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Histoire d'une Grecque moderne de l'abbé Prévost (résumé & analyse)

Publié le 27/11/2018

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Histoire d'une Grecque moderne

 

En 1697, l'ambassadeur de Louis XIV à Constantinople, M. de Ferriol, avait racheté et amené en France une jeune Circassienne. Devenue Mlle Aïssé, elle intéressa la société parisienne par l’énigme de ses relations avec Ferriol et par sa liaison passionnée avec le chevalier d’Aydie, après laquelle elle s’était vouée à la dévotion jusqu’à sa mort en 1733. A partir de cette histoire vraie, Prévost invente en 1740 l’histoire de la jeune Grecque Théophé, libérée du harem à dix-sept ans par un diplomate français qui ressemble beaucoup à Ferriol.

 

Long soliloque-souvenir écrit par ce diplomate vieilli, chef-d’œuvre de mauvaise foi, ce récit fait souvent songer par son contenu et le modernisme de sa technique à la Chute d’Albert Camus. Le narrateur analyse au scalpel la confusion de ses sentiments face à Théophé, avec laquelle il incarne un nouvel avatar du couple Arnolphe-Agnès. Prévost aime ces glissements d’une situation de comédie à un tragique qui détruit l’être. Comme Des Grieux, le diplomate modèle en fonction de ses désirs

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« l'image de cette fille, image dont il s'éprend de plus en plus au fil d'événements insignifiants.

Mais Théophé, elle, est vivante, présente; elle refuse de se conformer à l'image.

De plus, l'image est double, contradictoire: il la voudrait tantôt vertueuse, occidentalisée, libre, tantôt esclave encore, soumise à ses désirs.

Théophé repousse l'amour de son libérateur au nom de cette liberté même qu'il lui a donnée et de la vertu austère qu'il lui a enseignée.

D'autres hommes gravitent autour d'elle, en particu­ lier un prétendu frère retrouvé et un seigneur turc.

Plus le narrateur soupçonne Théophé de lui être infidèle, plus son amour augmente, et la jalousie avec.

C'est au Proust de la Prisonnière que l'on songe alors.

Prévost fait une étonnante analyse psychologique et clinique de la jalou­ sie, jusque dans ses manifestations les plus dégradantes de folie et de sénilité.

Victime d'une disgrâce politique, le narrateur revient à Paris avec Théophé.

Dans le tour­ billon mondain, fut-elle vertueuse, coquette, fieffée libertine? Jamais il n'aura pu le savoir.

Il finit par vivre solitaire, vide, ne pouvant même plus aimer Théophé, indifférent à sa mort, qu'il n'apprend que quelques mois après.

Amour frustré, vie gâchée, énigme incompréhen­ sible de la femme.

La dernière aventure de Des Orieux vieilli? Peut-être.

En tout cas, le roman de l'impossible connaissance d'un autre être, de la non-communication.

Nous restons prisonniers de nos désirs, de nos rêves, de nos propres visions des choses et des êtres.

Et le chef-d'œuvre de la narration subjective: «Je suis l'amant de la belle Grecque dont j'entreprends l'histoire.

Qui me croira sincère dans le récit de mes plaisirs ou de mes peines?» Constatant l'impossible narration véridi­ que quand le narrateur et le protagoniste ne font qu'un, Prévost met en question le roman à la première personne.

Ce genre tant utilisé à son époque, justement pour faire authentique, ne mène selon lui qu'à 1' inauthentique, au mensonge.

Mise en question, aussi, de son propre art romanes­ que : le narrateur, comme tant d'autres de ses personna­ ges, écrit pour essayer de comprendre, mais l'écriture subjective transforme sa vie en mythe, toujours excessif et falsifiant.

Comment la parole narrative pourrait-elle nous éclairer, nous délivrer du mythe, alors que juste­ ment elle contribue à le créer? Prévost a bien senti la contradiction insoluble dans laquelle se trouve prise toute sa création romanesque, et qui lui donne son pathétique.. »

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