Force ennemie - Roman de John-Antoine Nau (résumé & analyse)

Force ennemie

Ce roman conte à la première personne l’aventure intérieure, effrayante, souvent cocasse, d’un aliéné interné. Après avoir posé les personnages d’une galerie grotesque, le narrateur sent son comportement, reconnu aberrant, commandé par une « force ennemie ». Il se laisse envahir et, abandonnant le monologue, engage un dialogue schizophrénique avec l’« Etre », l’« Esprit » qui l’habite. Celui-ci (IIe partie) prend la parole : s’instaure le thème, devenu banal, d'un récit de science-fiction, dont il ne faut pas oublier qu’il fut écrit vers 1900. La force ennemie est un extraterrestre; dégagé de son « corps astral ». il est venu « voler » un corps sur la Terre et s’est emparé du narrateur, Veuly, l’homme veule. Sortant de son corps pour y laisser l'hôte insupportable, le narrateur voit, entend, conte ce que ses perceptions ne peuvent atteindre; il cesse de s’incarner dans le je; l’objet décrit, la troisième personne domine : cependant, des nous (narrateur + personnage épié) apparaissent. Il y a là une intéressante réflexion implicite sur la fiction romanesque.

Bientôt, revenant près de son corps, le narrateur se voit et se décrit en personnage-objet. Quand il se retrouve en lui, son hôte parasitaire s’exprime. Un nous instable et fortement marqué alterne avec le je habituel, coupé du il démoniaque : « Il abandonne la langue psychique et parle tout haut avec ma voix [...] Il a lu [...] dans ma pauvre cervelle... ».