Henri BERGSON 1859-1941 L'Evolution créatrice (analyse)
Publié le 01/04/2015
Extrait du document
Le philosophe est obligé d'abandonner l'intuition une fois qu'il en a reçu l'élan, et de se fier à lui-même pour continuer le mouvement, en poussant maintenant les concepts les uns derrière les autres.
Cette définition montre la coupure radicale qu'il peut y avoir entre l'animal le plus intelligent et l'homme.
Tous les vivants se tiennent, et tous cèdent à la formidable poussée...
L'humanité entière, dans l'espace et dans le temps, est une immense armée qui galope à côté de chacun de nous, en avant et en arrière de nous, dans une charge entraînante capable de culbuter toutes les résistances et de franchir bien des obstacles, même peut-être la mort.
Bergson dénonce l'illusion par laquelle nous allons du vide au plein, du désordre à l'ordre, du néant à l'être.
L'idée du néant, en tant qu'abolition de tout, est absurde, comme le serait l'idée d'un cercle carré.
Bergson va même aller plus loin et dire qu'il y a un plus, et non pas un moins, dans l'idée d'un objet conçu comme n'existant pas car l'idée de l'objet «n'existant pas« est nécessairement l'idée de l'objet existant, avec, en plus, «la représentation d'une exclusion de cet objet par la réalité actuelle prise en bloc«.
La négation diffère de l'affirmation par le fait qu'elle est une affirmation de second degré : «elle affirme quelque chose d'une affirmation qui, elle, affirme quelque chose d'un objet«.
Si je dis qu'une table n'est pas blanche, je me situe par rapport à une affirmation que je conteste, à savoir «la table est blanche«.
Toute négation se construit à partir d'une affirmation.
II n'y a donc pas de vide.
Si l'on accepte le principe du changement continuel qui a été posé dans le premier chapitre, ce qui est réel, c'est le changement continuel de forme.
Dans ce cas, «la forme n'est qu'un instantané pris dans une transition«.
Notre perception solidifie en images discontinues le flux du changement.
Nous construisons des images «moyennes« qui nous permettent de suivre accroissement ou diminution de la réalité que nous voulons concevoir.
La connaissance porte donc davantage sur des formes stables (un état) que sur le changement lui-même.
Le mécanisme de notre connaissance ressemble au cinéma (juxtaposition d'images qui donne à voir le mouvement).
A partir de cette analyse, Bergson reprend toute l'histoire de la philosophie des Eléates à Spencer pour montrer comment le temps a été dévalorisé par les philosophes.
Galilée et Kepler ont introduit le temps dans l'analyse du mouvement des planètes.
Ils s'intéressent à des relations entre les choses.
Mais, ajoute Bergson, «si la physique moderne se distingue de l'ancienne en ce qu'elle considère n'importe quel moment du temps, elle repose tout entière sur une substitution du temps-longueur au temps invention«.
Bergson voit la nécessité d'un autre rapport au temps qui se crée.
Cet autre rapport permettrait d «étreindre« l'être, ce que n'a pas réussi à faire Spencer, car lui a reconstitué «l'évolution avec des fragments de l'évolué«.
«
300 • Henri Bergson
sée: la thèse de 1889 sur Les Données immédiates de la
conscience, Matière et Mémoire
(1896), L'Evolution créatrice
(1907) qui eut un vrai succès et enfin Les Deux sources de la
morale
et de la religion (1932).
Dans
L'Evolution créatrice, Bergson articule tous les thèmes
principaux de sa philosophie.
C'est pourquoi nous avons fait,
ici, le choix de ce livre.
Résumé
Après une introduction qui en explique la perspective,
1' ouvrage se divise en quatre chapitres.
Nous allons exposer le
contenu de
L'Evolution créatrice en reprenant ce plan.
Introduction
Penser la durée renvoie à l'évolution.
Penser l'esprit renvoie
à la vie.
Rompant avec le
Je pense, donc je suis de Descartes,
Bergson conçoit l'intelligence comme
un produit de la vie.
Il
explique la conscience de la vie par la vie elle-même.
Opposant
mécanisme et finalité,
il montre qu'il n'y a de vraie finalité
qu' externe, que mécanisme et Jinalisme radicaux sont faux :
« Une théorie de la vie qui ne s'accompagne pas d'une critique
de la connaissance est obligée d'accepter; tels quels, les
concepts
que l'entendement met à sa disposition : elle ne peut
qu'enfermer
les faits, de gré ou de force, dans des cadres
préexistants qu'elle considère comme définitifs.
Elle obtient
ainsi
un symbolisme commode, nécessaire même peut-être à la
science positive, mais non pas une vision directe de son objet.
D'autre part, une théorie
de la connaissance, qui ne replace
pas l'intelligence dans l'évolution générale
de la vie, ne nous.
»
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