Fiche Lecture "Amour et Responsabilité"
Publié le 09/03/2024
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Fiche de lecture Amour et responsabilité Karol Wojtyla
Résumé et analyse du chapitre I : “La personne et la tendance sexuelle”
Dans ce premier chapitre, Karol Wojtyla va proposer d’analyser La Personne en tant
que sujet et objet de l’action (titre de la première sous-partie) en proposant notamment une
analyse du mot “jouir” qui sera développée plus tard.
Dans un premier temps, l’auteur va
commencer par poser le fait que l’homme est une personne, une personne à part entière
qui, contrairement aux animaux, est plus qu’un simple individu participant au concept
d’espèce humaine.
En ceci, il convient de distinguer l’Homme qui est qualifiable de
“quelqu’un” du reste des autres étants (au sens Heideggerien) du monde sensible qui sont
réductibles à un “quelque chose”.
En effet, l’homme ne saurait être réduit à sa condition
d’individu de l’espèce humaine (tendance proprement moderne) en ceci qu’il possède une
nature raisonnable.
Cette nature lui permet une pensée conceptuelle lui offrant la possibilité
de faire un retour sur sa propre existence et donnant ainsi une intériorité à sa vie.
Contrairement aux autres membres du monde animal, l’Homme n’existe pas que vis-à-vis du
monde, mais aussi vis-à-vis de lui-même et de son prochain.
C’est en ceci que tient le
mystère de sa condition de “personne” : terme proprement humain puisque seul l’humain
possède une vie qui lui est propre.
Il conviendra pour développer ce concept du mystère de
la personne de lire Personne et acte du même auteur.
En effet, l’homme se communique au
monde par le contact physique, mais aussi par son intériorité.
Cette vie intérieure étant en
somme la vie spirituelle de l’homme qui s’interroge sur les causes de tout et en
conséquence sur le bien et comment l’atteindre.
C’est par ce contact de son intériorité au
monde que l’homme peut vraiment se faire connaitre, faire connaitre son identité au-delà de
son aspect physique.
De plus, lorsque l’homme agit, il possède un certain libre arbitre sur
son action contrairement aux animaux qui, tels des machines (pour reprendre les idées de
Descartes) ne font que subir leurs instincts.
Ainsi, lorsque l’homme agit, il est non seulement
sujet de l’action (celui qui porte l’action) mais aussi objet de l’action (celui sur qui se porte
l’action).
Toutefois, certains actes ont une autre personne pour objet de l’action et en ceci, il
convient d’analyser les principes auxquels une personne doit se soumettre lorsque son
action a pour objet une autre personne.
C’est ici que Wojtyla développe réellement son analyse du mot jouir -qui se dit en polonais
“używać”- et qui possède deux sens.
Cependant, nous retiendrons ici que “Jouir, c’est user,
autrement dit se servir d’un objet d’action comme d’un moyen pour atteindre le but auquel
tend le sujet agissant”.
Ainsi jouir sous-entend qu’il y a subordination entre le sujet qui agit et
son moyen.
De fait, dans son rapport au réel, l’homme jouit du monde : il s’en sert et utilise
les richesses qu’il lui offre pour accomplir des objectifs proprement humains (bien que l’on
attende de l’homme, en particulier dans une perspective chrétienne, qu’il ne gaspille pas ses
ressources qui lui sont offertes et qu’il en fasse une utilisation juste).
Bien que ces principes
de jouissance soient facilement compréhensibles dans le rapport de l’homme au monde et
aux animaux, il en va autrement lorsqu’il s’agit de l’appliquer dans des relations entre
personnes humaines.
Formulé différemment, le problème serait, je cite : “Avons-nous le droit
de traiter la personne humaine comme un moyen et de l’utiliser comme tel ?” La question se
pose dans presque tous les domaines sociaux : travail, famille, armée et plus
particulièrement dans le rapport homme-femme.
Car il semblerait que dans les rapports
sexuels la femme est moyen pour l’homme d’arriver à ses fins et inversement.
Ici le
problème n'est pas psychologique, mais bel et bien moral puisqu’il est évident qu’une
personne ne peut pas être simple moyen.
Comme nous l’avons vu précédemment, ce qui
fait qu’une personne est humaine, c'est justement le fait qu’elle est capable
d’auto-détermination.
Elle peut donc définir ses propres objectifs.
Ainsi, considérer une
personne comme un simple moyen reviendrait à la dégrader purement et simplement.
De
fait, ce principe (ne jamais traiter une personne comme un moyen) est universel puisque
même Dieu (qui a doté l’Homme de sa nature raisonnable, donc libre) n’impose pas certains
fins à l’homme.
En effet, il se contente de les lui faire connaître pour que, par sa raison, il
tende vers elles d’une manière parfaitement libre.
Il s’agit ici d’un principe dit personnaliste :
il faut toujours garder en tête lorsqu’une personne est objet de l’action qu’elle a elle-même
sa propre fin.
Jusqu'ici, l'auteur n’a pris le problème que dans une approche négative : il ne faut pas user
de la personne.
Ainsi, dans cette troisième sous-partie, il va proposer d’opposer “user et
“aimer”.
En effet, l’amour apparaît comme étant la seule antithèse à l’utilisation de la
personne comme moyen, puisqu'il est permis de vouloir qu’une personne tende vers le
même bien que nous.
Pour ce faire, il faut en premier lieu que la personne concernée
connaisse ce bien et qu’elle le reconnaisse comme bien pour pouvoir l’adopter comme sien.
Si deux personnes partagent un même bien, il se crée entre elles un lien du bien qui a pour
base le but commun.
Par ailleurs, ce lien unit également l'intériorité de ces deux personnes
et va constituer le noyau de tout amour véritable.
Sans ce bien commun qui unifie et
constitue un but partagé, il ne peut pas y avoir d’amour.
Ce choix (conscient) est également
une force unificatrice puisqu'elle va mettre deux personnes distinctes sur un même pied
d’égalité sans qu’il y ait un rapport de soumission entre elles.
Elles sont toutes deux
subordonnées à ce même bien qui constitue le noyau de leur amour.
Ceci est en particulier
vrai dans les rapports entre homme et femmes.
Ainsi, dans le mariage, ce bien commun
serait à la fois la famille, la procréation et l’épanouissement dans le rapport entre ces deux
personnes.
Or, il est exact qu’observer la finalité du mariage ne suffit pas à fournir une
réponse satisfaisante au problème posé par Karol Wojtyla au début de ce chapitre.
C’est pourquoi dans cette quatrième sous-partie, l’auteur propose d’analyser l’autre
signification que peut avoir le mot “jouir”.
À savoir ressentir un plaisir (pouvant prendre
diverses formes telles que la satisfaction sensuelle, affective ou tout simplement une grande
joie) qui est lié à l’action et à l’objet de l’action.
Or, il est vrai que nous employons
majoritairement le terme jouir dans la relation entre l’homme et la femme, et plus
particulièrement la relation sexuelle.
En effet, dans cette dernière, l’objet de l’action est
toujours une personne qui devient alors la source essentielle du plaisir.
Dans la relation
sexuelle également, autrui peut être réduit à un moyen si le sujet agissant pose son action
uniquement en vue du bien qu’il peut en retirer.
De même, si l’on reconnaît autrui comme
personne, il convient d’accepter une subordination de la jouissance à l’amour, car comme
nous l’avons vu précédemment, c'est par celui-ci qu’une personne peut être reconnue en
tant que telle et non comme moyen de l’action.
Dans la cinquième sous-partie de ce premier chapitre, Wojtyla va mettre en place une
critique de l’utilitarisme, qui est l’une des caractéristiques majeures de l’homme
contemporain.
L’utilitarisme -et par extension l’utilitariste- fait primer l’utilité de l’action sur
toute autre caractéristique.
Selon ce principe, être heureux consiste en le fait de mener une
vie agréable et pour ce faire, d’ordonner ses actions afin de s’assurer un maximum possible
de plaisir pour un minimum de peine.
Aux premiers abords, rien ne semble mauvais dans
l’utilitarisme puisque comme l’a dit Aristote “Toute recherche et toute action, toute science et
tout art tend vers son bien propre.” Le problème tient dans le fait que l’utilitarisme
subordonne le comportement individuel et social de l’homme à cette recherche de plaisir
alors même que le plaisir n’est ni l’unique bien ni le but essentiel de l’action humaine.
Par
essence, le plaisir n'est qu'une caractéristique de l’action qui se présente à l’occasion de sa
réalisation et par conséquent ne peut être évalué, calculé ou planifié à l’avance.
Il apparaît
comme logique que placer la recherche du plaisir comme but de l’action va nous pousser à
considérer autrui comme simple moyen de l’atteindre.
Plus particulièrement et plus
dangereusement aussi dans les rapports sexuels puisqu’aucun rapport utilitariste ne peux
être fondé sur l’amour.
L’utilitarisme nous enferme dans une recherche du plaisir égoïste, car
le plaisir en lui-même est égoïste du fait que contrairement au bien, il n’est pas
trans-personnel.
L’altruisme de l’utilitariste n’est qu’apparent car si l’on admet que le plaisir
est le seul bien, je ne peux apprécier le plaisir d’une autre personne qu’à travers le mien.
Si
le plaisir d’autrui cesse de m’apporter du plaisir ou ne fait plus partie de mon calcul de
bonheur (bonheur qui n’est qu’une forme de plaisir placé sur une échelle du long terme) il
n’y a plus de lien entre cette personne....
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