Guillaume D’Orange (cycle de)

« manuscrits postérieurs, dits « cycli­ ques » parce qu'ils constituent l'his­ toire complète d'un hypothétique Guillaume d'Orange et de son lignage.

Ce personnage aurait eu pour loin­ tain modèle historique· un.

Guillaume devenu comte de Toulouse, qui, pour s'être illustré dans la tutelle politique du jeune roi Louis, fils de Charlema­ gne, et dans la défense des frontières pyrénéennes contre les musulmans, serait vite entré dans la légende sous les traits d'un paladin haut en taille et en couleur, fier pourfendeur de Sarra­ sins et de traîtres en tous genres, trucu­ lent, grand mangeur, buveur, rieur, violent quand il le faut, mais au cœur tendre et fidèle, indéfectiblement atta­ ché à la royauté légitime, même dans les représentations les plus édulcorées de celle-ci.

Avant d'être d'Orange - ce qu'il devient avec l'un de ses plus fameux exploits, la conquête de la ville mérido­ niale d'Orange -le Guillaume littéraire est « Fierebrace, al corb nes 1 al cort nes,, toutes dénominations corres­ pondant à des traits physiques : pour la « fiere brace >> [les bras redoutables] une puissance musculaire exception­ nelle qui lui fait tuer d'un seul coup de poing, parfois involontairement, le premier individu douteux à s'opposer à lui; le nez courbe (« corb »), vite confondu avec le nez court (« cort >>), pourvu d'une bosse, en est une autre caractéristique qui, avec le rire, énorme, risque toujours de le faire reconnaître sous les déguisements mul­ tiples dont il use en même temps que de sa force pour triompher des Sarra­ sins.

Car sa fonction, aussi caractéristi­ que, est la défense du royaume et de la chrétienté contre les païens, en même temps que celle du roi : la geste de Guillaume incarne la fidélité des grands vassaux à leur souverain légi­ time.

Plus de vingt chansons ont été composées sur ce personnage et sur son lignage ; leur ensemble, élaboré à des époques diverses et quelque peu disparate parfois, a pu être appelé, dans une acception large, « cycle de Guil­ laume >>.

Mais le terme de « cycle >> peut, en fait, correspondre à deux réali­ tés différentes selon qu'il est employé dans « cycle de >> ou dans l'adjectif « cyclique >>.

« Cycle de Guillaume » dénomme habituellement la totalité des diverses chansons ayant Guil­ laume, voire l'un de ses parents, comme objet commun de leurs récits respectifs : « cycle de » se confond alors avec« geste de>>; mais toutes ces chan­ sons, composées à des époques parfois très éloignées, ne formaient pas néces­ sairement d'ensemble cohérent; la plupart d'entre elles ont fini par en for­ mer un lorsqu'elles ont été réunies sur un même support manuscrit qui les a ordonnées, voire refaites, à la mesure du nouveau texte visé et qui a été appelé > : on parle ainsi des >, où donc cycle et geste ne coïncident plus que partiellement {par exemple, la Chanson de Guillaume, constituant du « cycle » dans son acception de , ne figure dans aucun des. »