HENRI BERGSON : L'EVOLUTION CREATRICE (Résumé & Analyse)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
pour refaire une autre individualité.
Mais l'être vivant se caractérise également par le vieillissement :« De haut en bas de l'échelle des êtres vivants, si je passe d'un des plus différenciés à l'un des moins différenciés,de l'organisme pluricellulaire de l'homme à l'organisme unicellulaire, je retrouve, dans cette même cellule, le mêmeprocessus de vieillissement.
»Partout où quelque chose vit, il existe un registre où le temps s'inscrit.
Au niveau de l'individu, le vieillissemententraîne une dégradation, une perte (des cellules), mais en même temps une accumulation (d'histoire).Bergson aborde la question du transformisme et des manières de l'interpréter.
Il accepte qu'à un certain moment, encertains points de l'espace, un courant bien visible a pris naissance :« Ce courant de vie, traversant les corps qu'il a organisés tour à tour, passant de génération en génération, s'estdivisé entre lesespèces et éparpillé entre les individus sans rien perdre de sa force, s'intensifiant plutôt à mesure qu'il avançait.
»Il étudie le mécanisme radical : biologie et physico-chimie.
Après avoir analysé en détail les positions de ce courant,il montre qu'il tend à trop privilégier la structure et sous-estime entièrement le temps.
Dans cette théorie, « letemps est dépourvu d'efficace, et, du moment qu'il ne fait tien, il n'est rien ».
Mais dans le finalisme radical, biologieet philosophie sont abordées de manière également contestable.
Chez Leibniz, par exemple, l'évolution réaliserait unprogramme tout tracé.
Pour Bergson, ce type de finalisme n'est qu'un «mécanisme à rebours ».
Tout est déjà donné.Or, dans la vie, il y a du non-prévu.
Mécanisme et finalisme ne sont donc ici que des vues extérieures prises sur notre conduite.
Ils en extraientl'intellectualité.
Mais notre conduite glisse entre les deux et s'étend beaucoup plus loin.
»
Bergson recherche un critère d'évaluation.
Il examine les diverses théories transformistes sur un exemple particulier.Il analyse « la variation insensible » chez Darwin, « la variation brusque » chez De Vries, l'orthogénèse d'Eimer ouencore « l'hérédité de l'acquis » chez les néo-lamarckiens.Le résultat de la discussion est le suivant : l'évolution repose sur un élan originel, l'élan vital, qui procède pardissociation et dédoublement.
La vie peut arriver à la vision par plusieurs solutions, mais il est clair que celles-cisont les réponses à un problème posé : le vivant doit voir pour saisir ses possibilités d'action vers l'action :
« Au fond de notre étonnement il y a toujours cette idée qu'une partie seulement de cet ordre aurait pu êtreréalisée, que sa réalisation complète est une espèce de grâce.
»Et encore : « La vie est une tendance à agir sur la matièrebrute.
» Le sens de cette action n'est sans doute pas prédéterminé : de là, « l'imprévisible variété des formes que lavie, en évoluant, sème sur son chemin.
Mais cette action présente toujours [...] le caractère de la contingence.
»
II.
Les directions divergentes de l'évolution de la vie, torpeur, intelligence, instinct
Pour rendre compte des directions divergentes de l'évolution, l'adaptation n'est pas un principe explicatif suffisant :
« La vérité est que l'adaptation explique les sinuosités du mouvement évolutif mais non pas les directions généralesdu mouvement, encore moins le mouvement lui-même.
»L'idée du développement d'un plan préexistant non plus : « Un plan est un terme assigné à un travail ; il clôt l'avenirdont il dessine la forme.
Devant l'évolution de la vie, au contraire, les portes de l'avenir restent grandes ouvertes.
»Seuls, l'élan vital et l'énergie permettent de comprendre pourquoi la vie se sépare en animal et végétal.
Dans leurnature, ils ne sont pas différents.
« La différence est dans les proportions.
Mais cette différence de proportionsuffira à définir le groupe où elle se rencontre...
En un mot, le groupe ne se définira plus par la possession decertains caractères, mais par sa tendance à les accentuer.
» Par exemple, le système nerveux animal etl'assimilation chlorophyllienne végétale sont deux réponses différentes au même problème de l'accumulation et de lareproduction de l'énergie.Bergson tente de définir le schéma de la vie animale.
C'est, pour lui, un organisme supérieur qui est constitué d'unsystème sensori-moteur installé sur des appareils de digestion, de respiration, de circulation, de sécrétion, etc., quiont pour rôle de l'entretenir et de lui passer de l'énergie potentielle à convertir en mouvement de locomotion :« A mesure que l'activité nerveuse a émergé de la masse protoplasmique où elle était noyée, elle a dû appelerautour d'elle des activités de tout genre sur lesquelles s'appuyer : celles-ci ne pouvaient se développer que surd'autres activités, qui en impliquaient d'autres encore, indéfiniment.
»
Ce furent les appareils de digestion, de respiration, de circulation, de sécrétion, etc.
La structure de la vie est unedialectique entre la vie en général et les formes particulières qu'elle prend, entre l'élan créateur de la vie et l'inertiede la matérialité qu'elle se donne dans des formes fixées.
Torpeur végétative, instinct et intelligence cohabitentdans l'évolution.
Ils ne s'agencent pas dans une suite ordonnée.
Il y a des retours en arrière.
Depuis Aristote, lesphilosophies de la nature ont eu tort
« de voir dans la vie végétative, dans la vie instinctive et dans la vie raisonnable trois degrés successifs d'unemême tendance qui se développe, alors que ce sont trois directions divergentes d'une activité qui s'est scindée engrandissant
L'instinct, immédiat et sûr, est incapable de résoudre les problèmes neufs que l'intelligence peut traiter avec unecapacité étonnante d'adaptation : « L'instinct achevé est une faculté d'utiliser et même de construire desinstruments organisés ; l'intelligence achevée est la faculté de fabriquer et d'employer des instruments inorganisés.» La conscience du vivant est liée à la capacité de distance par rapport à l'action immédiate : « Elle mesure l'écart.
»
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