Heidi de Johanna Spyri
Publié le 06/04/2013
Extrait du document
Heidi a connu, et connaît encore, un véritable succès populaire ; Johanna Spyri (1829-1901), première romancière suisse de langue allemande, a écrit quatre autres ouvrages dont chacun retrace une étape de l'existence de Heidi: la fin de son enfance, sa vie de jeune fille, puis de mère de famille et finalement de grand-mère. Les diverses adaptations pour le cinéma (dont une de Luigi Comencini, en 1952) et la télévision sont autant de preuves de sa réussite...
«
« La vue du saucisson
avait à ce point
bouleversé le Peter,
qu'il en garda la
bouche ouverte.
,.
~------- EXTRAITS
Les joies simples de la montagne
Le soir arriva.
Un vent très fort se mit à
souffler avec une puissance telle qu'on
l'entendait bruire
et gémir à travers les
cimes des vieux sapins.
Ce bruit fit si grand
plaisir à l'enfant qu'elle se mit à sauter et à
gambader de joie.
Le
grand-père, debout
devant la porte de
l'étable ,
la regardait
s 'ébattre .
Un coup
de
sifflet strident
retentit, la fillette
arrêta ses bonds ;
les chèvres redescen- regarder
la couleur du ciel,
voir si le soleil
éclairait déjà les hauteurs et si les petites
fleurs avaient aussi ouvert leurs yeux.
Heidi
était exactement comme un oiseau dans une
belle cage dorée qui essayerait de voler
dans l'azur bleu.
Après avoir constaté que
tous ses efforts pour apercevoir les alentours
de
la maison étaient restés vains, elle réflé
chit à
la façon dont elle pourrait sortir de la
maison
pour aller contempler la prairie.
Mais, pour autant que ses souvenirs fussent
exacts,
il lui semblait bien que la veille elle
n 'avait marché que
sur des pierres avant
d 'entrer dans cette belle maison.
daient pêle-mêle du
Heidi a le mal du pays
haut des montagnes, -Malade, nerveuse, mal du pays , tout ceci
et Pierre
le chevrier dans ma maison, sans que personne ne l'ait
se tenait au milieu ni vu ni
su.
Et tu penses, docteur, que je vais
d 'elles.
Heidi pous-renvoyer une enfant qui est arrivée fraîche
sa un cri de conten- chez moi, dans
l'état
tement et salua ses où tu me la décris.
amis
du matin.
Arrivé Non, non, prends-la
près du chalet, le en main, fais-lui faire
troupeau devint plus une cure, rends-lui la
tranquille.
Deux belles chèvres, une blanche santé
et, ensuite, si elle
et une brune, sortirent des rangs, s'élan- le veut, elle pourra
cèrent vers le grand-père et lui léchèrent les s'en aller.
mains, car elles savaient que chaque soir le -Mon cher Gérard,
vieillard les attendait avec un peu de sel.
répliqua le docteur
Pierre continua sa descente vers
Dorfii avec avec le plus grand
son joyeux troupeau.
sérieux,
la maladie de
Heidi.folle de joie, caressait les deux jolies cette enfant ne peut
bêtes et sautait de l'une à l'autre.
• pas guérir avec des
Le premier réveil en ville
pilules et des poudres.
Ce n'est
pas une na
ture vigoureuse ; si tu
ne la renvoies pas sur
ses montagnes, où
là
Elle sauta de son lit, s'habilla, alla d'une
fenêtre à l'autre pour voir le ciel et
la terre.
Derrière ces rideaux blancs, elle se sentait
comme un oiseau dans une cage.
De tous
côtés , elle ne voyait que les murs des
maisons voisines.
Il était encore tôt
le matin.
En effet, elle s'était habituée, sur l'alpe, à
se lever de très bonne heure ; elle descendit
immédiatement
sur le seuil de la porte bas
seulement elle peut guérir, cette enfant
est perdue.
Tu ne veux pas la rendre
incurable à son grand-père.
Traduction de
Charles Tritten
«Un curieux cortège
gravissait la montagne,
on n'en avait jamais
vu de pareil.
,.
NOTES DE L'EDITEUR
« Aux divers séjours dans les Grisons,
où Johanna a vécu ses plus beaux jours
d'ardeur juvénile, se rattache une bonne
partie de sa gloire littéraire , et, en
particulier, la conception de son chef-
d' œuvre, Heidi, dont l'idée lui vint au
cours
d'une visite à une amie, à Jenins, où
elle put observer des enfants qui, chaque
jour, descendaient de la montagne pour se
rendre à l'école.
Les
frais parfums qui embaument cette
histoire et le brillant éclat qui l'illumine ne
procèdent-ils pas de ces radieux souvenirs
de jeunesse ?
"Je veux, comme en un
miroir, retrouver mon image en ces jours
d'autrefois.
-Vous pouvez
m'en croire,
m'écrivit une amie de jeunesse de Johanna
Spyri, ce qu'il y a de joie et de vigueur, de
fraîcheur et d'originalité impérissable dans
les œuvres de Johanna
Spyri dérive en
bonne partie des souvenirs que lui ont
laissés ses séjours dans les Grisons.
Elle y a,
dans la suite, puisé infatigablement,
pour sa plus grande joie et pour celle
d'autrui ; car
l' Art est joyeux.
" ( . ..
) Cette
nature si simple, ces fleurs, ces arbres, ces
animaux, les soupirs de la brise et les
splendeurs des couchers de soleil que son
âme enfantine aimait inconsciemment, elle
s 'appliquait à en bien saisir et analyser les
charmes, à en imprégner sa mémoire, à y
graver en traits ineffaçables les coins et
recoins idylliques.
» Hedwige Bleuler
Waser,
La Femme suisse, 1913.
l Verlag Pa ul Haupt, B erne, 1982 2, 3, 4, 5 dessins de T.
Ungerer, Diogenes Verlag AG, Zurich, 1978 /D .R .
SPYRl 02.
»
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