Heimito von DODERER : Les Démons

« Hcimito von Dodcrer.

Photo D .R .

Le titre du ro man de H eim ito von Dode­ rer est un h ommage à l'écri vain russe D os­ t oïevski, dont un ro­ man (connu en fran­ çais sous le titre Les Possédés) port e en russe le titre Les Dé­ mon s.

Le livre Chronique de la vie viennoise G eyrenhoff , haut fonctionnaire viennois à la retraite , entre­ prend de rédiger la chronique des événement s ayant eu lieu entre l 'automne 1926 et le 15 juillet 1927, date symbolique , puisqu 'elle correspo nd à l' incendie du palais de justice de la ville par les sociaux-démocrates.

Pour mener à bien cette tâche déme surée, Geyrenhoff sollicite 1' aide d'un ami historien , Ren é von Stangeler .

Mai s il lui apparaît trè s vite que leur effort commun ne peut suffire à embr asser dan s toute leur comp lexité le s rel ations qui se font et se défont dans leur entourage.

Or, ce qu 'il n'a pu voir , d 'autres l'ont peut-être vu.

Aus si, Geyrenhoff fait appel à une série de rapporteurs afin de cerner autant que faire se peut la riche sse infinie du monde qu' il entend décrire.

Son roman devient alors un gigantesque chantier collectif où se mê lent les vies de plu s de deux cen ts personnages.

En compagnie du baron von Eufeld , on visite les estaminet s les plus recherchés et les plu s décadents de la ville, on vit l'amour aux côtés du jeune Léonard , simp le ouvrier d'imprimerie, on prend part au consei l de famille qui discute de l'opportunité pour Grete Siebenschein d 'épouser René von Stangeler , intellectuel brillant, certes , mais homme sa ns avenir.

La conscience du romancier face à la complexité des événements H eimito von Doderer rend ici un hommage indirect à ses illustres contempora ins, Herm ann Broch et Robert Musil.

La comp lexité de la technique romanesque est à la me sure du s u jet : 1 'atomisation du réel à laquelle conduit 1' hypertrophie de l a conscience.

L 'ég arement que res sentira d 'abord le lecteur face à des événem ents en surnon .bre réglés par une log iqu e subtil e, o ù le hasard déjoue systématiquement les certitudes , diminue progre ssivement, conformément à la volonté de l'auteur.

Des événements disparates se recouperont peu à peu , pour donner lieu , à la fin du ro man , à une unité rela tive : un e série de mari ages au niveau de 1 'histoire privée, un déchaînement de haine po litique au niveau de l'histoire co llective.. »