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GIGI. Personnage du roman de Colette

Publié le 22/10/2017

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GIGI. Personnage du roman de Colette qui porte ce nom ( 1944). Gigi est une charmante bluette, surgie dans ce monde des femmes entretenues dont Colette nous a restitué de façon inoubliable les fastes et les misères aux environs de 1900. Dans l’univers romancé de Colette où l’amour n’est le plus souvent qu’un combat sans merci, où la femme se voit attribuer la condition de proie, qui n’est au monde que pour être dévorée par le mâle infidèle, il y a une exception, celle des femmes qui vivent de leurs charmes. Elles seules, échappant à la vassalité de la femme amoureuse, asservissent à leur tour l’homme. La bonne gestion de leurs intérêts, une cupidité saine et bien entendue, les sauvent des dangers « de la chair qui rêve ». Rien de moins rêveur, de plus prosaïque que le milieu des retraitées du plaisir qui escorte l’enfance et l’adolescence de Gigi, nous rendant d’autant plus sensibles les grâces d’extrême jeunesse de Gigi elle-même et son désintéressement tendre et inattendu. Quoi de plus piquant que l’opposition entre les conseils proférés d’un ton docte par la grand-mère, Alvarez, en train de rouler les papillottes de Gilberte, dite Gigi, et l’inattention déférente de celle-ci dévoilant sous une jupe écossaise trop courte des bas de fil à côtes et des rotules, dont elle ne se soucie pas encore qu’elles soient parfaites. Il est vrai que maintenant qu’elle a atteint ses quinze ans, il serait enfin temps qu’elle comprenne ce que c’est que le « sérieux de la vie » et qu’on réussisse à lui inculquer un peu le sens de ce qui convient. Gigi comprend vaguement qu’elle incarne un espoir pour cette grand-mère qu’elle aime tendrement et pour sa mère, Andrée, qui, atteignant la quarantaine, préfère maintenant «à une prospérité capricieuse la sage vie des secondes chanteuses dans un théâtre subventionné». Mais quel genre d’espoir ? Voilà qui lui demeure encore caché et que, peu curieuse, elle ne se soucie pas de percer à jour. « Gigi n’a pas plus de raison qu’une enfant de huit ans», entend-elle couramment dire autour d’elle. Il est vrai qu’elle en est encore à s’imaginer que si un vieux baron offre un brillant à l’une de ses camarades de classe, c’est parce qu’il veut l’épouser. Le cours où se rend Gigi,

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