FRIEDRICH NIETZSCHE : AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA (Résumé & Analyse)
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
faut briser les anciennes Tables de la Loi pour en graver de nouvelles.
Celui qui érige une nouvelle hiérarchie devaleurs passe nécessairement pour un criminel, un blasphémateur et un transgresseur de la loi aux yeux des tenantsde l'ancien monde et des anciennes valeurs.L'homme supérieur est l'incarnation de l'esprit qui est l'antipode de Zarathoustra.
L'esprit de pesanteur estimpuissance à créer, absence de plénitude, de ferveur.
Tout semble lourd à l'esprit de pesanteur, il ignore la danseet ne connaît que le pas pesant de qui est chargé de fardeaux et de responsabilité.
La danse qu'enseigneZarathoustra pourra seule délivrer l'homme de l'esprit de pesanteur et, pour et par le Surhomme, la terre pourraitbien être rebaptisée un beau jour « la légère ».Sur la mort de Dieu : prologue, § 2 ; première partie, « De la prodigue vertu », § 3 ; deuxième partie, « Aux îlesfortunées » ; quatrième partie, « Hors service ».
Sur le dernier homme : prologue, § 5 ; troisième partie, «D'anciennes et de nouvelles tables », § 27.Ainsi parlait Zarathoustra, prologue 1, première partie, « Des trois métamorphoses », « De mille et une fins ».Sur l'homme supérieur et l'esprit de gravité : première partie, « Des trois métamorphoses » ; troisième partie, « Del'esprit de pesanteur » ; quatrième partie : « De l'homme supérieur ».
2.
LE SURHOMME ET LA VOLONTÉ DE PUISSANCE
A.
La tâche de surmonter l'homme et la nostalgie du SurhommeJusqu'à ce jour, l'homme ne s'est jamais dépassé que vers un dieu, un arrière-monde, un idéal suprasensible.
Unefois proclamée la mort de Dieu, c'est-à-dire de tout idéal suprasensible, soit l'homme va désapprendre à se dépasser(c'est le cas du dernier homme), soit il devra apprendre à se dépasser sans fuir l'ici-bas, sans se réfugier dans unarrière-monde (« Jadis on disait "Dieu" lorsque l'on regardait vers de lointaines mers ; mais moi je vous enseignerai àdire : "Surhomme" ! [...] Morts sont tous les dieux : désormais que vive le Surhomme ! »).L'homme est tout entier le terrestre, et le surhomme sera lui aussi irrémédiablement le terrestre.
« Jadis on disaitcorps et âme suis ; mais moi je vous dis : corps suis tout entier, l' "âme" n' est qu'un nom pour désigner quelquechose du corps.
» L'antique dualisme métaphysique est surmonté, l'homme appartient tout entier à la terre, ausensible, à l'ici (« Je vous en conjure, mes frères : à la terre restez fidèles ! »).
Il devra apprendre à se dépassernon vers un idéal supraterrestre, mais vers le Surhomme comme celui qui serait le digne habitant de la terre, quandl'homme n'est que le nom d'une maladie qui couvre la surface de la terre.
« Que dise votre vouloir : soit le Surhommele sens de la terre ! »Désormais que de tout espoir supraterrestre l'homme a dû faire son deuil, l'alternative n'est plus qu'entre leSurhomme et le dernier homme.
Le Surhomme ne désigne pas une autre et nouvelle « espèce », il est au contraire lavérité de l'homme, ce que l'homme pourrait devenir s'il ne se complaît pas en lui-même sous la forme du dernierhomme, s'il accepte d'être une flèche et non un but, quelque chose qui se doit surmonter, s'il est capable de vouloirson déclin pour que vive le Surhomme, de tendre au loin la flèche de sa nostalgie.
« Ce qui chez l'homme est grand,c'est d'être un pont, et de n'être qu'un but.
[...] Ce que je puis aimer chez l'homme, c'est qu'il est un passage et undéclin.
»Zarathoustra enseigne non pas une vérité, mais un vouloir : « Que dise notre vouloir : soit le Surhomme le sens dela terre ! » Il n'enseigne pas une doctrine susceptible d'être vraie ou fausse, que l'on pourrait adopter ou réfuter.
«C'est une volonté nouvelle que j'enseigne aux hommes.
» Il enseigne une certaine qualité de la volonté qui nous metà même de renoncer enfin à toutes les « demi-volontés ».
« Ah ! Puissiez-vous rejeter tout votre demi-vouloir, etvous décider résolument pour la paresse ou l'action ! Ah ! Puissiez-vous entendre ma parole : faites ce que vousvoudrez, mais soyez d'abord ceux qui peuvent vouloir ! » Peu importe que l'on veuille ceci ou cela : seul compte lefait d'être capable d'authentiquement vouloir quelque chose.
Le nihilisme menace en effet l'essence même de lavolonté : comment et pourquoi vouloir quelque chose si au fond tout se vaut, c'est-à-dire que rien ne vaut ?L'éternel retour va avoir pour conséquence de donner pour contenu à la volonté le devenir lui-même.
B.
La volonté de puissance comme vérité de la vieLa volonté de puissance n'est pas un phénomène propre à l'homme, mais la caractéristique la plus constante de lavie, même si c'est souvent à partir de l'existence humaine que Nietzsche entreprend de la penser.
« Partout où j'aitrouvé de la vie, j'ai trouvé aussi de la volonté de puissance.
Et jusque chez l'esclave j'ai trouvé la volonté d'êtrenaître.
»La volonté de puissance n'est pas une tendance à laquelle pourraient s'opposer d'autres tendances, la volonté dejustice ou d'égalité par exemple.
Les revendications d«< égalité » et de « justice » ne sont que la volonté depuissance des faibles et des mal venus.
« Vive l'égalité ! », cela veut dire : « A bas les forts, à mort les puissants !»La volonté de puissance n'est pas le « vouloir vivre » schopenhauerien, qui aspirerait modestement à se maintenir envie : un tel vouloir n'existe pas.
Vouloir la puissance, c'est vouloir plus de puissance, c'est vouloir l'accroissement dela puissance.
La vie aspire sans cesse à triompher d'elle-même et à se surmonter elle-même, elle veut s'exhaussersur des piliers et des degrés : toutes les échelles d'évaluation, toutes les valeurs sont ces degrés que la vie se tendà elle-même pour se surpasser.
C.
Le désir de vengeance et le ressentimentToutefois cette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-ellealler à l'infini ? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volontéde puissance vient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.
Elle peut bien vouloir l'avenir mais non pasle passé.
Si l'avenir est le domaine qui lui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « En arrière nepeut vouloir la volonté.
».
»
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