George Dandin ou le Mari confondu de Molière (analyse détaillée)
Publié le 21/10/2018
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George Dandin ou le Mari confondu. Comédie en trois actes et en prose de Molière, pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673), créée à Versailles en juillet 1668, et publiée à Paris chez Jean Ribou en 1669.
La conquête de la Franche-Comté par le prince de Condé en février 1668, qui avait donné lieu à un sonnet de Molière publié dans la première édition d'Amphitryon (1668), aboutit le 2 mai à la paix d'Aix-la-Chapelle. C'est pour fêter l'événement que le roi offrit à sa cour et à bon nombre de curieux, deux mois et demi plus tard, un « Grand Divertissement » dans les salons et jardins de Versailles, au milieu des jets d'eau, de statues dansantes et de montagnes de confiture dont la description nous a été transmise par Félibien. Le spectacle consistait en une pastorale chantée à l'intérieur de laquelle prenaient place lestrois actes de George Dandin : la prosaïque pesanteur du paysan mal marié devait apparaître burlesque par le contraste avec les gracieuses évolutions des « bergers et bergères galantes », et ses lamentations ridicules comparées aux plaintes élégiaques des Tircis et autres Philène. Le public parisien ne fut pas trop déçu d'être privé de ces bucoliques ornements : dix représentations au Palais-Royal à la fin de 1668, et treize encore l'année suivante.
Le riche paysan George Dandin regrette d'avoir épousé en Angélique une fille de famille noble qui ne cesse de lui reprocher sa roture. Rentrant chez lui, il croise Lubin ; ce lourdaud lui révèle qu’il vient de demander à Angélique un rendez-vous de la part de son maître Clitandre, un gentilhomme des environs, et qu'elle a volontiers accepté. Dandin s’en plaint à ses beaux-parents, M. et Mme de Sotenville. Ils se déclarent prêts à lui faire justice. Mais, pour tout éclaircissement de l'affaire, M. de Sotenville se contente des dénégations de Clitandre, comme son épouse de celles d’Angélique, et Dandin se trouve contraint par eux de présenter ses excuses à Clitandre (Acte I) !
Lubin courtise Claudine, la suivante d’Angélique, en lui remettant un billet de Clitandre pour sa maîtresse. Celui-ci, sous le nez même du mari, appuie sa demande d’entretien, puis donne de l’argent à Claudine pour se faire aussitôt introduire auprès d’Angélique. C’est ce que Lubin, toujours aussi borné, apprend sans le vouloir à Dandin : ce dernier se fait fort, à nouveau, de convaincre les Sotenville de l'inconduite de leur fille ; mais Angélique, prévenue de leur approche, change de ton avec Clitandre et feint de repousser ses avances. Les parents sont rassurés, et Dandin blâmé de ses soupçons outrageants (Acte II).
La nuit est tombée. Clitandre, accompagné de Lubin, s’avance pour le rendez-vous que lui a donné Angélique. Elle, de son côté, quitte la maison avec Claudine pour aller à sa rencontre. Une fois de plus, Lubin vend la mèche : Dandin fait prévenir ses beaux-parents et ferme la porte à clé, laissant sa femme dehors. Angélique le supplie de la laisser rentrer, mais en vain ; elle fait alors semblant de se tuer. Dandin sort et se retrouve bientôt dans la situation qui était celle
de sa femme. C’est à ce moment qu’arrivent les Sotenville : voyant leur gendre hors du domicile conjugal, et leur fille esseulée à l’intérieur, ils condamnent Dandin à faire amende honorable. Celui-ci désormais renonce à la lutte (Acte III).
Dans la comédie classique, l'intrigue oppose à l'amour réciproque des jeunes gens un entourage hostile qui finit par se rallier à leurs vues et consentir au mariage. Avec George Dandin, nous sommes au-delà de ce qui met un point final à la comédie : le rideau, baissé sur la perspective d'une union à la fois légale et sacrale, se relève maintenant sur des lendemains qui déchantent.
«
trois actes de George Dandin : la prosaï
que pesanteur du paysan mal marié
devait apparaître burlesque
par le
contraste avec les gracieuses évolutions
des
«bergers et bergères galantes», et
ses
lamentations ridicules comparées
aux plaintes élégiaques des Tircis et
autres
Philène.
Le public parisien ne
fut pas trop déçu d'être privé de ces
bucoliques ornements : dix représenta
tions
au Palais-Royal à la fin de 1668,
et treize encore l'année suivante.
· Le riche paysan George Dandin regrette
d'avoir épousé en Angélique une fille de famille noble qui ne cesse de lui reprocher sa roture.
Rentrant chez lui, il croise Lubin : ce lourdaud lui révèle qu'il vient de demander à Angélique un rendez-vous de la part de son maître Clitandre.
un gentilhomme des environs, et qu'elle a volon
tiers accepté.
Dandin s'en plaint à ses beaux
parents, M.
et Mme de Sotenville.
Ils se déclarent
prêts à lui faire justice.
Mais, pour tout éclaircisse
ment de l'affaire, M.
de Sotenville se contente des dénégations de Clitandre, comme son épouse de celles d'Angélique, et Dandin se trouve contraint
par eux de présenter ses excuses à Clitandre
(Acte 1)! Lubin courtise Claudine, la suivante d'Angéli
que, en lui remettant un billet de Clitandre pour sa maîtresse.
Celui-ci, sous le nez même du mari, appuie sa demande d'entretien, puis donne de l'argent à Claudine pour se faire aussitôt intro
duire auprès d'Angélique.
C'est ce que Lubin,
toujours aussi borné, apprend sans le vouloir à Dandin : ce dernier se fait fort, à nouveau, de
convaincre les Sotenville de l'inconduite de leur fille ; mais Angélique, prévenue de leur approche, change de ton avec Clitandre et feint de repous
ser ses avances.
Les parents sont rassurés, et
Dandin blâmé de ses soupçons outrageants
(Acte
Il).
La nuit est tombée.
Clitandre, accompagné de
Lubin, s'avance pour le rendez-vous que lui a
donné Angélique.
Elle, de son côté, quitte la mai son avec Claudine pour aller à sa rencontre.
Une
fois de
plus, Lubin vend la mèche : Dandin fait
prévenir ses beaux-parents et ferme la porte à clé, laissant sa femme dehors.
Angélique le sup
plie de la laisser rentrer, mais en vain ; elle fait
alors semblant de se tuer.
Dandin sort et se retrouve bientôt dans la situation qui était celle
de sa femme.
C'est à ce moment qu'arrivent les Sotenville : voyant leur gendre hors du domicile
conjugal, et leur fille esseulée à l'intérieur, ils condamnent Dandin à faire amende honorable.
Celui-ci désormais renonce à la lutte (Acte Ill).
Dans la comédie classique, l'intrigue
oppose à
l'amour réciproque des jeunes
gens
un entourage hostile qui finit par
se rallier à leurs vues et consentir au
mariage.
Avec George Dandin, nous
sommes au-delà de ce qui met un point
final à la comédie : le rideau, baissé sur
la perspective
d'une union à la fois
légale
et sacrale, se relève maintenant
sur des lendemains qui déchantent.
Au
lieu de dépits amoureux, les scènes de
ménage ; après le temps des roucoule
ments, celui des insultes (
« traîtresse >>,
«scélérate>>, « carogne >>, III, 8).
Le
mariage, en terminant la comédie,
ouvre l'espace de la farce.
Le duo des
fiancés fait place, dans
George Dandin,
à un trio appelé lui aussi à devenir clas
sique
-le mari, la femme, l'amant.
Non
seulement cette configuration triangu
laire est farcesque, mais la progression
de l'intrigue, qui répète
en l'aggravant
chaque fois le
retournement de situa
tion au détriment du mari : un sot
valet fait confidence à Dandin, acte
après acte, de
tout ce qui se trame
contre son honneur, et l'intéressé, en
dépit de ces avertissements, de son bon
droit et de sa promptitude, se retrouve
toujours
en position d'accusé et de
châtié.
C'est
pour l'essentielle schéma
de
/'*École des femmes et exemplaire
ment, dans le dernier acte, celui de
la
Jalousie du Barbouillé,
où une autre
Angélique
prenait par subterfuge la
place de l'époux
dans le domicile
conjugal
et le laissait penaud et rageur
devant
une porte close.
Mais la farce
se hausse ici à la comé
die de mœurs.
L'histoire de
Dandin est
celle
d'une mésalliance : un couple de
nobliaux de province répare les brè
ches de
son patrimoine en donnant sa.
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