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HASARD (Un), de Mallarmé

Publié le 23/02/2019

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HASARD (Un), poème de Mallarmé, publié en mai 1897 dans la revue internationale Cosmopolis. Le projet d'une édition avec des planches d'Odilon Redon, caressé à la fin de la vie du poète, ne verra jamais le jour, et l'œuvre ne paraîtra à nouveau qu'en 1914 dans la Nouvelle Revue française. Œuvre marginale, en tout cas unique, le Coup de dés constitue l'« idéal du poème-grimoire » réservé aux initiés. « Ne trouvez-vous pas que c'est un acte de démence ? » demanda Mallarmé à Valéry avant de définir son propos dans une préface quelque peu réticente, où il évoque une entreprise qui excède les limites du pur domaine des « Lettres », sinon de la poésie. Car l'« influence » majeure est celle de « la Musique » et le poème devient symphonie ( « de cet emploi à nu de la pensée avec retraits, prolongements, fuites, ou son dessin même, résulte, pour qui veut lire à haute voix, une partition »). Ainsi la voix même est sollicitée, guidée par la hauteur des mots, ou plutôt des notes verbales lovées sur une portée. L'ambition n'était pas mince de vouloir créer un genre nouveau, à la manière du vers libre ou du poème en prose, avec en outre cette violence du mouvement, accéléré ou ralenti par les différents corps des caractères typographiques employés et par la pagination. Et l'image du naufrage (« Jamais un coup de dés quand bien même lancé dans des circonstances étemelles du fond d'un naufrage... »), le mât penché du navire soulignent l'importance du rythme, de la ligne brisée et mouvante qui se crée comme la vague. L'accent est alors mis sur la matérialité du texte ; la typographie à laquelle Mallarmé apporta une attention extrême, l'ordonnance stricte du poème, la page (et non plus le vers) promue au rang d'unité : voilà l’épaisseur du livre doublant celle de l'univers. Mais, au-dessus de la tempête resplendit l’étoile statique (« Rien n’aura eu lieu que le lieu, excepté peut-être une constellation... »), le ciel muet où se déploie le drame dans « quelque mise en scène spirituelle exacte ». Si le Coup de dés participe de la musique, il possède donc

« aussi un éclat théâtral à cause de cette pagination qui impose l'épaisseur tangi­ ble de la feuille et « où est tout l'effet >>.

Surto ut, le silence devient élément perti­ nent.

au même titre que l'ellipse.

fré­ quente chez Mallarmé et bien repérable ici où « tout se passe.

par raccourci, en hypothèse ».

On a insisté sur le miroite­ ment, les reflets et la surface (ainsi Valéry sut voir « la figure d'une pensée pour la première fois placée dans notre espace »), sans reconnaltre la valeur du silence que ce dernier implique : l'espace au nivea u de la page, le silence au niveau de la voix.

Et pourtant :. »

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