Histoire des Girondins de Lamartine
Publié le 19/01/2019
Extrait du document
Histoire des Girondins, ouvrage de Lamartine, paru en 8 volumes du 20 mars au 19 juin 1847. Cette évocation de la « grande révolution » était en gestation depuis l'automne 1843 ; le projet en fut poursuivi et négocié pendant le voyage en Italie de l'été 1844, et mené à bien en décembre 1846. Dix-huit journaux en avaient publié auparavant des extraits, et le succès fut foudroyant ( « un incendie », dit Lamartine). L'œuvre comporte cinq sections, subdivisées en plusieurs chapitres, dont les quatre premières sont respectivement consacrées à Mirabeau, Robespierre, Mme Roland et Vergniaud ; la dernière évoque le Jugement et le supplice des Girondins. Au-delà de l'opération de librairie imposée par ses dettes criardes, Lamartine, adepte du suffrage universel, voulait que sa voix portât au-delà de l'enceinte du Parlement et proposait aux masses l'exemple qu'étaient les Girondins — ces révolutionnaires modérés — pourvu qu'on évitât leurs erreurs. Il concevait cette Histoire comme source d'un enseignement moral « ad usum populi » («Ne lisez pas cela, c'est écrit pour le peuple », disait-il à ses amis) et se faisait un devoir de l'écrire « pour que la prochaine révolution soit pure des excès de la première ». En réalité, Yl' Histoire vaut plutôt par ses qualités lyriques (larges évocations de paysages parfaitement inutiles à l'action, portraits animés, voire émouvants, élans romancés de la narration) et la beauté de sa prose (alternance de périodes oratoires qui honorent le rythme ternaire et de formules bien frappées). Les révolutionnaires idéaux qu'il met en scène ne sont au fond que trois projections de l'image que Lamartine a de lui-même : il fut ce Mirabeau, aristocrate venu à la révolution ; il est ce Vergniaud, orateur parlementaire ; il espère être, en religion, ce Robespierre réformateur. Dans sa vision apologétique et romantique, Lamartine sacrifie au culte du héros : l'histoire est l'œuvre de génies solitaires. Ses bonnes intentions ne masquent pas son paternalisme innocent, que résume cette formule satisfaite inspirée par le succès : « C'est surtout le peuple qui m'aime et m'achète », assentiment que ne confirma pas le mouvement populaire de juin 1848.
«
Parmi les innombrables
victimes de la
guillotine, citons
Louis XVI, sa femme
Marie-Antoinette, son
lointain cousin Philippe
Égalité, Mme Roland,
Charlotte Corday
(meurtrière de Marat),
Danton, Robespierre, le
poète André Chénier.
«Un homme en
haillons, tenant une
bouteille à la main,
s'approcha du roi et lui
dit:
" Si vous aimez le peuple, buvez à sa santé!",.
EXTRAITS ~ ~~~~~~ -
Lamartine présente son œuvre
J'entreprends d'écrire l'histoire d'un petit
nombre
d'hommes qui, jetés par La
Providence au centre du plus grand drame
des temps modernes, résument en eux
Les
idées, Les passions, les fautes, les vertus
d'une époque, et dont
La vie et la politique,
formant,
pour ainsi dire, le nœud de La
Révolution française, sont tranchées du
même coup que les destinées
de leur pays.
Madame Roland, personnage
symbole de la Révolution
L'âme ardente et pure d'une femme était
digne
de devenir le eentre où convergeraient
tous les rayons de
La
vérité nouvelle pour
s'y féconder à la cha
leur de son
cœur et
pour y allumer
Le bû
cher des vieilles insti-
." tutions politiques.
Les
1 hommes ont Le gé
' nie de la vérité, les
femmes seules en ont
La passion.
Il faut de
l'amour au fond de toutes Les créations :
il semble que la vérité a deux sexes, comme
la nature.
Il y a une femme à l'origine de
toutes les grandes choses ; il en fallait une
au principe
de la Révolution.
On peut dire
que
la philosophie trouve cette femme dans
Madame Roland.
L'historien, entraîné
par Le mouvement des
événements qu'il retrace,
doits' arrêter de
vant cette sévère et touchante figure, comme
les passants s'arrêtèrent
pour remarquer
ses traits sublimes et sa robe blanche sur le
tombereau qui conduisait des milliers de
victimes à
la mort.
Pour la comprendre, il
faut
la suivre de L'atelier de son père jusqu'à
l'échafaud.
C'est pour la femme surtout que
le germe de la vertu est dans le
cœur; c'est
presque toujours dans
la vie privée que re
pose le secret de la vie publique.
Les Girondins à l'échafaud
Au premier pas hors de La Conciergerie, les
Girondins entonnèrent d'une seule voix et
comme une marche funèbre
La première
strophe de
La Marseillaise, en appuyant
avec une énergie significative sur ces vers
à double sens :
Contre nous de
la tyrannie
L'étendard sanglant est levé.
De ce moment, ils cessèrent de s'occuper
d'eux-mêmes pour ne penser qu'à L'exemple
de mort républicaine qu'ils voulaient
Lais
ser au peuple.
Leurs voix ne retombaient un
moment à
La fin de chaque strophe que pour
se relever plus énergique au premier pas de
La strophe suivante.
Leur marche et Leur
agonie ne furent qu'un chant.
( ...
)Arrivés
au pied de L'échafaud, ils s'embrassèrent
tous en signe de communion dans
la liberté,
dans
la vie et la mort.
Puis ils reprirent le
chant funèbre pour s'animer mutuellement
au supplice et
pour envoyer jusqu'au
moment suprême à celui qu'on exécutait
la voix de ses compagnons de mort.
Tous
moururent sans faiblesse.
(.
..
) Le chant
baissait à chaque coup
de hache.
Les rangs
s'éclaircissaient au
pied de la guillotine.
Une seule voix conti
nua la Marseillaise :
c'était celle de
Ver
gniaud, supplicié le
dernier.
Ces notes su
prêmes furent ses der
nières paroles.
Comme
ses compagnons, il ne
mourait pas ;
il s 'éva
nouissait dans l'en
thousiasme, et sa vie,
commencée
par des
discours immortels,
finissait
par un hymne
à l'éternité de la Ré
volution.
« Ils sont là, dit Danton en montrant d'un geste de mépris la porte des
Jacobins, un tas de
bavards qui délibèrent
toujours!,.
NOTES DE L'ÉDITEUR
«C'est en mars 1847 que commencèrent à
paraître, au rythme de deux tous les quinze
jours, les huit volumes de
l' Histoire des
Girondins.
Une prodigieuse campagne
publicitaire, compte tenu des moyens de
l'époque, avait précédé l'événement.
Lamartine
en personne orchestrait les
opérations.
Depuis des semaines, il tenait
la presse en alerte, il faisait expédier des
extraits de l'ouvrage judicieusement choisis,
pour appâter, à tout ce qui comptait
à Paris et en province.
( ...
) Bref, tous les
éléments se trouvaient réunis pour faire de
l' Histoire des Girondins, le plus gros succès
d'édition de l'époque.
» Ce le fut en effet, bien que le terme de
succès soit insuffisant.
C'est de triomphe
qu'il faut parler.
Un triomphe aussi bien
mondain que populaire.
Les plus élégantes
femmes de
Paris n'hésitaient pas, lorsqu'un
volume était annoncé pour le lendemain, à
passer la nuit entière devant la porte du libraire.
( ...
) Dans les salons les plus fermés
comme dans les lieux publics, on ne
s'entretenait- en bien ou en mal, peu
importait -que des Girondins.
Larmartine
entrait-il dans une salle de spectacle?
L'assistance entière se levait comme à
l'arrivée
d'un roi.
Mieux qu'un roi.
Un
empereur.
» Xavier de La Fournière,
·Lamartine, Perrin, 1990.
1 peinture de Gérard 1 coll.
Roger-Viollet 2 grav.
de E.
Bayard.
éd.
Armand le Chevallier, Paris 1866 3, 5 grav.
de L.
Dumont .
id.
4 gravure de G.
Durand, id.
LAMARTINE 03.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Lamartine : Histoire des Girondins
- HISTOIRE DES GIRONDINS. (résumé) d'Alphonse de Lamartine
- LAMARTINE : Histoire des Girondins
- Alphonse de LAMARTINE: Histoire des Girondins (Résumé & Analyse)
- GIRONDINS ET MONTAGNARDS (1792-1793) - HISTOIRE.