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Harmonies poétiques et religieuses. Recueil poétique d'Alphonse de Lamartine (analyse détaillée)

Publié le 22/10/2018

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Harmonies poétiques et religieuses. Recueil poétique d'Alphonse de Lamartine (1790-1869), publié à Paris chez Gosselin en 1830.

Dans le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold, Lamartine opposait à l'amour, sentiment du moi pur, la liberté du peuple, seul objet digne, désormais, pour le poète. En fait, il va montrer qu'il est, bien plus qu'un chantre de la liberté, un poète de l'effusion lyrique.

 

On pouvait croire qu'il resterait l'homme d'un seul livre. Lorsqu'il arrive à Florence en 1825, comme diplomate, il ignore encore qu'il va réaliser, dans cette Toscane qu'il quittera en 1828, Tune de ses oeuvres poétiques les plus importantes, les Harmonies poétiques et religieuses.

Dans une lettre à Mme de Raigecourt, il annonce dès 1826 qu'il s'agira de « poésies purement et simplement religieuses ». L'ouvrage semble en effet un hymne au Créateur. Pourtant le ton n’est pas uniforme : plusieurs textes écrits après le retour d'Italie sont plus angoissés ou nostalgiques (\"Premier Regret\", \"Novissima Verba\"...). Mais que la poésie s'élève vers la méditation ou qu'elle ait un ton familier ou douloureux, elle reste toujours pénétrée de foi. L'unité du recueil n'est jamais altérée. Les Harmonies, divisées en quatre livres d'une dizaine de poèmes chacun, contiennent sans doute les textes les plus travaillés de Lamartine.

Poésie de l'hymne tout d'abord : l'épigraphe, empruntée au Psalmiste, confirme déjà l'orientation générique : « Cantate Domino canticum novum. » Ces chants nouveaux s'inscrivent dans une tradition et tentent de renouveler la célébration, l'adoration et l'expression de la joie du croyant. Les titres ensuite confirment le genre choisi (\"Hymne du matin\", “Hymne de la nuit\", \"Hymne du soir\"...). Dans la louange, c'est le cœur qui doit « résonner comme un temple », dans une effusion intime.

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« fait que clamer à celui qui sait y lire la louange du C réat eur .

Le cosmos est un langag e: 6 nuits, déroulez en silence Les pages du livre des cieux ! ("Hymne de la nuit") La poésie n'est donc jamais une fin en soi mais le signe extérieur et impar­ fait d'une ferveur intime, seu1e vérita­ blement essentielle.

Un cœur pur et une vie simple sont un hymne suffi­ sant.

La po.és~e est éloge indirect d'un modèle d'existence qui est à lui seul une louange.

Nous sommes donc en présence d'un discours qui fait l'apolo ­ gie du silence.

Si, néanmoins, la poésie se justifie, c'est dans la mesure où, par la commu­ nication d'une ferveur, elle cherc he à fondre les cœurs dans l' un ité de cette é motion .

Elle est une incitati on à la communion des hommes.

Cette qua­ lité d'émotion, il serait vain de la refu­ ser aux Harmonies en remarquant des références mythologiques trop nom­ breuses ou des op tions idéologiques désuètes.

Il y a incontestablement dans de très nombreux textes un ton qui ne peut laisser insensible.

Si le langage poétique est insuffisant, la nature elle-même l'est aussi pour une conscience qui tend au dépasse­ ment du temporel et du sensible · ( « Que te s temples, Seigneur, sont étroits pour mon âme ! » ).

En effet, ni les astres ni l 'homme «ne peuvent achever son Nom».

Cette aspiration mystique n'est plus l'élan vers l'infini de René (voir *René) ou des Méditations poétiques.

Si la nature, dans son immensité ouverte, · est louange mouvante de Dieu, le tem­ ple clos, la lampe du sanctuaire cachée dans l'ombr e renvoient e nc ore à cette ouverture que constitue la ferveur.

L'âme n'est pas un e intériorité close, mais son caractère le plus intime a vocation d'ouverture et d'effusion.

Cette effusion alterne avec le recueille­ ment et lui répond.

La tombe fermée de la mère nous renvoie à Dieu.

Au germe qui se déploie, à la source qui devient fleuve répondent les images du resserrement dans la terre, la tombe, l'obscurité, l'intimité du cœur.

A l'aspi­ ration mystique répond l'insistance d es titres sur le temps humain : sai­ sons, moments cruciaux du jour ou de la vie.

Ainsi peuvent se multiplier les images de l'écho (le terme lui-même est très fréquemment utilisé).

Partout, au cœur même de l'obscur , le poète perçoit un chant de louange, repris par l'univers entier.

Pour le comprendre, apprenons à lire dans le monde et en nous~mêmes : Ah ! l'homme est le livre suprême ! Dans les fibres de son cœur même Lisez.

mortels : il est un Dieu.

On n e saurait reprocher à Lamartine son inspirat ion purement religieuse.

A travers les imageries d'un monde patriarcal, pieux, paisible qui traverse les Harmonies, dans cette poésie du souvenir et de l'enfance ("Milly") qui apparaît en d'admirables passages, il faut ressentir l'œuvre comme une vaste prière, une aspiration fervente au dépassement de la violence et non comme les rêveries faciles d'un idéa­ lisme de pensionnat.. »

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