Gorgias platon
Publié le 25/11/2013
Extrait du document
«
t L'analyse critique de cette persuasion constitue la première partie de l'œuvre.
Dans un premier temps, Socrate amène Gorgias à reconnaître la possibilité d'un usage
injuste de la rhétorique.
En effet, la rhétorique persuade selon la croyance, et non selon
un véritable savoir.
Elle ne permet donc pas de connaître ce que sont le juste et l'injuste.
t Pour savoir, n'est-ce pas auprès des spécialistes qu'il faut s'informer? Comment
l'orateur le plus persuasif serait-il compétent en médecine comme en architecture, ou
pour organiser une campagne militaire ?
La rhétorique étant un pouvoir de persuasion,
elle peut servir de mauvaises causes, ou l'emporter sur celui qui est vraiment compétent.
t La rhétorique est une technique de combat.
Soucieux de défendre son activité,
Gorgias affirme que
l'on ne doit pas se servir de la rhétorique n'importe comment, pas
plus que la lutte ou l'escrime
n'ont pour but de favoriser les bagarres entre proches.
Les
maîtres transmettent un moyen de se battre dont il faut user de façon légitime, et ils ne
sont pas responsables des usages pervers de leur art.
On peut donc condamner les ora
teurs injustes ou irresponsables, mais cela ne veut pas dire que le maître de rhétorique
est coupable, ni que
l'art de la rhétorique est mauvais.
t La discussion philosophique n'est pas une arme, mais une recherche de la vérité.
Devant cet argument très puissant, Socrate prend un détour : avons-nous assez bien
défini ce dont nous parlons ? Et toi, Gorgias, vas-tu
supporter d'être réfuté, es-tu prêt
au dialogue philosophique, où
l'on ne se vexe pas d'être mis en défaut? Car les inter
locuteurs
n'y cherchent pas à l'emporter dans la discussion, mais à mieux saisir la
vérité.
Gorgias, respecté par Socrate -et qui est plus un chercheur et un enseignant
qu'un sophiste au sens péjoratif donné par Platon à ce terme-, accepte le risque.
t Socrate relève alors une contradiction dans les propos de Gorgias.
Celui-ci se fait
fort de former un orateur, capable de convaincre son public en toute occasion, même
sur des sujets
qu'il ignore.
La rhétorique n'a donc pas besoin de connaître les sujets
dont elle parle, y compris
lorsqu'ils 'agit du juste et del 'injuste ou du bien et du mal.
Gorgias maintient néanmoins que son enseignement peut instruire sur les valeurs
morales, et que la rhétorique suppose d'être capable
d'en juger.
Mais alors, comment
comprendre
qu'un orateur puisse être injuste et mésuser sciemment de sa capacité à
convaincre ?
C.
La rhétorique, une flatterie
t La rhétorique n'est pas un art.
Devant l'indignation de Polos, Socrate répond qu'il ne
s'agit même pas d'un art, c'est-à-dire d'une véritable compétence, fondée sur un savoir,
mais
d'une simple flatterie.
t Car la rhétorique est un savoir-faire.
Il s'agit en effet d'un ensemble de recettes, de
procédés que
l'on acquiert par la répétition et l'entraînement, sans avoir besoin d'une
réelle compréhension de la nature des choses ; c'est une pratique qui agit sans penser
ses actes, sans rationalité.
Et le savoir-faire de la rhétorique se limite à
savoir flatter, à
gratifier les auditeurs en visant leur plaisir.
De ce point de vue, elle est exactement, sur
le plan intellectuel,
l'équivalent de la cuisine.
Socrate précise que son analyse critique
ne s'applique peut-être pas
à l'activité de Gorgias, qu'ils n'ont pas encore clairement
étudiée; mais en tant que telle, la rhétorique est flatterie -comme la cuisine, l'esthé
tique et la sophistique.
t Selon Socrate, la rhétorique n'est qu'une contrefaçon d'une partie de la politique.
Cette définition laisse perplexes ses interlocuteurs.
Socrate développe alors sa pensée
en distinguant
entre« l'art quis' occupe del' âme», ou politique, et l'art qui concerne
l'entretien du corps.
L'entretien du corps est assuré par la
gymnastique (corps sain) et
la
médecine (corps malade) ; la politique se divise entre la justice (prise en charge des
décisions de la cité) et la législation (qui réglemente la façon de traiter les fautes ou
les abus).
t La flatterie mime cette structure.
Elle se glisse sous le masque del' art : la cuisine fait
semblant de connaître le bien du corps, comme la médecine, et les enfants préféreront
les conseils du cuisinier à ceux du médecin! L'esthétique,
«chose malhonnête, tram-
15.
»
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