Giraudoux : Electre (résumé et analyse)
Publié le 16/10/2013
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Giraudoux semble se plaire à détourner les règles de la dramaturgie classique. Tragédie en deux actes, au lieu des cinq attendus, Électre invente le « lamento « à l'entracte, semble ne pas se soucier de l'équilibrage des scènes, mêle genre et tons avec un parfait mépris des conventions les plus usuelles.
«
Conflit des valeurs, il oppose des conceptions ou des idéaux inconciliables,
tels ceux d'Égisthe et d'Électre, chacun opposant à l'autre la vérité du« don» qui
lui a été fait.
Le conflit prend aussi un tour passionnel, lorsque les femmes se révoltent
contre la domination injuste de l'époux mort ou vivant : Clytemnestre clame sa
haine pour Agamemnon; Agathe son mépris pour le
Président.
II -Une dramaturgie de l'ambiguïté et de la liberté
Électre mêle très librement genres, registres et tons.
Le Mendiant est sans doute
l'illustration la plus frappante de cette ambiguïté du personnage et de la parole
dramatique
puisqu'on ignore sa véritable identité et que son propos use tour à
tour
de l'ironie, de l'humour, de la gravité, de la fantaisie, voire de l'incohérence,
de la parole inspirée sinon oraculaire*,
de l'irrévérence et de la provocation, de la
parabole et du discours beaucoup plus cru.
Cette ambiguïté révèle
un souci de liberté qui rénove la tragédie en la faisant
sortir de son cadre trop strict.
Giraudoux ne va-t-il pas jusqu'à inventer le
«lamento» du Jardinier pour occuper ce lieu vide qu'est ordinairement l'entracte?
Ses personnages expriment cette revendication fondamentale
d'une liberté de la
parole dramatique.
III - Une représentation élargie de l'humain
Le conflit sur lequel s'ouvre la pièce est celui de deux familles: d'un côté une
famille princière, de l'autre une famille
d'une bourgeoisie médiocre.
Avec le
thème de la mésalliance que constituerait le mariage d'Électre avec le Jardinier,
Giraudoux affirme sa volonté de situer l'intrigue dans
un contexte social élargi.
Les nobles, voire les princes, y côtoient les bourgeois, le divin y côtoie ! 'humain,
dont il prend parfois la forme.
La représentation sociale s'élargit jusqu'à une humanité modeste, voire
humble :
le Jardinier, la Femme Narsès, les invités villageois ...
À la fin de la pièce
apparaissent les déshérités et les exclus.
Outre des catégories, Giraudoux repré sente différents types humains et sociaux : de l'humanité éprise de grandeur et de
pureté à l'humanité coupable et mensongère, des épouses volages aux parricides,
des rois aux mendiants, des vagabonds aux maris trompés.
IV -Une tragédie baroque?
Giraudoux semble se plaire à détourner les règles de la dramaturgie clas
sique.
Tragédie en deux actes, au lieu des cinq attendus, Électre invente le « la
mento» à l'entracte, semble ne pas se soucier de l'équilibrage des scènes, mêle
genre
et tons avec un parfait mépris des conventions les plus usuelles.
Dans ce théâtre de la mutabilité, les personnages évoluent au sein d'un uni
vers mouvant, voire réversible, qui fait passer de l'innocence à la culpabilité, de
l'oubli à la mémoire, du mensonge à la vérité.
Rien
n'y est définitif; tout est sujet à
remise en question.
Électre ne dit-t-elle pas de la vérité :
« elle est éternelle, mais
ce n'est qu'un
éclair»?
Enfin le tragique de l'illusion, avec des scènes qui sont proches de l'esthétique
du trompe-l'œil, des effets de miroir, du masque et du travestissement, relève de
la
sensibilité baroque, fondée sur l'instabilité et l'incertitude..
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