Fiche de lecture: VOL DE NUIT d'Antoine de Saint-Exupéry

« — Relations entre chefs et subordonnés .

cf.

« Si c'est par amitié qu'ils vous obéissent, vous les dupez.

Vous n'avezdroit vous-même à aucun sacrifice », p.

63.

« Aimez ceux que vous commandez, mais sans le leur dire », p.

64.— Responsabilité du chef qui pense, qui mène les autres : « Et les hommes sont de pauvres choses, et on les créeaussi », p.

83.— Solitude et orgueil de Rivière, p.

71-72.b) dangers de cette conception— Nietzschéisme : « Un chef si fort qu'il ne craignait pas d'être injuste », p.

47.— Mépris des autres, des faibles - « ...les petits bourgeois...

Juste ou injuste envers eux, cela n'a pas de sens : ilsn'existent pas », p.

49.— A-t-on le droit de choisir pour autrui, de disposer de lui, même pour le « rendre éternel »? — « Au nom de quoi » ?, p.

128.

Problème inquiétant que Rivière, et par- delà, Saint-Exupéry, laissent sans réponse, et qui peut laisserentendre une utilisation inacceptable des hommes. 2.

A L'ACTION — Il s'agit d'une action utile et non gratuite.— Comment les risques sont-ils justifiés ?Par le but ? Le bilan de la Compagnie ? Le culte du courrier, symbole des relations humaines, mais aussi celui des «petits bourgeois » ?« Le but peut-être ne justifie rien, mais l'action délivre de la mort » (p.

158) répond Rivière.L'action est l'affirmation du pouvoir de l'homme de « transformer le monde et soi-même ».— L'action donne de « fortes joies ».

Est-elle la solution d'un problème Individuel ?— Valeur du métier, p.

31-32.— L'antagonisme est-il irréductible entre le bonheur individuel et l'action ?Ces hommes sont-ils exceptionnels, exempts de faiblesse ?Saint-Exupéry a-t-il voulu nous engager à admirer les héros ? (of.

les précautions prises par Saint-Exupéry quin'emploie jamais ce terme, p 42).N'a-t-il pas une tension ? (qui disparaît dans les ouvrages suivants où Saint-Exupéry met l'accent sur la camaraderieet l'amitié, souvent favorisées par l'action commune). Forme TonToujours discrètement lyrique : on sent l'intérêt passionné de l'auteur pour tous les événements et tous lesproblèmes.Suivant les moments du récit, le ton est :— épique : dans la lutte du pilote contre les éléments;— très simplement pathétique : dans l'entrevue Rivière- Mme Fabien, presque des paraboles, qui ne rompent pasl'intention dramatique (cf.

Le Temple des Incas sur la montagne, p.

130).— moraliste : quand il condense sa pensée en maxime : « le but peut-être ne justifie rien mais l'action délivre de lamort ». CompositionLa composition, extrêmement rigoureuse, ne comportant pas de digression, répond à l'esthétique de la nouvelle plusqu'à celle du roman.a) Tout se passe en quelques heures, du coucher du soleil à deux heures du matin.b) Les personnages n'apparaissent que dans !a mesure où ils sont utiles à la thèse.

Tous sont nécessaires : lesfemmes incarnent la douceur de la vie; les mécaniciens participent par le travail consciencieux et modeste à unegrande cause; même Robineau, l'inspecteur, dont le seul vrai secret était un gênant eczéma, joue le rôle d'uneombre qui fait ressortir les traits accusés des autres hommes.Rythmes, correspondances dans la composition sont très soignés, comme dans un film où pourraient alterner lesscènes dans le ciel et les scènes à terre.Le roman se déroule ainsi :t.

Vol heureux de Fabien, pendant lequel, avec lenteur mais sans excès, sont présentés les éléments de la Ligne,pilote du Chili, mécaniciens, inspecteur.2.

Cela s'achève au moment où Rivière capte le message de Fabien, aux prises avec le cyclone.

Dès lors, entraînéspar l'aventure du pilote, se déroulent sur un rythme rapide l'action, les réflexions, les décisions de Rivière. Langue-style1.

Simplicité : dans le choix des mots avec une prédilection pour des termes comme : or, doré, étoile, fleur, berger,éternel, etc...— dans la construction de la phrase : tantôt sèche, dans les maximes ou l'action (Ex.

« la fusée s'enflamma, illuminala plaine et s'éteignit : c'était la mer »), tantôt longue et ombreuse dans la rêverie ou la contemplation;. »