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Henri LEFEBVRE 1901-1991 La Somme et le Reste

Publié le 01/04/2015

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A son voisinage rôde la folie : l'aliénation passionnelle, celle de la solitude, ou du renoncement à ce qui n'est pas lui.

 

Il vous saisit, il vous prend, il ruse avec vous pour vous saisir.

 

Et vous rusez avec lui pour vous reprendre...

 

Ce moment ne vient pas par miracle dans l'histoire de votre vie.

 

Il se propose, se mûrit lui aussi, avec ou sans votre complicité.

 

Il se constitue en prenant ses éléments et ses matériaux où il peut : dans le plaisir et la souffrance, dans l'amitié et la solitude, dans la vie du groupe familial et dans la vie hors du groupe.

 

Un peu au hasard s'assemblent les branchages que ce feu va brûler et consumer.

 

Une des contradictions, la première que j'ai vécue avec intensité, et qui ne me semble pas personnelle, mais avoir un sens général (philosophique ?), c'est la difficulté de prendre simultanément auprès d'une femme l'attitude érotique et l'attitude éthique.

 

Je crois que leur double exigence, et la difficulté de les assumer simultanément, fait partie de ce trouble infiniment profond qui se nomme passion.

 

L'apport de Lefebvre à une théorie de la présence sera poursuivi dans plusieurs ouvrages ultérieurs (comme La Présence et l'Absence ou Qu'est-ce que penser ?).

 

La Somme et le Reste inscrit l'autobiographie comme forme du travail philosophique.

 

il ne peut pas ne pas intercaler des fragments de réalité plus large : portraits, descriptions.

 

L'autobiographie, devenue genre littéraire, court le risque de toute littérature : confondre la conscience actuelle avec des situations autrefois vécues dans leurs incertitudes, projeter sur l'accomplissement la conscience de l'accompli, du passé-dépassé, depuis lors acquise et conquise.

 

Dans l'autobiographie comme dans le récit romanesque et dans l'histoire, plusieurs temps, plusieurs consciences interfèrent et s'enchevêtrent : le temps du vécu et celui de la connaissance, le temps de l'incertitude et celui de la certitude, le temps du raconté et celui du conteur et celui du lecteur.

 

« 382 • Henri Lefebvre officiel » du Parti communiste français au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il se démarque en fait, nettement, dans son travail quotidien de philosophe, du style stalinien alors en vogue.

Lefebvre n'est pas du tout à l'aise dans le parti.

Il s'intéresse à des thèmes non orthodoxes.

Par exemple, il fait paraître, en 1947, une Critique de la vie quotidienne, qui n'est pas du goût de ceux qui pensent que le marxisme est d'abord une redite de ce qu'a fait Marx.

Car Lefebvre voit dans Marx, avant tout, l'inventeur d'une méthode d'analyse qu'il convient de reprendre pour aborder des problèmes actuels.

Penser le monde moderne est sa préoccupa­ tion.

Or, l'un des problèmes centraux des années 1950, c'est le marxisme lui-même qui s'est institutionnalisé et qui se présente comme une vulgate.

La parution, en 1956, du rapport Khrou­ chtchev sur les excès du stalinisme n'est pas l'occasion d'une autocritique du Parti communiste français.

Bien au contraire, celui-ci refuse de le lire et affirme que c'est un faux, produit par les services secrets américains.

Lefebvre a lu ce rapport à Berlin.

Il entre en conflit avec les dirigeants du parti.

Ceux-ci l'en excluent.

Lefebvre se distancie donc du parti et écrit La Somme et le Reste qui se veut un bilan très personnel de son itinéraire philosophique et politique.

Reprenant toutes les grandes étapes de son cheminement, il révèle combien le parti l'a empêché de penser.

Violemment critiqué, dès sa sortie, par les tenants du marxisme «officiel» comme une «somme de l'anticommu­ nisme » (Lucien Sève, La Différence, de Lénine à la « Somme et le Reste» d'Henri Lefebvre, 1960), cet ouvrage a été salué comme incontournable par le reste de la critique.

Aujourd'hui, l'effondrement du communisme a amené les marxistes officiels à réévaluer l'importance de ce texte.

A l'occasion d'un colloque qui s'est tenu en juin 1994 à Saint-Denis, Lucien Sève lui-même exprimait son regret d'avoir critiqué injustement cet ouvrage et son auteur.

Pour nous, ce livre apparaît comme un modèle de l' autobio­ graphie philosophique écrite avec rigueur, qui s'efforce de. »

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