George DANDIN ou le Mari confondu
Publié le 17/01/2019
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George DANDIN ou le Mari confondu, comédie en 3 actes et en prose, de Molière (1668). La pièce faisait partie du Grand Divertissement royal donné à Versailles pour célébrer la paix d'Aix-la-Chapelle et eut peu de succès à Paris. Un paysan riche a épousé la fille d'un gentilhomme ruiné, qui le trompe et le berne chaque fois qu'il essaie de la prendre en flagrant délit : une « comédie rosse », inspirée des farces médiévales et du canevas de la commedia dell'arte, où perce, à travers le rire, une cruauté froide.
«
« Comment, c'est toi ? D'où viens-tu, bon
pendard ? Est-il l'heure
de revenir chez soi quand le jour est près
de paraître ? »
~------ -EXT R AITS ---- --------,
Dès les premiers mots de la scène
première de l'acte
1, Dandin sait
quelle a été sa faute
GEORGE DANDIN.
- Ah !
qu'une femme demoiselle
est une étrange affaire, et
que
mon mariage est une
leçon bien parlante à tous
les paysans qui veulent
s'élever au-dessus de
leur condition, et s'allier,
comme
j'ai fait, à la maison
d'un gentilhomme ! La
noblesse de soi est bonne,
c'est une chose considé
rable assurément ; mais
elle
est accompagnée de
tant de mauvaises cir
constances,
qu'il est très
bon de ne
s'y point frotter.
Je suis devenu là-dessus
savant à mes dépens, et connais le style des
nobles
lorsqu'ils nous font, nous autres,
entrer dans leur famille.
Angélique feint de ne pas comprendre
de quoi Dandin l'accuse
GEORGE DANDIN.
-Au travers de toutes vos
grimaces,
j'ai vu la vérité de ce que l'on m'a
dit, et le peu de respect que vous avez pour
le nœud qui nous joint.
Mon
Dieu! laissez
là votre révérence, ce n'est pas de ces sortes
de respect dont
je vous parle, et vous n'avez
que faire de vous moquer.
ANGÉLIQUE.
- Moi, me moquer ! en aucune
façon.
GEORGE DANDIN.
- Je sais votre pensée, et
connais ...
Encore ?
Ah ! ne raillons pas
davantage ! Je n'ignore pas qu'à cause de
votre noblesse vous me tenez fort au-des
sous de vous, et le respect que
je veux dire
ne regarde
point ma personne : j'entends
parler de celui que vous devez à des nœuds
aussi vénérables que le sont ceux du
mariage.
Angélique, son père, sa mère
sont décidément ligués
contre George Dandin
GEORGE DANDIN.
- Enfin vous ne m'avez pas
voulu croire tantôt, et votre fille l'a emporté
sur moi ; mais
j'ai en main de quoi vous faire
voir comme elle
m'accommode et, Dieu
merci ! mon déshonneur est si clair mainte
nant, que vous n'en pourrez plus douter.
MONSIEUR DE SOTENVILLE.
-Comment, mon
gendre, vous êtes encore là-dessus?
GEORGE DANDIN.
- 0 ui, j'y suis, et jamais je
n'eus tant de sujet d'y être.
MADAME DE SOTENVILLE.
-Vous nous venez
encore étourdir la tête ?
GEORGE DANDIN.
-Oui , Madame, et l'on fait
bien pis de la mienne.
ANGÉLIQUE.
- Je ne veux point m'excuser
par là d'être coupable envers vous, et je
vous prie seulement d'oublier une offense
dont
je vous demande pardon de tout mon
cœur, et de m'épargner en cette rencontre le
déplaisir que me pourraient causer les re
proches fâcheux de mon père et de ma mère.
Si vous
m'ac cordez généreusement la grâce
que
je vous demande, ce procédé obligeant,
cette bonté que vous me ferez voir, me ga
gnera entièrement.
Elle touchera tout à fait
mon cœur, et y fera naître pour vous ce que
tout le pouvoir de mes parents et les liens du
mariage n'a vaient
pu y jeter.
« Madame, tout est
perdu.
Voilà votre père
et votre mère,
accompagnés de votre
mari.»
NOTES DE L'ÉDITEUR « Quel plaisir de collaborer avec Molière !
quel plaisir de recopier lentement, à
« Il n'appartient à personne de grandir
Molière, et lorsqu'on a dit de lui qu'il est le
premier et peut-être le seul poète comique,
on lui a rendu un hommage suffisant, celui
qu'il
mérite.» Henri Becque, Œuvres
complètes,
tome VII, Éditions G.
Grès.
George
Dandin fut écrit
à la demande de
Louis XIV et joué lors des fêtes organisées
pour célébrer le Traité d'Aix-la-Chapelle,
en 1668.
Molière se contenta en fait
d'adapter une pièce antérieure,
La Jalousie
du Barbouillé .
La pièce plut à la cour, mais
déplut en ville ; on le comprend aisément :
la noblesse
y tenait le beau rôle.
son
aise, en se passant la langue sur les
lèvres, cette prose essentielle où rien
n'est inutile.
Pas de chevilles ici, comme
chez les plus grands, Racine par exemple.
Pas de corps morts ! Tout vit, tout est
muscle, tout est feu, élégance, vivacité,
gaieté saine, vertu
! On aimerait écrire
comme ça.
» Paul Claudel, Théâtre II,
Bibliothèque de la Pléiade,
Gallimard, 1959.
« Dandin qui fut longtemps une des œuvres
les moins connues, les moins admirées de
Molière, est pourtant l'une des plus
parfaites.» Bernard Dort, Un nouvel usage
des classiques,
Éditions du Seuil, 1967.
1 portrait de M o lière par Pie rr e Mignard (d étai l), musée de la Com é die- Fra n çaise / J.
L.
Char met 2, 3, 4 i llustr a tions de Robe rt B eltz, C lu du Livre, Paris, 1964 I B.N .
MOUÈRE0 8.
»
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