassembler en un corps de preuves tous les indices des changementsphysiques qui peuvent nous faire remonter aux différents âges de la nature.
C'est le seul moyen de fixer quelquespoints dans l'immensité de l'espace et de placer un certain nombre de pierres numéraires sur la route éternelle dutemps ».
On constate ainsi que la nature « se montre toujours et constamment la même )1 et cependant qu'elle «admet des variations sensibles », en sorte que « autant elle paraît fixe dans son tout, autant elle est variable danschacune de ses parties.
Ce sont ces changements divers que nous appelons les Epoques ».
Comme on le voit,Buffon a pressenti les modernes théories de l'évolution et du transformisme.
Il a été le précurseur des Lamarck etdes Geoffroy Saint-Hilaire.Cette puissance d'imagination, en même temps qu'elle complète en Buffon le savant, l'apparente aux plus grandspoètes.
Lui seul, au xviiie siècle, a eu le sentiment de la nature, non pas seulement dans son pittoresque superficiel,mais dans ce qu'il a de plus profond.
On songe à Lucrèce, dans les plus beaux morceaux du De Natura Renan et à «l'horreur sacrée » qui l'étreint devant la toute puissance et la sérénité de l'éternelle nature..
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- « Toute conception religieuse du monde implique la distinction du sacré et du profane [...]. Ces deux mondes, celui du sacré et du profane, ne se définissent rigoureusement que l'un par l'autre. Ils s'excluent et ils se supposent. » Roger Caillois, L'Homme et le Sacré, 1939. Commentez cette citation.
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