FLEURS DE TARBES OU LA TERREUR DANS LES LETRES (Les) de Paulhan (résumé & analyse)

FLEURS DE TARBES OU LA TERREUR DANS LES LETRES (Les) de Paulhan. Essais, 1941.

Recourant à une parabole, Jean Paulhan (1884-1968) rapporte qu'un écriteau interdit d'entrer dans le jardin de Tarbes des fleurs à la main. Ceci sans doute d'éviter qu'un promeneur n'y cueille des fleurs tout en prétendant les avoir apportées d'ailleurs. Ainsi de la littérature, lorsque, romantiques, symbolistes ou surréalistes. les écrivains rejettent \"les fleure de rhétorique\" et ne considèrent plus dans le langage que clichés et lieux communs à bannir. La rhétorique devient interdite de littérature. Et. selon Paulhan, comme les fleurs dans le jardin de Tarbes, elle l'est pour de mauvaises raisons. Ajoutant à la parabole une hyperbole — soit précisément encore une figure de rhétorique — Paulhan appelle \"terreur\" ce rejet, en ce sens que, poussé à bout, il risque d'avoir pour conséquence la mort de la littérature: soit que, tel Rimbaud abandonnant définitivement \"la vieillerie poétique\", l'écrivain choisisse le silence: soit que, portant une telle attention à dénoncer \"les fleurs\" dans le langage, il finisse par dénoncer le langage en tant que tel et, par là même, s'empêche de communiquer l'expérience qui avait déterminé, probablement, sa prise de parole. Paulhan pose ainsi la question même des possibilités de la littérature, à une époque où les écrivains ne cessent d'être fascinés par ses limites.

Contrairement à ce que pense le terroriste, toute invention rhétorique est de nature paradoxale.