HERNANI ou l'Honneur castillan de Victor Hugo (analyse détaillée)
Publié le 22/10/2018
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HERNANI ou l'Honneur castillan.
Drame en cinq actes et en vers de Victor Hugo (1802-1885), créé à Paris à la Comédie-Française le 21 février 1830, publié en pré-originale dans le Cabinet de lecture du 4 mars au 4 avril 1830 sous le titre « Hernani ou la Jeunesse de Charles Quint », et en volume à Paris chez Marne et Delaunay en 1830.
Après la Préface-manifeste de *Crom-well (1827), après l'entrée du drame romantique à la Comédie-Française le 11 février 1829 avec le Henri III et sa cour d'Alexandre Dumas, suivi le 24 octobre du More de Venise de Vigny, avant l'immense succès de l'Antony de Dumas (1831), Hernani, type même de l'événement littéraire, consacre la révolution dramaturgique opérée par l'esthétique romantique.
En 1519, à Saragosse, dans une chambre à coucher, la nuit Don Carlos, roi d'Espagne, s'introduit par surprise chez dofia Sol (dont il est amoureux) et se laisse enfermer dans une armoire par la duègne. Arrive le proscrit Hemani. Dofia Sol l'aime, mais doit épouser son oncle, le vieux Ruy Gomez de Silva ; le bandit de son
côté, doit venger son père, que le père du roi a fait exécuter. Le vieillard s'indigne en voyant deux hommes chez sa nièce : le roi révèle son identité et, prétendant être venu consulter don Ruy Gomez sur l'élection de l'empereur, fait passer Hemani, dont il ignore encore le nom, pour un homme de sa suite. Resté seul. Hemani, à qui dofia Sol a donné rendez-vous, clame sa haine pour le roi (Acte I. « Le Roi »).
Saragosse, dans le palais de Ruy Gomez de Silva. En compagnie de courtisans, don Carios rôde autour du palais pour remplacer Hemani au rendez-vous. Il tente d'enlever dofia Sol, qui résiste. Surgit Hemani. Le roi refuse le duel avec un « chef de bohémiens ». Hemani protège sa retraite. Les deux amants renouvellent leurs vœux, le tocsin les sépare (Acte II. « Le Bandit »).
Le château de Silva dans les montagnes d’Aragon. Le jour des noces de dofia Sol et de Ruy Gomez. un pèlerin mendiant se présente et Ruy Gomez lui offre l'hospitalité. À la vue de la jeune fille en robe de mariée, le pèlerin se découvre : c'est Hemani, dont la tête est mise à prix. Son hôte refuse de le livrer. Alors que les amants s'abandonnent i leur passion, que dofia Sol jure fidélité à cette « force qui va ». à son « lion superbe et généreux », Ruy Gomez les surprend ; mais il cache Hemani quand on annonce l’arrivée du roi. Au nom de l'honneur castillan, il préfère laisser emmener dofia Sol plutôt que de trahir son hôte. Après le départ de don Carlos et de son otage, Ruy Gomez et Hernani, qui lui apprend le désir du roi pour sa nièce, jurent de se venger en concluant un pacte Hernani remet son cor à son sauveur, et accepte de mettre fin à ses jours au premier son (Acte III. « Le Vieillard »).
Aix-la-Chapelle, dans la crypte contenant le tombeau de Charlemagne. Informé d'une conspiration. don Carlos, qui attend fiévreusement le résultat de l'élection à l'Empire, médite sur le pouvoir. Les conjurés tirent au sort Hemani, désigné, refuse à Ruy Gomez le privilège de tuer le roi, fût-ce en échange du cor. Élu empereur, don Carios devenu Charles Quint surprend les conspirateurs, pardonne et transfiguré par sa dignité nouvelle, accorde à Hemani, qui s’est révélé être Jean d'Aragon, Grand d'Espagne, la main de dofia Sol (Acte IV. « Le Tombeau »).
Saragosse. sur une terrasse du palais d'Aragon. La brillante fête nuptiale s’achève, un mystérieux domino noir intrigue les invités. Hemani et dona Sol chantent leur amour, quand retentit le son d'un cor. Ruy Gomez se démasque sous le domino noir et lui rappelle son serment : Hemani doit boire le poison. Les époux meurent ensemble, et Ruy Gomez se poignarde sur leurs cadavres en s'écriant : «Je suis damné ! » (Acte V. « La Noce »).
Déclaration de principes moraux et sociaux, analyse des rapports entre la création dramatique et l'horizon d'attente du public, la Préface du 9 mars 1830 l'affirme : le romantisme n'est que « le libéralisme en littérature » ; expression de la jeunesse, « littérature du peuple », irrésistible mouvement du progrès, il impose, contre l'« anarchie », ses lois. Hugo récuse ce bonnet rouge qu'il revendiquera poétiquement plus tard.
«
domino noir et lui rappelle son serment : Hernani doit boire le poison.
Les époux meurent ensem ble.
et Ruy Gomez se poignarde sur leurs cada vres en s'écriant : «je suis damné ! » (Acte V.
«La Noce»).
Déclaration de principes moraux et
sociaux, analyse des rapports entre la
création dramatique
et l'horizon
d'attente du public, la
Préface du
9 mars 1830 l'affirme: le romantisme
n'est que
«le libéralisme en littéra
ture
>> ; expression de la jeunesse, « lit
térature du
peuple>>, irrésistible mou
vement du progrès, il impose, contre
l'« anarchie », ses lois.
Hugo récuse ce
bonnet rouge qu'il revendiquera poé
tiquement plus tard.
D'où la stru
cture
du drame.
Eti effet, si l'inspira
tion espagnole vient principalement
du Romancero et de la mythologie
construite autour de l'honneur castil
lan, si le thème
du brigand vient de
Schiller,
si le *Cid ou *Cinna fournis
sent quelques situations,
si compte le
souvenir d'enfance du village espagnol
d'Ernani (traversé
en 1811 alors que
Hugo
se rend à Madrid pour rejoindre
son père
en · poste auprès du roi
Joseph), la pièce doit l'essentiel de sa
dramaturgie au mélodrame, excluant
cependant le manichéisme.
Colombe
et lionne, chaste amou
reuse
et fière castillane, dofia Sol sus
cite trois désirs, tournant autour de
ce
soleil : un astre noir promis à l'illumi
nation, le roi
; un astre éclatant et som
bre
à la fois, destiné à la transfigura
tion, Hernani;
un astre éteint, brûlant
encore de son passé, agent
de la fata
lité, Ruy Gomez.
Trois modalités
du
mal imbriqué dans la grandeur, trois
figures de l'héroïsme passé, présent ou
à venir.
Le conflit entre le monarque et
l'honneur nobiliaire et celui opposant
jeunesse et vieillesse redoublent l'anti
thèse
du roi et du bandit.
Le drame met
en scène la conversion de don Carlos aux
valeurs d'Hernani, désarmant le
complot et unissant les jeunes.
Cet
ordre retrouvé renvoie le vieillard à
sa jalousie destructrice, dégradation
parallèle
à l'ascension du roi et à la
reconquête provisoire, illusoire, de son
identité par le héros.
Mort sublime des
époux restés purs, mort
du cœur glacé :
élévation
et descente aux enfers qui
laissent le champ libre
au soleil de la
maison d'Autriche, triomphe de l'His
toire sur l'individu héroïque
et sur le
couple impossible.
Psychologie parfois élémentaire, arti
fices techniques, circulation des ob
jets, importance du décor, minutieuse
ment décrit en de longues didascalies,
comme les jeux de scène et les expres
sions des personnages,
tout relève
d'une visualisation spectaculaire.
La.
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