FONDEMENTS DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MœURS, 1785. Emmanuel Kant

C’est le premier ouvrage spécifiquement consacré par Kant à la morale. Il ne constitue pas dans ce domaine un premier «essai », que viendraient perfectionner la Critique de la raison pratique et la Métaphysique des mœurs (1796-1797), mais le socle sur lequel s’élève le reste de l’édifice. Il n’est pas non plus séparable du reste du criticisme. La préface expose la place que la morale doit tenir dans la philosophie ; Kant justifie son entreprise par des considérations théoriques et des impératifs éthiques.

La première section opère le « Passage de la connaissance rationnelle commune de la moralité à la connaissance philosophique ». Kant part de la moralité telle qu’elle existe, pour en déduire les caractéristiques abstraites. Et, pour commencer, ceci : que seule la bonne volonté fonde la valeur morale d’une action. Une volonté bonne est une volonté pure de toute détermination sensible , une volonté désintéressée. Agir moralement, c’est agir par devoir, ce qui n’a pas la même valeur qu’agir conformément au devoir; par exemple, je peux rembourser mes dettes afin d’être mieux payé moi-même, ou éviter de mentir afin d’être toujours cru; mais dans ces deux cas, je n’agis pas moralement. Le devoir est la nécessité d’accomplir une action uniquement par respect pour la loi morale.

Mais en quoi consiste la loi? En d’autres termes: que dois-je vouloir? Rien d’autre que la loi elle-même, c’est-à-dire sa forme, qui est l’universalité. La question que le sujet moral doit se poser est donc celle-ci : puis-je vouloir que ma maxime devienne