FRAGMENTS Milésiens (Thalès, Anaximandre, Anaximène, dits les)

Il n’y a pas d’œuvres : rien d’authentique ne nous est parvenu des trois penseurs de Milet, que nous ne connaissons que par la doxographie, toujours sujette à caution.

A Milet, nous nous trouvons au berceau même de ce qu’il est convenu d’appeler «le miracle grec». Les historiens discutent à perte de vue sur les causes du phénomène. Contentons-nous de remarquer que Thalès, Anaximandre et Anaximène vécurent dans une cité située au centre d’une multitude d’influences culturelles très différentes.

Il importe davantage ici d’approcher ce qui est commun aux trois grands Milésiens que de répartir convenablement ce qui doit être attribué à chacun d’eux. Ce qui semble naître, aux viie et vie siècles, sur les rivages de l’Asie Mineure, c’est la volonté de sortir de l’explication mythique des phénomènes naturels. Car tel est l’objet des Milésiens, la nature (phusis), ce pourquoi on les surnomme les «physiciens» (sans que leur démarche puisse être sérieusement comparée à celle de nos «chercheurs» contemporains). L’explication s’efforce de contourner toute image anthropomorphique ;