Histoire universelle d’Aubigné : Fiche de lecture

Histoire universelle

S’opposant aux Tragiques, œuvre férocement partisane, l’Histoire universelle — ainsi nommée car elle a pour théâtre le monde des guerres de Religion (c’est-à-dire surtout l’Europe) — se situe délibérément au-dessus de la mêlée. Dédiée par son auteur à la postérité et placée par lui sur « un échaffaut si élevé », elle constitue à ses yeux son grand œuvre, celui que les générations futures, dégagées des querelles du présent siècle, seront à même de goûter. Historien « astorge (insensible) et véritable », qui vilipende à l’occasion un concurrent coupable, selon lui, de prévarication comme La Popelinière, d’Aubigné se refuse ici à juger ou même à interpréter. N’écrivant que les « actions » qu’il rapporte par le menu, se gardant de toute digression ou « exclamation » dans la description même des épisodes les plus sanglants de la guerre, il se contente d’exposer les prémisses, pour laisser le lecteur libre d’« amasser la judicieuse conclusion ». Ce volumineux ouvrage en trois tomes in-folio, qui absorbera toute l’activité de l’écrivain durant sa longue retraite à l’écart de la cour de Henri IV, et qu’il publie à ses frais à partir de 1618, sera dès 1620 condamné à être brûlé par le tribunal du Châtelet. La leçon d’objectivité que d’Aubigné avait prétendu donner n’avait pas été entendue.