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GRAVITATIONS de JULES SUPERVIELLE ★ résumé & analyse★

Publié le 08/11/2018

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supervielle

GRAVITATIONS de JULES SUPERVIELLE. Poèmes, 1925.

Ce recueil est défini par le triple rapport qui unit l'homme au monde. aux autres, à la mort. Le pluriel du titre est un fil directeur: le désir de trouver une place stable se heurte à la multiplicité des directions. Le sujet cherche à se situer au sein d'un espace (terrestre, maritime, céleste), mais s'il se libère en s'élevant, il connaît un étrange vertige; s'il s'enfouit, il craint l'étouffement ou la pétrification. Dans ce monde, on est mystérieusement déplacé même lorsqu'on est à sa place ; on baigne dans un indéfinissable échec: le normal ne l'est jamais tout à fait et l'extraordinaire est presque normal. La barrière entre vie et mort n'est pas étanche; au mieux, la mort est conçue comme une existence plus légère, afaiblie, qui permet d'espérer trouver un jour Je lieu qui conviendrait, en étant répandu dans le monde. En revanche, l'homme peut être à sa place parmi les siens: ils dressent une barrière protectrice contre le vertige. Quant au poème, il est, en lui-même, un effort pour se situer: tout excès étant dangereux. la fantaisie qui permet de présenter les situations les plus étranges. avec. au plus. une très légère surprise. est le meilleur remède contre l'angoisse. L'homme est chez Supervielle un étranger vivant dans la nostalgie d'une patrie, mais qui sait, modestement, s'installer dans la marge.

★ Supervielle embrasse la totalité de l'espace - aérien et interstellaire dans la section « le Cœur astrologue », terrestre dans « Géologies », mais également marin dans « le Large ». Cependant, à la différence des grandes épopées cosmogoniques de Saint-John Perse - Anabase est paru en 1924 - ou des Cinq Grandes Odes de Claudel, qui célèbrent la splendeur de la Création, l'immensité de ces espaces suscite un « vertige », une angoisse agoraphobe : «Trop d'espace nous étouffe autant que s'il n'y en avait pas assez » (\"À une enfant\").

Le poète côtoie ainsi l'abîme qui le fascine, « pris/dans les rets étoilés », « dévoré de ciel » en même temps qu'il descend « au creux du monde » et « sous les flots ». Les éléments entretiennent d'ailleurs d'étroites correspondances - le ciel, par exemple, est sillonné par d'étranges « équipages » -et, comme dans les Illuminations, les points cardinaux sont inversés, ainsi que l'atteste le grand poème \"47, boulevard Lannes\", qui évoque l'adresse parisienne de Supervielle :

Boulevard Lannes que fais-tu si haut dans l’espace [...] ?

Boulevard Lannes que fais-tu au milieu du ciel [...] ?

supervielle

« GRAVITATIONS.

Recueil poétique de Jules Supervielle (1884-1960), publié à Paris chez Gallimard en 1925 ; réédi­ tion corrigée et définitive en 1932.

Ap rès les vers de jeunesse de Co mme des voiliers, puis Débarcadères (1922), Gravitations, dont certains poèmes remontent à 1923, est le premier grand - et sans doute le plu s impor­ tant - recueil de Superviell e, qui le fit conn aître de Valéry, de Gide, de Pau­ lhan.

À la différence des recueils ulté­ rieurs, la plupart des poèmes de Gravi­ tations n'ont pas été prépubli és en revue- à l'excepti on notable du poème liminaire " le Portrait", paru dan s le Navire d'argent en 1925 et remarqué par Rainer Maria Ril ke, et de quelques au tres textes donnés à la Nouv elle Revue française et au Disque vert.

Le recueil n'en a pas moins été travaill é et cor­ rigé, sous l'influen ce " dasslcisante ,.

d'Etiemb l e, entre l'éditio n de 1925 et cell e, définitive , de 1932.

la composition, « sans intention réelle de clas­ sement» à l'origine, procède de regroupements thématiq ues en neuf parties : « les Colonnes étonnées ».

« Matin s du monde ».

« le Cœur astrolo gue», «Suffit d'une bougie», «le Miroir des morts ».

« le large », « Géologies ».

« Équa · te ur», «Poèmes de Guanamiru ».À l'exception d'« Équateur», qui ne compt e qu'un seu l poème, les sections sont de volume comparable.

Super­ vielle utili se indifféremment le vers régu lier rimé, regroupé en quatra ins ("l'Âme et l'Enf ant'', "Une étoile tire de l'arc"), avec une nette prédilection pour les mètres courts (6/7/8 syllabes), l e verset ("le Portrait", "Apparition", " le Survivant"), le vers libre ("la Table'), associan t le plus souvent les différents vers dans un même poème ("47, boulevard Lannes", "Loi n de l'humaine saison").

Il reco urt même - fa it exceptionnel dans l'en sem ble de sa production poétique - au poème en prose, tels "Ve.rtig e" et "Âge des cavernes" dans « Géologies ».

S upervielle a été profondément mar­ qué par la po ésie de Jules Laforgue, né comme lui à Montevideo ; la thémati­ que, résumée par le titre, procède assu­ rément de la métaphysi que cosmiq ue du Sanglot de la terre, premier recueil,. »

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