Henry JAMES : Le Tour d'écrou

« lllustration J.

Simon "Histoire de fan­ tômes donc, ou de fantasmes ? écrit dans son introduc­ tion Monique Nemer qui a traduit le livre.

La c ritique depuis près d'un siècle en dispute âprement." "Er si, ajoute-r-elle , la question était vaine ? Si , pré cisé­ ment le "deuxième tour d'é crou" an­ noncé par le narra­ teur (.

..

) était d'abord le vertige qu 'impose James au lecteur , sommé de lire dans l'histoire simultanément les deux sens?" Le livre D'odieux revenants L e décor semble tout à fait rassurant : un manoir anglais campagnard entouré d'un parc.

C'est là que débarque une jeune gouvernante anglaise, tout ju.ste sortie d'un presby­ tère où elle a reçu la plus sévère des éducations.

Le proprié­ taire des lieux , un homme particulièrement séduisant, vit à Londres et a chargé la jeune fille de s'occuper de deux orphe­ lins , J'aîné Miles et sa cadette Flora, dont il est le tuteur.

Les deux enfants sont d'une beauté et d'une gentillesse exquises et la nouvelle venue ne comprend pas pourquoi Miles a été renvoyé de son collège.

Elle n'arrive pas à savoir non plus de quoi est morte la gouvernante qui l'a précédée auprès des orphelins.

Parmi les domestiques, seule Mrs Grose, une brave femme toute simple chargée de l' intendance , lui inspire confiance et devient sa confidente.

Quelques détails inquiétants viennent vite gâcher l 'apparente quiétude de cette demeure et de son parc.

La jeune gouver­ nante a d'étranges apparitions : elle voit surgir, par instants, un couple de domestiques qu'elle n'a pas connus, réputés pour leur dépravation, et décédés quelque temps auparavant.

La gouvernante est convaincue que ces revenants sont là pour prendre possession des deux enfants et les corrompre.

Elle pense que ses deux petits protégés sont déjà sous influence et tente désespérément de les arracher à leur envoûtement.

Mais Flo tombe malade et le garçon meurt dans ses bras.

Fantômes ou fantasmes ·? T ou te 1 'h istoire est racontée à la première personne par la jeune gouvernante.

Le lecteur se laisse ainsi prendre à un récit qui est peut-être le fruit de l'imagination maladive d'une jeune exa ltée.

L'énigme est bien là, mais J'auteur se garde de nous en donner la clé.

Il semble au contraire prendre plaisir à nous dérouter, en multipliant les situations ambiguës, les jeux de miroirs , les silences .

N 'est certaine que 1 'ango isse qui rôde dans ce manoir et nous conduit peu à peu à la tragédie finale.. »