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Histoire de Charles XII. Le Siècle de Louis XIV. Essai sur les mœurs et l'esprit des nations (résumé)

Publié le 11/11/2018

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Histoire de Charles XII. Le Siècle de Louis XIV.

Essai sur les mœurs et l'esprit des nations

 

Trois livres majeurs, parmi de nombreux autres écrits historiques de commande ou de circonstance. Trois livres charnières surtout, dans l’élaboration du champ mental appelé histoire. « Enfin Voltaire vint... » : mot sans doute excessif, mais qui tente tous les historiens de l’histoire. C’est que Voltaire a plus que pressenti : il a pensé et amorcé des mutations essentielles.

 

Il n’était d’histoire que des pouvoirs, et non des hommes. L’ancien modèle monarchique, même distancié par la narration, commande encore le Charles XII (1731). Mais on passe vite de l’« histoire des rois » à l’« histoire de la nation ». Penché sur les archives officielles qu’on lui ouvre, l’historiographe de Louis XV reste étonné : « N’y a-t-il donc eu sur la terre que des princes? » — cela s’adresse à un ministre. Du Charles XII au Siècle (1752) et à VEssai (1756), l’histoire se décentre. « Siècle » et non « règne » de Louis XIV. Il s’agit de « peindre », annonce hardiment le premier chapitre, « non les actions d’un seul homme », mais « l’esprit des hommes » du temps — on comprend, rien que par là, la disgrâce de l’historiographe. « L’esprit des hommes » : « l’esprit des nations », dit le titre de 1 De telles formules

 

menaient à une autre histoire : l’histoire des civilisations — le mot allait naître. Voltaire s’attacha à en cerner le champ problématique dans des « Remarques » et autres « Considérations », et dans le grand article « Histoire » de l'Encyclopédie. Réflexion dispersée, mais d’une cohérence méconnue. 

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« mais qu el sens donner au devenir des hommes? Aucu n do gme, aucun système chez Voltaire.

Sa réflexion sur la causalité ne produit pas de modèle explicatif.

Elle fait intervenir, souvent ponctuellement, « petites causes» et «lois naturelles», « instincts», «passions» et « inté­ rêts», «génie » des peuples et «coutumes» d'un temps - outillage conceptuel aussi modestement que conscien­ c ie us ement bricolé.

Difficile, à qui voit si bien la frag­ mentation des faits.

d'y projeter un ordre défini, d'adhé­ rer à un sens de l'histoire.

Globalement solidaire de l'optimisme des Lumières, la lecture voltairienne du temps n'est pa5-la plus prégnante.

En perspective, elle distingue des progrè s : pour les connaissances et les compétences, la politesse et la sociabilité, les pouvoirs sur la nature, l'homme moderne, en moyenne, vaut mieux que le contemporain de Charlemagne.

Mais ces progrès ne so n t ni définitivement ac q ui s ni sürement transmissibles, car la « nature humaine » comporte le meilleur et le pire.

L'« amo ur de l'ordre>> qui habite l'espèce a besc•in d'être entretenu, excité, réveillé, et l'ordre créé par l'homme n'est qu 'u n accomplissement à p o urs uiv re .

Pour les« révolutions >> utiles qui restent à faire, l'his­ toire est précis émen t, pense Voltaire, une pédagogie.

Elle aide à prendre co nscie n ce des erreurs et des désor­ d re s anciens, et des véritables vocations à assumer.

Aussi la narration se double-t-elle toujours chez lui, plus ou moins explicitement, d'un discours interprétatif destiné à former l'« esprit public » .

Voltaire n'est certes pas le modèle de l'h is to ri en neutre.

L'angélisme d'une impar­ tialité d'écriture lui est total em ent inconnu, ce qui nuit (à tort) à ses authentiq ues efforts d'impartialité dans la recherche.

A mesure qu'il raconte, il s'engage et juge, il approuve et réprouve.

Au moins sait-on toujours de quel lieu il parl e : celui d'une «philosophie de l'histoire>> (l'expression paraît venir de lui) qui investit les hommes de la resp ons abil ité d'un devenir -celui d'un huma­ nisme, alors subversif, qui sous-tend l'ensemble de l'œuvre.

BlBLIOGRAPHIE Pour la pro blém ati q ue générale de l'histoire au xvm• siècle, c ons ulter Ernst Cassirer, la Philosophie des Lumièr es, Fayard, 1966.

p.

207 à 237, et Georges Gusdorf, l'Avènement des scien­ ces humaines au siècle des Lumières, Payot, 1973, p.

373 à 495.

Voir aussi Historische Forschung im 18.

Jahrhundert.

Organisa­ tion, Zielsetzung.

Ergebnisse, hrs gg .

von Karl Hammer und Jür­ gen Voss.

Bonn, Rohrscheid, 1976.-Deux études fondamenta­ les sur l'œuvre ct: la pensée his tor iq u es : Furio Diaz, Voltaire s to rico, Turin, Einaudi, 1958.

et J.H.

Brumfill, Voltaire Histo­ rian, Lon dres.

Oxford Univ.

Press, 1962.

-Michèle Duchet a consacré un chapitre à Voltaire dans son ouvrage sur Ant hr op o­ logie et histoire au siècle des Lumières, Maspero, 1971, p.

281 à 321.- S ig nalon s enfin une étude stimulante d'Alain Masson s u r >, dans Revue de l'université de Moncton, 1970, n° 1, p.

12 à 28.. »

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