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GIONO : Colline - Un de Baumugnes - Regain

Publié le 02/03/2011

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giono

Le Pan de Giono émane, bien sûr, du dieu de la mythologie grecque et latine. Rappelons que ce dernier est né en Arcadie, pays de bergers ; il personnifie à l'origine la vie pastorale. A moitié homme, avec des pieds et des cornes de bouc, une chevelure inculte, il a pour attributs la syrinx, flûte à sept roseaux, dite flûte de Pan, le bâton de berger, la couronne ou le rameau de pin. Le Pan populaire aime souffler dans sa flûte, dont la musique provoque la terreur panique des paysans, mais possède aussi des pouvoirs guérisseurs. Ses ébats amoureux avec les nymphes, ses danses frénétiques égaient la campagne. Les poètes et les philosophes ont transfiguré le joyeux compagnon du cortège de Dionysos en incarnation du Grand Tout et de la Nature, en dieu mystique de la philosophie orphique des mystères de la terre.   

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« âge, le frisson panique.

Dans la préface de Colline de 1930, il écrit : « A l'époque où, petit berger bénévole,j'accompagnais le père Massot à la garde de ses ouailles, je fus marqué par cette terreur divine qui ruisselait descollines [...], il me parut que Pan était surtout fait de cette terreur et de cette cruauté [...].

» Dans son articleécrit aussi en 1930, Présentation de Pan, Giono précise que Pan, c'est également un souffle poétique, issu de laterre et des hommes qui vivent à son contact.

La langue de la « Trilogie » exprime cette poésie, sous-tendue parune philosophie de la terre, à laquelle Giono n'a pas encore donné un énoncé théorique lors de la publication ducycle panique. L'itinéraire panique dans la « Trilogie » «J'avais mis à Colline le mot P parce que Un de Baumugnes c'était A et Regain c'était N1.

» Dans cette perspective, la « Trilogie de Pan » apparaît comme la révélation progressive des relations entre l'hommeet la terre, entre l'homme et le dieu Pan.

Le thème de la terre est d'ailleurs présent dès les trois titres : la terresauvage dans « Colline », la terre natale d'Albin dans le mot « Baumugnes », la terre cultivée, domestiquée, sanscesse renaissante dans « Regain ».

(Le terme de « regain » désigne l'herbe qui repousse après une première coupe.)Colline met en scène la prise de conscience de la terreur panique : tout le roman est traversé par la peur despaysans découvrant la force et le mystère de la colline.

Un de Baumugnes, à travers le personnage d'Albin, illustrel'autre visage du dieu Pan, celui du chanteur du cortège de Bacchus, du musicien qui ensorcelle les hommes etenvoûte la nature avec sa musique.

La « monica » (Un de Baumugnes, p.

25) serait une transposition de la syrinx.Enfin, dans Regain, Pan apparaît comme le dieu de la force vitale et régénératrice qui éclate au printemps. Lire la « Trilogie », c'est traquer Pan à travers ses multiples incarnations. 3.

L'œuvre : architecture, mouvements, personnages Temporalité et structure dramatique 1.

Colline ou le temps tragique de la catastrophe Le récit de Colline abonde en indications chronologiques ponctuelles telles que : « Gondran va voir la pendule :quatre heures pourtant» (p.

44), «C'est midi» (p.

48).

«Ce soir, le troisième jour, ils sont revenus brisés de fatigue »(p.

76).

C'est la succession des heures, l'alternance du jour et de la nuit, sans précision de date ou d'année, quifournissent le cadre temporel de la fiction.

Colline couvre environ une période d'un mois, probablement en plein été,le mois d'août.

Le texte épouse l'ordre chronologique et restitue l'expérience des personnages au jour le jour.

Leprésent de narration, temps majoritaire avec le passé composé, fait coïncider le temps du lecteur avec le tempsvécu des personnages.

Ceux-ci sont immergés dans la durée sans pouvoir la dominer, paralysés par la peur.

Collinemet en scène l'histoire de l'attente et de l'irruption de la catastrophe dans le déroulement quotidien des jours. La structure dramatique de Colline s'apparente à celle d'une tragédie en cinq actes.

Le premier acte correspond auxsignes prémonitoires du malheur et à l'émergence de la peur aux Bastides.

Il s'achève sur l'image de Gondran et deMarguerite au chevet de Janet.

Ils ont « les yeux gourds, la bouche amère, le cœur tout chaviré d'inquiétude, demystère, de peur » lp.

68).

Les Bastides se sont barricadées et attendent la catastrophe.

Aux trois actes suivants,le malheur pressenti frappe en prenant la forme de la sécheresse 0Colline, pp.

68 à 98), de la maladie de Marie (pp.98 à 132) et du feu (pp.

133 à 173) qui marque l'apogée de la catastrophe.

Le cinquième acte commence avec larecherche du bouc émissaire, Janet, et s'achève avec sa mort (p.

179) (avant même que Gondran ait pu le tuer) etcelle de Gagou (p.

184).

Comme dans la tragédie, la mort des coupables libère du mal et réinstalle la paix.

Lespersonnages de Colline vivent plongés dans l'instant de crise, pris à la fois dans le temps cyclique et tragique, endehors du temps historique. 2.

La structure policière de Un de Baumugnes La tension dramatique dans Un de Baumugnes ne vient pas de la peur ou de l'attente du pire mais du dévoilementprogressif de l'énigme posée au départ : « Où est Angèle ? » Ceci détermine une alternance de temps forts quicorrespondent aux découvertes d'Amédée, et de temps faibles où l'incertitude et le désespoir s'emparent de lui.Amédée doute à trois reprises : à son arrivée à la Douloire (p.

77), après la découverte de la tasse utilisée et descris d'un nourrisson (p.

88), enfin quand il cherche Angèle en vain pendant une semaine.

La structure de l'œuvre estcelle d'un roman policier raconté par l'enquêteur. Le narrateur, Amédée, est amené à marquer des pauses dans son récit rétrospectif de l'histoire d'Albin et d'Angèle,pour tracer un bilan de ses recherches et tirer les conclusions de son enquête.

Ces pauses (pp.

7 7 et 80) scandentle récit et articulent les séquences narratives.

A cette structure par dévoilement progressif du mystère s'ajoutentles effets de symétrie entre le début et la fin du roman. Le récit enchâssé du séjour d'Amédée à la Douloire, qui constitue l'histoire policière proprement dite, est encadré pardeux scènes de confidences entre Albin et Amédée.

De même, deux scènes de repas à la Douloire (pp.

55 à 59 ; pp.151 à 153) assurent l'équilibre du roman et créent un phénomène d'écho.

L'alternance régulière des passagesnarratifs et des commentaires d'Amédée, des temps forts et des temps faibles de l'enquête, les jeux de symétriecontribuent à l'originalité du volet central du triptyque.. »

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