Harmonies poétiques et religieuses de Lamartine
Publié le 09/01/2019
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Harmonies poétiques et religieuses
Dans le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold, Lamartine opposait à l'amour, sentiment du moi pur, la liberté du peuple, seul objet digne, désormais, pour le poète. En fait, il va montrer qu'il est, bien plus qu'un chantre de la liberté, un poète de l'effusion lyrique.
On pouvait croire qu’il resterait l’homme d’un seul livre. Lorsqu’il arrive à Florence en 1825, comme diplomate, il ignore encore qu’il va réaliser, dans cette Toscane qu’il quittera en 1828, l’une de ses œuvres poétiques les plus importantes, les Harmonies poétiques et religieuses, dont la première édition paraît en 1830.
Dans une lettre à Mme de Raigecourt, il annonce dès 1826 qu’il s’agira de « poésies purement et simplement religieuses ». L'ouvrage semble en effet un hymne au Créateur. Pourtant le ton n’est pas uniforme : plusieurs textes écrits après le retour d’Italie sont plus angoissés ou nostalgiques (« Premier Regret », « Novissima
verba »...). Mais que la poésie s’élève vers la méditation ou qu'elle ait un ton familier ou douloureux, elle reste toujours pénétrée de foi. L’unité du recueil n’est jamais altérée. Les Harmonies, divisées en quatre livres d'une dizaine de poèmes chacun, contiennent sans doute les textes les plus travaillés de Lamartine.
Poésie de l’hymne tout d’abord : les titres suffiraient à l’indiquer (« Hymne du matin », « Hymne de la nuit », « Hymne du soir »...). Dans la louange, c’est le cœur qui doit « résonner comme un temple », dans une effusion intime. Nous retrouvons alors le paradoxe des premières Méditations, car ces effusions du cœur constituent en vérité des « concerts muets ». Il s’agit donc d’exprimer encore une fois par le langage poétique un autre langage, qui le transcende : « Quelque chose en moi soupire [...]/Et mon cœur ne peut parler». Il se dévoile une insuffisance essentielle du langage humain. La poésie n’est que la marque même de cette insuffisance. La parole n’est pas, comme il conviendrait, l'âme elle-même, mais l’« ombre » de l’âme.
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