Devoir de Philosophie

George Dandin ou le Mari confondu

Publié le 09/04/2013

Extrait du document

Au XVIIe siècle, on désignait par le terme de « dandin « une espèce de sot tout empreint d'innocence et de niaiserie. Le mot évoque donc un personnage plutôt comique, mais qui peut également exciter la pitié du lecteur. Fréquemment employé à l'époque, ce mot se trouve déjà chez Rabelais, puis chez Racine, tous deux l'ayant attribué symboliquement à des juges.

« « Comment, c'est toi ? D'où viens-tu, bon pendard ? Est-il l'heure de revenir chez soi quand le jour est près de paraître ? » ~------ -EXT R AITS ---- --------, Dès les premiers mots de la scène première de l'acte 1, Dandin sait quelle a été sa faute GEORGE DANDIN.

- Ah ! qu'une femme demoiselle est une étrange affaire, et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition, et s'allier, comme j'ai fait, à la maison d'un gentilhomme ! La noblesse de soi est bonne, c'est une chose considé­ rable assurément ; mais elle est accompagnée de tant de mauvaises cir­ constances, qu'il est très bon de ne s'y point frotter.

Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connais le style des nobles lorsqu'ils nous font, nous autres, entrer dans leur famille.

Angélique feint de ne pas comprendre de quoi Dandin l'accuse GEORGE DANDIN.

-Au travers de toutes vos grimaces, j'ai vu la vérité de ce que l'on m'a dit, et le peu de respect que vous avez pour le nœud qui nous joint.

Mon Dieu! laissez là votre révérence, ce n'est pas de ces sortes de respect dont je vous parle, et vous n'avez que faire de vous moquer.

ANGÉLIQUE.

- Moi, me moquer ! en aucune façon.

GEORGE DANDIN.

- Je sais votre pensée, et connais ...

Encore ? Ah ! ne raillons pas davantage ! Je n'ignore pas qu'à cause de votre noblesse vous me tenez fort au-des­ sous de vous, et le respect que je veux dire ne regarde point ma personne : j'entends parler de celui que vous devez à des nœuds aussi vénérables que le sont ceux du mariage.

Angélique, son père, sa mère sont décidément ligués contre George Dandin GEORGE DANDIN.

- Enfin vous ne m'avez pas voulu croire tantôt, et votre fille l'a emporté sur moi ; mais j'ai en main de quoi vous faire voir comme elle m'accommode et, Dieu merci ! mon déshonneur est si clair mainte­ nant, que vous n'en pourrez plus douter.

MONSIEUR DE SOTENVILLE.

-Comment, mon gendre, vous êtes encore là-dessus? GEORGE DANDIN.

- 0 ui, j'y suis, et jamais je n'eus tant de sujet d'y être.

MADAME DE SOTENVILLE.

-Vous nous venez encore étourdir la tête ? GEORGE DANDIN.

-Oui , Madame, et l'on fait bien pis de la mienne.

ANGÉLIQUE.

- Je ne veux point m'excuser par là d'être coupable envers vous, et je vous prie seulement d'oublier une offense dont je vous demande pardon de tout mon cœur, et de m'épargner en cette rencontre le déplaisir que me pourraient causer les re­ proches fâcheux de mon père et de ma mère.

Si vous m'ac cordez généreusement la grâce que je vous demande, ce procédé obligeant, cette bonté que vous me ferez voir, me ga­ gnera entièrement.

Elle touchera tout à fait mon cœur, et y fera naître pour vous ce que tout le pouvoir de mes parents et les liens du mariage n'a vaient pu y jeter.

« Madame, tout est perdu.

Voilà votre père et votre mère, accompagnés de votre mari.» NOTES DE L'ÉDITEUR « Quel plaisir de collaborer avec Molière ! quel plaisir de recopier lentement, à « Il n'appartient à personne de grandir Molière, et lorsqu'on a dit de lui qu'il est le premier et peut-être le seul poète comique, on lui a rendu un hommage suffisant, celui qu'il mérite.» Henri Becque, Œuvres complètes, tome VII, Éditions G.

Grès.

George Dandin fut écrit à la demande de Louis XIV et joué lors des fêtes organisées pour célébrer le Traité d'Aix-la-Chapelle, en 1668.

Molière se contenta en fait d'adapter une pièce antérieure, La Jalousie du Barbouillé .

La pièce plut à la cour, mais déplut en ville ; on le comprend aisément : la noblesse y tenait le beau rôle.

son aise, en se passant la langue sur les lèvres, cette prose essentielle où rien n'est inutile.

Pas de chevilles ici, comme chez les plus grands, Racine par exemple.

Pas de corps morts ! Tout vit, tout est muscle, tout est feu, élégance, vivacité, gaieté saine, vertu ! On aimerait écrire comme ça.

» Paul Claudel, Théâtre II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1959.

« Dandin qui fut longtemps une des œuvres les moins connues, les moins admirées de Molière, est pourtant l'une des plus parfaites.» Bernard Dort, Un nouvel usage des classiques, Éditions du Seuil, 1967.

1 portrait de M o lière par Pie rr e Mignard (d étai l), musée de la Com é die- Fra n çaise / J.

L.

Char met 2, 3, 4 i llustr a tions de Robe rt B eltz, C lu du Livre, Paris, 1964 I B.N .

MOUÈRE0 8. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles