Fiche de lecture sur "Introduction à l'Historiographie"
Publié le 19/09/2023
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«
Introduction à l’historiographie, Marie-Paule Claire-Jabinet
1994/2016 (quatrième édition) - Armand Colin
207 pages
Chapitre 1 – La période médiévale : une histoire chrétienne
P15-45
Au Moyen-Âge (Vème-XVème siècle), l’histoire est une discipline mineure dans une société profondément influencée par le
christianisme.
1.
Une histoire injustement sous-estimée
P16-25
1.1 La tradition historiographique
P16-18
Au Moyen-Âge, l’histoire est subordonnée à la religion.
Elle est utilisée pour justifier la morale chrétienne.
Les livres d’histoire
médiévaux sont souvent associés à des prophéties ou à des textes hagiographiques.
Les historiens de la Renaissance se dressent contre les œuvres de leurs prédécesseurs : ils moquent leurs erreurs et ils jugent
l’influence de l’hagiographie et du merveilleux chrétien contraires à la démarche historique.
Néanmoins, depuis le XXème siècle,
cette déplorable réputation de l’historiographie médiévale est remise en cause et les efforts des historiens médiévaux sont
salués.
L’histoire médiévale peut être divisée en deux périodes :
- Vème - XIIème siècle : les historiens (surtout des clercs) ne peuvent élaborer une véritable méthode, faute de matériel technique.
- Dès le XIIème siècle, la production historique se renouvelle, du fait de l’enrichissement général, de l’essor urbain, des progrès
de la théologie et de l’affirmation du pouvoir royal.
L’histoire intéresse plus de clercs et des laïcs.
Les croisades diversifient les
horizons culturels.
Ainsi, l’histoire acquiert son autonomie en tant que discipline intellectuelle.
1.2 Les documents dont dispose l’historien médiéval
P18-25
L’historien médiéval doit composer avec un matériel historique insuffisant.
L’historien Bède (VIIIème siècle), préconise d’utiliser
« les écrits des anciens », « les récits des ancêtres », et ce que l’historien sait « pour en avoir été témoin » (P18).
•
Les références sur laquelle l’historien médiéval se base sont citées au début de l’ouvrage.
Les principales sources de
l’histoire écrite sont :
- des textes bibliques, en majorité
- des sources antérieures au VIème siècle, parmi lesquelles les œuvres de Saint Jérôme.
- des sources du VIIème – VIIIème siècle, notamment les œuvres de Bède.
- dès l’époque carolingienne, des auteurs païens antiques comme Tite-Live, Lucain.
Ces historiens intéressent surtout le
public laïc.
- des œuvres récentes comme L’Histoire scolastique de Pierre le Mangeur (vers 1170).
•
Les historiens médiévaux disposent d’archives, dont certaines ont été conservées pour servir l’intérêt de riches
familles.
Les conditions de conservation des archives sont très inégales, surtout dans le domaine laïc.
De nombreux
documents ont aujourd’hui disparu.
D’autres ne sont connus que parce que l’auteur les a retranscrits dans des ouvrages
de commande.
Un inventaire des archives royales est dressé au XIVème siècle ; ces archives servent alors à écrire une histoire locale dont
la diffusion géographique est limitée.
Les documents sont conservés dans des bibliothèques qui restent pauvres au début du Moyen-Âge.
Avant l’invention de
l’imprimerie (XVème siècle), les manuscrits sont peu reproduits car le recopiage sur parchemin est long et cher.
Même dans les
grandes bibliothèques (comme celle de la Sorbonne), la majorité des ouvrages sont des ouvrages ecclésiastiques et les livres
d’histoire sont rares.
La détérioration, la perte et les vols y sont fréquents.
Les bibliothèques sont conçues pour le travail des moines et des chanoines.
Il faut attendre la fin du Moyen-Âge pour qu’elles
s’ouvrent à un plus large public.
Au-delà des sources écrites, les ruines, monuments et inscriptions sont utilisés.
Néanmoins, ces sources sont difficilement
interprétables jusqu’aux XIVème siècle, où on observe des progrès dans le domaine de l’épigraphie et de l’archéologie.
Les tombes servent à asseoir l’autorité politique.
Par exemple, Louis IX réorganise le cimetière du monastère de Saint-Denis pour
démontrer la continuité entre la dynastie mérovingienne et la dynastie capétienne.
« […] L’histoire apparaît comme un ciment
idéologique qui fonde la politique capétienne » (P24).
Les historiens médiévaux accordent une grande importance au témoignage oral.
Pour pallier au manque de sources, ils se réfèrent
aussi aux récits populaires, aux chansons de gestes et aux traditions.
2.
L’invention d’un genre autonome
2.1 La mise au point progressive d’une méthode
P25-30
P25-28
Les historiens médiévaux cherchent à inscrire le temps dans un dessein divin.
La liturgie s’appuie sur l’histoire pour fixer un
calendrier des fêtes religieuses et retracer l’histoire depuis la Création.
Les listes de noms et des durées de règne des papes, des empereurs et des rois servent aussi de repères, même si les dates ne
sont pas toujours vérifiables.
Au XIème siècle, les rois se voient attribuer des surnoms et des numéros qui permettent de les classer
plus aisément et manifestent la continuité dynastique.
La critique des documents devient plus systématique à partir du XIIème siècle.
Les faux documents sont nombreux, parfois
rédigés pour prouver la légitimité des commanditaires.
Avant le XIIème siècle, les textes ne sont pas authentifiés en les comparant avec d’autres documents.
On se contente alors de
conserver leur sens général et de les faire confirmer par l’autorité ou par la tradition.
Au XIIème siècle, les illustrations dans les ouvrages d’histoire se multiplient pour répondre à le demande d’un public riche, mais
elles sont généralement anachroniques.
A partir du XIVème siècle, les instruments de travail sont améliorés : les textes sont organisés (division en chapitres,
numérotation des pages, mise en exergue des titres, généralisation de la table des matières).
2.2 La diversité de la production historique
P28-30
Différents genres historiques apparaissent alors : annales et chroniques privilégient les descriptions d’événements brèves et
précises, situées dans le temps.
Pour les textes d’histoire, priorité est donnée au style, sur le modèle des historiens antiques.
Chez les clercs, le souci du style est lié à la célébration de la grandeur divine.
Au XIIème siècle, le français remplace le latin pour le public laïc, mais les œuvres historiques restent souvent écrites en vers.
Au
détriment de l’exactitude historique, les œuvres écrites pour de riches commanditaires se multiplient, et les œuvres écrites
pendant les croisades exaltent les prouesses des chevaliers.
L’histoire devient un genre à part entière, divisé en plusieurs branches :
- l’histoire providentielle dépend de la théologie.
- l’histoire érudite est destinée à une élite de clercs.
- l’histoire politique fonde le sentiment national.
- l’histoire « roman » conquiert un public plus vaste composé de laïcs cultivés.
3.
L’histoire des clercs
3.1 Les évêques : premiers commanditaires
P30-37
P30-33
Les évêques, autorité politique et morale, écrivent les premiers textes historiques du haut Moyen-Âge.
Les évêques font rédiger l’histoire de leur diocèse pour illustrer leur grandeur.
Certains ateliers fondés par les évêques sont
réputés, notamment celui de Reims, qui devient le lieu de production de l’histoire officielle à l’époque carolingienne (ce qui
témoigne du lien des évêques avec le pouvoir politique).
3.2 Les moines
Les moines historiens, érudits, travaillent en commun dans les monastères pour produire des hagiographies, des livres d’histoire
universelle et des ouvrage d’histoire ecclésiastique.
L’histoire monastique, très importante du Xème au XIIème siècle, s’essouffle
ensuite face à l’histoire laïque.
•
•
•
Après l’apogée de l’abbaye de Fleury au Xème siècle, l’abbaye de Saint Denis devient le principal centre historique du
royaume.
Sa grande œuvre est une compilation de l’histoire de France : les Grandes Chroniques de France.
Les ateliers monastiques produisent des ouvrages d’histoire universelle.
Jusqu’au XVIIIème siècle, les faits sont
généralement interprétés par les clercs selon une volonté divine.
Les moines rédigent aussi des chroniques d’histoire
locale qui retracent l’histoire de leur monastère et comptent ainsi parmi les pionniers du sentiment national.
Les ordres mendiants, ordres urbains proches des universités, se développent au XIVème siècle.
L’entreprise historique
y est secondaire ; les clercs cherchent plutôt à des exemples historiques pour illustrer leurs sermons.
Cependant, certains
moines franciscains accomplissent des missions lointaines dont ils rapportent des récits ethnologiques et géographiques
précieux.
Aujourd’hui, les historiens trouvent surtout dans l’histoire ecclésiastique médiévale une source de réflexion sur l’histoire culturelle
des représentations.
4.
L’histoire des laïcs
P37-43
4.1 Un public laïc
P37-40
Dès le XIIème siècle, un public d’aristocrate s’intéresse à l’histoire et acquiert des manuscrits illustrés, de préférence en français
et en prose.
•
•
Les croisades renouvellent l’intérêt pour l’histoire.
Les récits de croisades se multiplient mais ne se soucient pas tous de
la réalité historique.
Les chroniques, œuvres de commande destinées à un public aristocratique, se multiplient.
Jean Froissart (XIVème siècle)
renouvelle le genre en mettant en scène les exploits des chevaliers pour flatter ses commanditaires.
Il réarrange la vérité
historique selon ses intérêts mais s’attache à diversifier sa documentation.
4.2 De l’histoire des rois à l’histoire nationale
P40-43
« Dès le XIIème siècle, certaines dynasties utilisent l’histoire pour appuyer leur politique » (P40).
Ainsi, dans le contexte
historique troublé du XIVème siècle, la monarchie française utilise l’histoire comme réconfort et comme justification ; en découle
l’ouvrage Chroniques de France, de Pierre d’Orgemont, qui connaît un grand succès auprès du public aristocratique.
Charles VII instaure la tradition d’un historiographe officiel du roi.
L’histoire donne également aux Français le sentiment de leur origine : les Français pensent alors qu’ils descendent des Troyens,
qui seraient venus en Gaule où ils se mêlèrent aux Francs.
Ce mythe, qui attribue aux Français une origine noble, persiste jusqu’à
la fin du Moyen-Âge.
Parmi les personnages plus récents,....
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