GASTON BACHELARD : LA FORMATION DE L'ESPRIT SCIENTIFIQUE (Résumé & Analyse)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
en cause toujours possible.La tâche de la philosophie scientifique est de psychanalyser l'intérêt, ruiner tout utilitarisme si déguisé qu'il soit, siélevé qu'il se prétende...
L'esprit scientifique doit rendre « conscient et actif le plaisir de l'excitation spirituelle dansla découverte du vrai ».Bachelard termine ce discours préliminaire en disant que son livre est polémique car toute science doit d'abordcombattre les idées reçues.
Pour lui, l'épistémologue doit s'intéresser d'abord aux idées qui, en plus d'être vraies,ont un destin spirituel, c'est-à-dire éclairent la compréhension scientifique d'une époque.
La notion d'obstacle épistémologique
Le problème de la connaissance scientifique se pose en termes d'« obstacles ».
Il faut s'intéresser, dans l'acte deconnaître, aux lenteurs et aux troubles.
Les obstacles épistémologiques sont ces causes d'inertie qui viennent dusujet connaissant.
La connaissance du réel n'est jamais spontanée.
Elle est une lumière qui projette toujoursquelque part des ombres.
« Le réel n'est jamais ce qu'on pourrait croire mais il est toujours ce qu'on aurait dûpenser.
» Bachelard montre qu'il y a une connaissance déjà là qui est un obstacle à la connaissance scientifique : «Accéder à la science, c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire unpassé.» La science doit s'opposer à l'opinion, car l'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit un besoin deconnaissances.
On ne peut rien fonder sur l'opinion.
Il faut d'abord la détruire.De plus, une connaissance acquise doit toujours être remise en question.
A l'usage, les idées se valorisent indûment.Il faut lutter contre « l'instinct conservatif » des hommes et encourager leur « instinct formatif ».
Ce dernier instinctaide à se construire des nouveaux savoirs.
Une tête « bien faite » ne suffit pas.
Il faut la refaire en permanence,sinon elle devient une tête fermée.
« L'homme animé par l'esprit scientifique désire sans doute savoir, mais c'estaussitôt pour mieux interroger.
»Bachelard distingue la position historienne de la position épistémologique : un fait mal interprété par une époquereste un fait pour l'historien, c'est une contre-pensée, un obstacle pour l'épistémologue.Il étudie ensuite la notion d'< obstacle épistémologique » dans la pratique de l'éducation.
Il constate que lesprofesseurs de sciences ne comprennent pas que l'on ne comprenne pas.
Ils imaginent que l'esprit commencecomme une leçon, que les choses vont d'un point à un autre.
Ils n'ont pas réfléchi au fait que les erreurs del'adolescent viennent souvent des connaissances empiriques déjà constituées.
Pour l'élève, le travail consiste, nonpas à acquérir une culture, mais à en changer :« Toute culture scientifique doit commencer par une catharsis intellectuelle et affective.
Reste ensuite la tâche laplus difficile: mettre la culture scientifique en état de mobilisation permanente, remplacer le savoir fermé et statiquepar une connaissance ouverte et dynamique, dialectiser les variables expérimentales, donner enfin à la raison desraisons d'évoluer.
»
D'une certaine manière, Bachelard propose de constituer une psychologie de l'erreur en pédagogie, mais il faitpreuve d'un certain pessimisme, car les éducateurs n'ont pas le sens de l'échec, précisément parce qu'ils se croientdes maîtres : « Je n'ai jamais vu un éducateur changer de méthode », témoigne Bachelard.
L'expérience première
« Dans la formation d'un esprit scientifique, le premier obstacle, c'est l'expérience première, c'est l'expérience placéeavant et au-dessus de la critique qui, elle, est nécessairement un élément intégrant de l'esprit scientifique.
»Pourquoi ? Eh bien, parce que la critique n'a pas pu s'exercer avant que ne soit fixée cette expérience première.Bachelard développe la thèse que l'esprit scientifique doit se former contre la Nature, contre ce qui est, en nous ethors de nous, l'impulsion et l'instruction de la Nature.
L'esprit scientifique se forme en se réformant.
Comprendre laNature, c'est luirésister.Parmi les facteurs qui s'opposent à l'esprit scientifique, les livres scolaires qui se recopient les uns les autres sansvraiment s'ancrer dans la recherche.
Par contre, il manque de réels livres de vulgarisation scientifique, penseBachelard.
L'une des erreurs des livres scolaires est de vouloir présenter la science comme organique, une.
Ils sontconstruits dans un ordre logique qui interdit de sauter des chapitres.
Or, la science n'est pas cela.Pourtant, Bachelard constate qu'il y a un vrai progrès des sciences et de leur enseignement depuis le XVIIIe siècle.Au XVIII siècle, les livres de sciences étaient enracinés dans le quotidien.
Bachelard donne l'exemple du,livre del'abbé Poncelet sur le tonnerre, qui se voulait répondre aux préoccupations des gens de l'époque, effrayés par lesdangers de la foudre.
L'auteur explique le phénomène à ses lecteurs pour modifier la psychologie de l'époque parrapport aux phénomènes naturels...
Même remarque concernant le lien au politique à l'époque classique.
L'auteur delivres scientifiques doit toujours se situer par rapport au pouvoir...
Bachelard pense que ce n'est plus le casaujourd'hui et que les progrès de l'esprit scientifique ont été tels depuis cette époque que « la distance est moinsgrande de Pli à Bacon que de Bacon aux savants contemporains », notamment en ce qui concerne l'autonomisationdu discours scientifique' par rapport aux autres discours sociaux.Si la pensée pré-scientifique est dans le siècle au XVIIe siècle, elle n'est pas « régulière » comme la penséescientifique à l'oeuvre dans les laboratoires officiels et codifiée dans les livres scolaires.Le problème du XVIIIe siècle,- c'est qu'en faisant de la science à partir d'anecdotes, on s'écarte du sens duproblème qui se pose à la pensée scientifique, donc on s'écarte du nerf du progrès.
Bachelard illustre son propos del'exemple de l'électricité au XVIIIe siècle.
Il réfléchit sur la difficulté que l'on a eu « à abandonner le pittoresque del'observation première, à décolorer le phénomène électrique, à débarrasser l'expérience de ses traits parasites, deses aspects irréguliers ».
Ces doctrines étaient la marque d'un empirisme évident et foncier : il est doux « à la.
»
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