Fiche de lecture : POULPES (Les) de Raymond Guérin

« D'entrée de jeu, l'auteur annonce: ·Ce livre ne se raconte pas; il a bien un sujet mais pas d'histoire.

Au diable l'histoire! Le cadre? La captivité.

Les personnages? Moins que des ombres.

L'atmosphère? Fantomale.

L'expres­ sion? Transposée dans sa crudité même ou ses artifices.

son tragique ou son burlesque, par des emprunts au précieux autant qu'à l'argot, aux chan­ sons des rues autant qu'au bagage des poètes.

• En fait.

le ton général est la dérision.

Le décor: un camp de prison­ niers, en AJlemagne, entre 1940 et 1944.

Les personnages: des sobriquets Cie Grand Dab, Thorax d'Ajax.

La Globule, Cornette-Bif.

Chienne-de-vie.

Frise­ poulet!.

L'action: la vie quotidienne dans le camp, avec l'obsession de la nourriture, la promiscuité à l'intérieur des baraquements, les appels, les cor­ vées.

les brimades, les tentatives d'éva­ sion.

Le texte se présente comme un flux continu, sans aucune utilisation de la forme dialoguée.

C'est le discours intérieur auquel s'adonne le narrateur, situé dans le monde du dedans.

par opposition violente au monde du dehors.

Le livre se termine sur un constat d'échec: •Quelle humiliation que la vie! Tout n'était toujours et par­ tout, tout ne serait désormais.

toujours et partout, que cauchemar et fantas­ magorie ...

• • Par cet ouvrage issu d'une expérience personnelle, Guérin (1905-1955) poursuit une œuvre romanesque commencée avec Zobain en 1936.

Echappant à t out classement.

Guérin s'insu rge dans Un romancier dit son mot U948J contre le qualificatif de • réaliste • qui lui est appli­ qué.

Pourtan t.

son œuvre posthume Le Plus de la plaie (1962) su.it minutieuse­ ment.

et de façon tout à fait naturaliste.

l'évolution de sa maladie.

• Connue d'une poignée de lecteu rs da.n.s les années s oixante et soixante-dix.

l'œuvre de Guérin, peut-être pa rce qu'elle se retrouve en phase avec un ce rtain mal de vivre.

connaît un regain de faveur depuis les années quatre-vingt.

ÉomONo Guérin.

Les Poulpes.

Le Tout sur le Tout.

1983.. »