Harmonies poétiques et religieuses, recueil poétique de Lamartine
Publié le 19/01/2019
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Harmonies poétiques et religieuses, recueil poétique de Lamartine (1830) qui rassemble une cinquantaine de pièces réparties en 4 livres. Quatre étapes principales rythment l'élaboration de cette œuvre : de février 1826 à février 1827, Lamartine exhale l'élan vers Dieu que suscitent en lui la beauté et la sérénité des paysages toscans par des chants dont il a voulu faire de véritables « Psaumes modernes » {Invocation, I, 1 ; Hymne du matin, I, 3 ; Hymne du soir dans les temples, I, 8 ; Aux chrétiens dans les temps d'épreuves, I, 6 ; l'Hymne de la nuit, I, 2 ; la Pensée des morts, II, 1 ; Milly, ou la Terre natale, III, 2). Après un an d'interruption, le poète, sur le point de quitter Florence (1828) et ses églises dont « les voûtes chantent d'elles-mêmes », revient à ses « Harmonies sacrées » {l'infini dans les deux, II, 4 ; l'Étemité de la nature, IV, 9) et élabore le long chant qui, plus tard fragmenté, donnera les quatre « Grandes Harmonies » : Jéhovah, ou l'idée de Dieu, II, 8 ; THumanité, II, 10 ; l'idée de Dieu, II, 11 ; le Chêne, II, 9. Mais dès son retour en France, assailli par des soucis matériels, Lamartine perd la sérénité dont il avait joui en Italie : ses nouveaux
poèmes témoignent de cet état d'âme troublé {la Retraite, III, 10 ; la Tristesse, I, 7) mais aussi de l'influence de Lamennais et de Manzoni (août 1828-28 juin 1829). Enfin, à la suite d'un voyage à Paris, où il a repris contact avec les cercles littéraires (Mme Récamier, Chateaubriand, Hugo), sa poésie achève d'évoluer vers des formes plus souples et des réalités plus simples {l'Épître à M. de Sainte-Beuve, III, 6 ; l'Hymne de l'enfanta son réveil, I, 7). Octobre 1829 clôt cette période d'inspiration fervente : en proie, malgré son élection à l'Académie française, à une crise morale due à l'approche de la quarantaine, au pressentiment d'une révolution imminente et à la mort de sa mère, il écrit Job, poème de l'inquiétude, du regret et du doute, qui sera finalement intitulé Novissima Verba ou Mon âme est triste jusqu'à la mort. L'ouvrage, dont il corrige les épreuves, le laisse insatisfait ; et dans son Avertissement, il reconnaît des « imperfections de style » ( « ce que l'on sent fortement s'écrit vite »). Lamartine destinait ses vers à « un petit nombre » : « des âmes méditatives » et « des cœurs brisés par la douleur ». Or ils suscitèrent à leur publication une louange quasi unanime : entre deux révolutions, le siècle n'était pas encore tout acquis à l'idée de progrès et Dieu n'était pas encore tout à fait mort.
«
fait que clamer à celui qui sait y lire la
louange
du C réat eur .
Le cosmos est
un langag e:
6 nuits, déroulez en silence Les pages du livre des cieux ! ("Hymne de la nuit")
La poésie n'est donc jamais une fin
en soi mais le signe extérieur et impar
fait d'une ferveur intime,
seu1e vérita
blement essentielle.
Un cœur pur et
une vie simple sont
un hymne suffi
sant.
La po.és~e est éloge indirect d'un
modèle d'existence qui est à lui seul
une louange.
Nous sommes donc
en
présence d'un discours qui fait l'apolo
gie du silence.
Si, néanmoins, la poésie se justifie,
c'est dans la mesure où, par la commu
nication
d'une ferveur, elle cherc he à
fondre les cœurs dans l' un ité de cette
é motion .
Elle est une incitati on à la
communion des hommes.
Cette qua
lité d'émotion,
il serait vain de la refu
ser aux
Harmonies en remarquant des
références mythologiques trop nom
breuses ou des
op tions idéologiques
désuètes.
Il y a incontestablement dans
de très nombreux textes
un ton qui ne
peut laisser insensible.
Si le langage poétique est insuffisant,
la nature elle-même l'est aussi pour
une conscience qui tend au dépasse
ment du temporel et du sensible · ( « Que
te s temples, Seigneur, sont étroits pour
mon âme ! » ).
En effet, ni les astres ni
l 'homme
«ne peuvent achever son
Nom».
Cette aspiration mystique n'est
plus l'élan vers l'infini de René (voir
*René) ou des Méditations poétiques.
Si la
nature, dans son immensité ouverte,
· est louange mouvante de Dieu, le tem
ple clos, la lampe
du sanctuaire cachée
dans l'ombr e renvoient e
nc ore à cette
ouverture
que constitue la ferveur.
L'âme
n'est pas un e intériorité close,
mais son caractère le plus intime a
vocation d'ouverture
et d'effusion.
Cette
effusion alterne avec le recueille
ment et lui répond.
La tombe fermée
de la mère nous renvoie
à Dieu.
Au
germe qui se déploie, à la source qui
devient fleuve répondent les images
du resserrement dans la terre, la tombe,
l'obscurité, l'intimité du cœur.
A l'aspi
ration mystique répond l'insistance
d
es titres sur le temps humain : sai
sons, moments cruciaux
du jour ou de
la vie.
Ainsi peuvent
se multiplier les
images de l'écho (le terme lui-même
est très fréquemment utilisé).
Partout,
au cœur même de l'obscur , le poète
perçoit un chant de louange, repris par
l'univers entier.
Pour le comprendre,
apprenons
à lire dans le monde et en nous~mêmes :
Ah ! l'homme est le livre suprême ! Dans les fibres de son cœur même Lisez.
mortels : il est un Dieu.
On n e saurait reprocher à Lamartine
son inspirat ion purement religieuse.
A
travers les imageries d'un monde
patriarcal, pieux, paisible qui traverse
les Harmonies, dans cette poésie du
souvenir et de l'enfance ("Milly") qui
apparaît en d'admirables passages,
il
faut ressentir l'œuvre comme une vaste
prière, une aspiration fervente au
dépassement de la violence
et non
comme les rêveries faciles d'un idéa
lisme de pensionnat..
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