HISTOIRE D’UNE GRECQUE MODERNE L’abbé Prévost (résumé & analyse)

HISTOIRE D’UNE GRECQUE MODERNE L’abbé Prévost. Roman, 1740.

Le protagoniste de l’histoire, vieilli et désemparé, analyse, au fil d’un soliloque nourri de mauvaise foi, ses sentiments successifs envers une jeune Grecque d’origine incertaine, Théo-phé, qu’il a libérée du harem à Constantinople et qui refuse son amour. La juxtaposition des témoignages les plus contradictoires, en Turquie où Théophé retrouve un frère équivoque, en Italie où elle semble se laisser courtiser par un comte et en France où elle refuse plusieurs partis, fait de l’héroïne une énigme permanente. Le narrateur, incapable de se distancier par rapport à elle et torturé par une jalousie aberrante, se détruit progressivement de l’intérieur. Drame de la non-communication entre les cœurs, le roman se termine à Paris avec la mort de l’héroïne: jamais le narrateur n’aura pu savoir si Théophé lui était fidèle ou non.

♦ L’ambassadeur Ferriol avait ramené de Constantinople en 1698 une jeune Circassienne. Élevée dans un couvent, la jeune fille refuse en 1711 d’épouser le diplomate — qui en conçoit une amère jalousie — et devient la maîtresse d’un chevalier rencontré chez Mme du Def-fand. À partir de cette donnée réelle — qui a mis en émoi les salons de Mme de Lambert et de Mme de Tencin, féministes et passionnées par la métaphysique du sentiment —, Prévost (1697-1763) construit un roman à clefs, dont l’héroïne lointaine répond à la mode de la Turquie, aussi vive qu’en 1670, à l’époque du Bourgeois gentilhomme et de Bajazet.