FICHE LECTURE L'épreuve du chômage, Dominique Schnapper
Publié le 14/08/2012
Extrait du document
Mais il sublime cette période par le discours et fait le point sur sa vie. Les cadres entreprennent des formations complémentaires, mais font moins d’activités culturelles qu’avant le chômage et réduisent leurs liens aux vrais amis. Même si la baisse de revenus n’est pas une privation, les cadres n’acceptent pas n’importe quel emploi moins rémunéré. Comme les cadres gardent de la distance à l’égard de leur situation, le pointage n’est qu’une formalité nécessaire, mais l’A.N.P.E. et l’A.S.S.E.D.I.C. sont jugés avec sévérité, car il y a une incompatibilité entre le fonctionnaire attaché au règlement et leur système de valeurs. Puis, leur système de défense s’efface progressivement après une année de chômage. La désocialisation augmente et la solitude diminue les cadres. Le pointage a un rôle matériel et psychologique positif. La crise de statut est si intense que certains sont prêts à faire des concessions pour un autre travail. Les autodidactes ont les deux handicaps : l’âge et l’absence de diplôme. Ils aiment l’entreprise où ils ont fait une longue carrière réussie et se sentent apte à exercer. Le chômage remet en cause l’identité acquise dans l’établissement. Le licenciement ainsi que la difficulté à trouver un emploi les surprennent, car ils sont jugés trop âgés. Mais les formations complémentaires sont jugées inutiles. L’activité de substitution sert seulement à passer le temps et ils s’interdisent les activités culturelles pendant que les autres travaillent. Ceux entrés sans diplôme rentrent dans le chômage total.
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intériorisé l'idée de carrière , n'acceptent pas n'importe quel emploi.
La recherche d'emploi est vue comme une situation subie et non contrôlée.
Seuls les jeunes sefamiliarisent avec le chômage donc l'humiliation s'atténue.
Ils refusent des conditions de travail en usine auxquels ils sont conduits par leur manque de formation.L'A.N.P.E.
est perçue comme efficace plus pour garantir les droits sociaux que pour trouver un emploi.
Le manque de compréhension condamne les chômeurs, car ilsne savent souvent pas comment faire avec toute l'administration.
L'ennui apparaît à cause de l'absence de statut de substitution.
Le chômage désorganise le tempsquotidien, qui paraît long.
Il ne peut donc pas y avoir d'activités organisées.
Puisque le temps de travail définit par son contraire le temps libre, il a un sens.
Lechômeur trouve indécent de faire du sport, reconnu comme un loisir, en pleine journée.
Le travail donnait un sens à l'existence.
Or, pendant le chômage, un sentimentnouveau de vide d'existence apparaît.
Le rôle du travail en milieu ouvrier est de protéger contre l'ennui grâce aux échanges humains et à la présence de liens sociaux.La désocialisation est quasi-totale.
Le nouveau sentiment de solitude s'installe : la personne se sent humiliée donc elle s'interdit de continuer les relations sociales etveut vivre son chômage en solitaire.
Le travail mesure la sociabilité : quand il est perdu, les occasions de rencontres et d'échanges (ce qui est recherché dans letravail) diminuent, ainsi que les responsabilités, la liberté, l'indépendance.
Certaines relations en dehors des activités professionnelles sont abandonnées pour lesrelations familiales.
C'est à cause du système de valeurs des classes populaires où il y a une instauration rigide des relations familiales : le rôle et la fonction sontdéfinis selon l'âge et le sexe.
Mais la désocialisation s'aggrave si l'intégration familiale est faible, et même quand elle est bonne, la répartition des rôles peut êtreremise en cause (l'homme chef de famille sent son rôle dévalorisé, car il a le sentiment que sa virilité est atteinte.) Les chômeurs ont une mauvaise vision de l'avenir,mais sont peu orientés vers l'action, la mobilisation.
Les ouvriers ne se remettent pas en cause quand ils ont été victimes d'un licenciement collectif.
b) Le chômageinversé : il est vécu par une population jeune, à 80% féminine, d'origine sociale moyenne ou supérieure et de niveau de formation variable.
Fréquemment, le niveaud'exigences n'est pas adapté aux besoins du marché de l'emploi.
Cette expérience est bien vécue, car grâce au niveau culturel il leur est possible d'adopter un statut desubstitution, le réseau social est extérieur au champ professionnel et l'intégration familiale est bonne.
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probabilité d'être au chômage est plus forte que pour les ouvriers, mais le sens de l'épreuve est inversé : les signes sont inversés par rapport aux autres chômeurs, ils sedonnent un véritable statut et accordent un sens positif au chômage pour pouvoir réaliser une vocation au nom de laquelle ils refusent le travail.
Ceci parce qu'ils ontles normes d'une contre-culture avec leur groupe d'appartenance.
Tout d'abord, les vacances des rentiers provisoires caractérisent une des deux façons de vivre lechômage à l'inverse des autres chômeurs.
L'organisation du temps est caractéristique de la vie d'étudiant : pas de responsabilité financière et sociale ni de contraintesextérieures.
Cette partie des chômeurs a peu ou pas connu le monde du travail et a des références et des normes d'un univers non professionnel.
Les « rentiersprovisoires » refusent le travail, car ils revendiquent la liberté et le plaisir des vacances ; ils justifient la non-activité et peuvent rejeter le plus loin possible cette idéedans l'avenir grâce à la situation d'assisté.
La norme du travail n'est pas intériorisée et permet de ne pas se sentir coupable ni honteux.
Le travail n'a qu'une valeur degagne-pain pour eux.
La vie d'artiste apparaît dans le chômage inversé.
C'est l'expression de l'adolescence bourgeoise.
Ici, le travail est dévalorisé, n'a aucunesignification.
Le pointage n'est donc qu'une formalité.
Tous paraissent socialement bien intégrés.
L'autodéfinition libre de l'artiste est une stratégie pour définir uneforme marginale et pour créer une identité.
Cependant, ils sont gênés par la situation d'assisté ainsi que la baisse des revenus, sauf s'il y a d'autres ressources dans lafamille.
Ils utilisent au mieux l'indemnité du chômage et ils alternent entre le chômage et l'activité professionnelle.
c) Le chômage différé : Il s'oppose au chômage total.
C'est le chômage des cadres, apparu dans les années 1970, créant la surprise à cause de leur qualification.
Lescadres utilisent un système de défense qui s'affaiblit avec la durée, où les chômeurs sombrent progressivement dans le chômage total car c'est un facteur qui influencela dimension et le sens du chômage.
Cette expérience vécue est spécifique et différée et concerne deux populations : les cadres et les anciens.
Les cadres se divisent entrois groupes selon les formations : scientifiques ou non et les autodidactes qui représentent le groupe le plus prépondérant.
En effet selon la formation ils n'ont pas lamême chance d'être au chômage.
La première année, le chômeur a le statut de cadre en chômage et reçoit le chômage comme une épreuve qu'il peut surmonter et quisert à préparer la période qui va suivre.
Le cadre lutte contre la déprofessionnalisation et la désocialisation.
Ils occupent le temps par une activité de substitution etpar la recherche d'un emploi vu comme un métier qui demande plus de temps et de compétences qu'un métier.
C'est une stratégie pour se démarquer des chômeurs duchômage total.
Elle a pour fonction de rassurer en plus de justifier et de maintenir les normes du milieu professionnel.
De plus, c'est une négation volontaire pour nepas connaître l'inactivité et le vide créé par cette période.
Pour les cadres, la préoccupation constante est l'idée de carrière comme sécurité et progression.
Latrajectoire professionnelle et le plan de vie qui définit l'identité du cadre sont remis en question et interrompus par le5
chômage.
Cela entraîne la crise d'identité et de statut personnel et social, l'humiliation et la culpabilité.
Même si la situation est interprétée, les cadres ressentent lestatut défavorisé et encore plus douloureux, car l'image sociale du chômeur est contraire à celle que le cadre se fait de lui-même.
Mais il sublime cette période par lediscours et fait le point sur sa vie.
Les cadres entreprennent des formations complémentaires, mais font moins d'activités culturelles qu'avant le chômage et réduisentleurs liens aux vrais amis.
Même si la baisse de revenus n'est pas une privation, les cadres n'acceptent pas n'importe quel emploi moins rémunéré.
Comme les cadresgardent de la distance à l'égard de leur situation, le pointage n'est qu'une formalité nécessaire, mais l'A.N.P.E.
et l'A.S.S.E.D.I.C.
sont jugés avec sévérité, car il y aune incompatibilité entre le fonctionnaire attaché au règlement et leur système de valeurs.
Puis, leur système de défense s'efface progressivement après une année dechômage.
La désocialisation augmente et la solitude diminue les cadres.
Le pointage a un rôle matériel et psychologique positif.
La crise de statut est si intense quecertains sont prêts à faire des concessions pour un autre travail.
Les autodidactes ont les deux handicaps : l'âge et l'absence de diplôme.
Ils aiment l'entreprise où ilsont fait une longue carrière réussie et se sentent apte à exercer.
Le chômage remet en cause l'identité acquise dans l'établissement.
Le licenciement ainsi que ladifficulté à trouver un emploi les surprennent, car ils sont jugés trop âgés.
Mais les formations complémentaires sont jugées inutiles.
L'activité de substitution sertseulement à passer le temps et ils s'interdisent les activités culturelles pendant que les autres travaillent.
Ceux entrés sans diplôme rentrent dans le chômage total.
II – Dégagement de l'intérêt de l'ouvrage :
Le livre de Dominique Schnapper permet de se familiariser avec le vocabulaire et la terminologie en sociologie.
Mais également de distinguer les carractéristiquesselon groupes sociaux et d'appréhender le type de comportement ou de réaction auquel peut s'attendre un travailleur social devant une personne au chômage.
Lalimite du livre est qu'il est ancien donc certaines données ne sont plus actuelles, et certaines mesures ont changées tels que le dispositif de l'ANPE et des ASSEDICdevenus aujourd'hui le pôle emploi.
III – Utilisation dans le mémoire : Le livre m'a permis d'aborder le thème du chômage qui n'a pas été traité en cours, j'ai donc puobtenir des connaissances sur l'éxpérience que vivent chaques cathégories de public qui subissent le chômage.
L'ouvrage me servira dans mon mémoire dans lesparties consacrées aux jeunes et aux exprériences de chomage : total, inversé et différé..
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