Gaston BACHELARD 1884-1962 La Formation de l'esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance objective
Publié le 01/04/2015
                            
                        
Extrait du document
                                Bachelard met en garde contre deux autres obstacles de la connaissance scientifique : les systèmes explicatifs philosophiques, vision générale du monde, comme la Nature au XVIII` siècle, ou la présupposition d'une structure générale qui serait transposable d'un domaine à un autre domaine, par exemple les analogies que certains auteurs ont pu établir entre la cosmologie et la structure des métaux.
Il faut être attentif à ces surdéterminations qui sont très nombreuses dans l'histoire de la formation de l'esprit scientifique.
Parmi ces surdéterminations : le naturel, l'utilité, le postulat d'une unité explicative (l'électricité vers 1780)...
L'obstacle substantialiste (ou réaliste) est l'un des plus archaïques et donc l'un des plus complexes qui empêche d'accéder à la connaissance scientifique.
constant à la substance, c'est-à-dire au «mythe de l'intérieur« ou au «mythe plus profond de l'intime«.
« Bachelard donne l'exemple du sel : au XVII siècle on le voit partout : «Si le sel était extrait des poutres, solives et chevrons, le tout tomberait en poudre.
II soumet cette attitude à une psychanalyse du «sentiment de l'avoir« ou «complexe d'Harpagon«.
L'obstacle animiste, auquel le livre consacre tout le chapitre 8, en est le fondement naturel.
Il consiste à imposer inconsciemment le modèle privilégié du corps humain à l'ensemble des phénomènes naturels.
Bachelard montre, par exemple, comment la digestion commande l'histoire des explications chimiques et biologiques (chapitre 9).
Mais le mythe de la génération est plus irréductible encore.
L'acide, par exemple, actif, joue le rôle masculin.
La base, passive, joue le rôle féminin.
Que le produit soit un sel neutre n'est pas sans inquiéter le bon sens immédiat qui ne connaît qu'un seul partage : Boerhaave ne parlait-il pas encore au XVIII siècle de «sels hermaphrodites«?
Cette projection de la libido sur les faits objectifs est constante dans l'histoire de la science, qui a cru voir une sexualité des minéraux, par exemple.
Cela vient du fait que l'homme se projette dans la nature.
Il voit le monde à travers «sa lourde charge d'ancestralité et d'inconscience«.
Ils ne font rien pour guérir l'anxiété qui saisit tout esprit devant la nécessité de corriger sa propre pensée et de sortir de soi pour trouver la vérité objective.
Dans le domaine des connaissances quantitatives, nombreux sont les pièges, les obstacles à la formation de l'esprit scientifique.
On se tromperait d'ailleurs si l'on pensait qu'une connaissance quantitative échappe en principe aux dangers de la connaissance qualitative.
La grandeur n'est pas automatiquement objective et il suffit de quitter les objets usuels pour qu'on accueille les déterminations géométriques les plus fantaisistes.
                                «
                                                                                                                            330 • 	Gaston 	Bachelard 	
philosophie  qui seront  ponctuées  d'une licence 	(1920), 	d'une 
agrégation  (1922) et 	
d'un 	doctorat  ès lettres  (1927)  avec une 
thèse  intitulée  Essai sur la connaissance  approchée, couronnée 
l'année  suivante  par l'Institut.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Entre 	
1930 	et 	1940, 	il  enseigne  à la  Faculté  des Lettres  de 
Dijon,  avant d'obtenir,  à la  Sorbonne,  la chaire  d'histoire  et de 
philosophie  des sciences  qu'il occupe  jusqu'en  1954.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Sa 	productivité  intellectuelle  sera considérable.
                                                            
                                                                                
                                                                     Après sa 
thèse, 
il publie 	La 	Valeur  inductive 	de 	la relativité  (1929), 	Le 	
Pluralisme  cohérent de la chimie  moderne  (1932), L'intuition 
de  l'instant  (1932), 	
Le 	Nouvel esprit scientifique  (1934), 	La 	
Dialectique de la durée  (1936),  L'Expérience 	de 	l'espace  dans 
la  physique  contemporaine  (1937), puis 	
La 	Formation  de 
l'esprit  scientifique  que nous  allons  présenter  en détail.
                                                            
                                                                        
                                                                    
Ensuite,  il publie  Psychanalyse 	
du 	feu (1938),  Philosophie 
du  non 	
(1940), 	L'Eau  et les  rêves  (1942),  L'Air et les  songes 
(1944), 	
La 	Terre 	et  les  rêveries  de la volonté  -	La 	Terre 	et les 
rêveries  du repos  (1948),  L'Activité  rationaliste  de la physique 
contemporaine  (1951), 	
Le 	Matérialisme rationnel (1953), 	La 	
Poétique 	de 	l'espace (1957), 	La 	Poétique  de la rêverie 	(1960), 	
et,  à titre  posthume, 	Le 	Droit 	de 	rêver 	(1970) 	qui est une  reprise 
de  ses  principaux  articles 	
...
                                                            
                                                                                
                                                                    	
Il meurt  le 	16 	octobre  1962.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'évocation  de tous  ces titres 
montre  que son œuvre  s'organise  autour de deux  grands 	
axes: 	
le premier  est une  réflexion  sur la science,  son histoire  et son 
évolution;  le second  est une  pensée  de l'imaginaire  poétique.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
La 	Formation 	de 	l'esprit scientifique  est un ouvrage  central 
dans  le premier  axe de son  œuvre.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il montre  les difficultés  que 
l'homme  a eues  pour  acquérir  l'esprit scientifique  qui a permis 
à  la  science  de faire  tant de progrès  au 	
XX' 	siècle.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est une 
analyse  des obstacles  que l'homme  a dû  lever  pour adopter 
l'attitude  adéquate permettant  de penser  la Nature  en termes 
objectifs.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il s'agit  d'une  psychanalyse,  c'est-à-dire de l'étude 
des  résistances  de l'homme  à penser  objectivement..
                                                                                                                    »
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