Fiche de lecture: Picaudou Nadine, La décennie qui ébranla le Moyen-Orient 1914-1923. Histoire.
Publié le 01/09/2012
Extrait du document
Le sort du Moyen-Orient, a la fin de la guerre, va se déclarer en Europe a travers une série de conférences diplomatiques. De ces dernières, sort la carte territoriale contemporaine de la région avec la création des Mandats, préfiguration des futurs États arabes. En dépit des nombreuses manifestations d'indépendances, le Moyen-Orient passe sous la domination occidentale, essentiellement celle de la Grande Bretagne et de la France. Au Moyen-Orient, le Hedjaz étant considéré comme puissance belligérante faisant partie du camp des vainqueurs, la Grande Bretagne fait pression pour que l'émir Faysal soit l'unique représentant des Arabes a la conférence de Versailles. Les Britanniques interdisant aux Palestiniens, aux Mésopotamiens et aux Égyptiens d'envoyer une délégation en France. Encadrés par des officiers britanniques, dont T. E. Lawrence, Faysal expose en janvier 1919 les revendications arabes, nettement favorables a l'influence britannique. Faysal propose une fédération d'États, sous la direction de son père, composée de la Syrie, de l'Irak, de la Palestine, du Hedjaz et du Yémen. Mais la France est opposée au mémorandum de Faysal. Elle considère ce dernier comme une créature des Britanniques. Elle favorise donc la présentation a la conférence de Versailles des demandes syriennes et libanaises hostiles a Faysal. En décembre 1914, la Grande Bretagne a proclamé l'instauration de son protectorat sur l'Égypte, mettant fin officiellement a la souveraineté ottomane sur le pays. Ainsi, le contrôle britannique en Égypte est plus fort mais la guerre a profondément influé sur la société égyptienne. Cependant, a la fin de la guerre, les Égyptiens, confortés par le discours de Wilson, entendent réclamer leur indépendance. Les revendications irakiennes quant a elles s'expriment lors de la consultation populaire organisée par la Grande Bretagne en décembre 1918. les populations réclament un Etat arabe s'étendant de Mossoul a Bassorah et dirigé par un roi arabe musulman dont le pouvoir sera limité par une assemblée législative. Ceci n'aboutissant pas, les notables chiites décident de s'adresser directement au président Wilson. Le 21 février 1919, une adresse a ce dernier revendique l'autodétermination et l'indépendance du peuple irakien. Par ailleurs, en décembre 1918, les Français et les Britanniques ont tenté de se mettre d'accord sur l'avenir de leur présence en Orient. Il est clair que l'accord Sykes Picot ne sera pas respecté. Des négociations ont lieu par la suite entre Clémenceau et Lloyd George, les deux chefs de gouvernement qui s'entendent pour un nouveau partage des responsabilités dans la région. Londres incite l'émir Faysal a s'entendre désormais avec la France. Au terme d'une négociation secrète, Faysal et Clémenceau signent effectivement un accord le 6 février 1920 qui prévoit la reconnaissance d'un protectorat français sur le Liban , de la reconnaissance par la France de l'indépendance de la Syrie avec Faysal pour chef d'État et Damas pour capitale ainsi que la nomination d'un haut commissaire français en Syrie. Mais cet accord secret n'a jamais été rendu public et donc n'a jamais été appliqué.
«
I le Moyen-Orient au cœur de la guerre
a.
Le Moyen-Orient, théâtre secondaire de la première guerre mondiale.
Le 2 août 1914, l'Allemagne et l'Empire ottoman signent un traité secret d'alliance auquel adhère, deux jours plus tard, l'Autriche-Hongrie.
Ce traité n'entraine pasdans l'immédiat l'entrée en guerre des Ottomans.
Ces derniers restent neutres, tout en étant favorables aux Empires centraux.
Le 9 septembre, la Porte annonce lasuppression unilatérale des capitulations et met ainsi fin a l'état de sujétion dans lequel l'Europe le tenait depuis plus d'un siècle.
Le 23 septembre, la flotte de guerrepasse sous le commandement d'un officier allemand .
Le 29 octobre, on a affaire a un véritable acte de guerre que se livre cette dernière en bombardant le port russed'Odessa.
En réaction, la Triple Entente déclare la guerre a l'Empire ottoman les 2 et 5 novembre 1914.
le 23, la porte proclame la guerre sainte dans tout le mondemusulman.L'armée de l' Empire ottoman est encadré par des officiers allemands.
Les forces ottomanes sont réparties sur un front caucasien contre la Russie, composé de la IIIearmée et commandé par Enver Pacha, sur un front égyptien contre la Grande Bretagne, composé de la Ive armée et commandé par Jamal pacha (80 000 hommes), descorps d'armée concentrés autour de la capitale et qui vont bientôt servir sur le front des Dardanelles, des forces armées en Mésopotamie face a l'offensive britanniquesur Bassorah.L'orient, quant a lui, possède 4 fronts principaux:l'Égypte: dont l'objectif premier est la prise du canal de SuezLe Caucase: ou les officiers allemands sont chargés d'immobiliser l'armée russe et d'éviter les transferts de force vers l'Europe orientale ou l'Allemagne mène desoffensives d'envergure.Les Dardanelles: en février 1915, les navires de guerre britanniques et français tentent de forcer le détroit des Dardanelles, en vue de s'emparer de la capitaleottomane devant des résistants ottomans menés par le colonel Mustafa Kémal.La Mésopotamie: a la fin 1914, les Britanniques débarquent dans la région de Bassorah et s'en emparent le 21 novembre, afin d'assurer la protection du Golfe et lesapprovisionnements en pétrole persan mais dès le début de la guerre, les britanniques ont été confrontés a la révolte des religieux chiites, sensibles aux appels dudjihad de l'empire ottoman.Ainsi, dès le début de la guerre, les comités politiques arabes se lancent dans un double jeu: tout en réaffirmant leur loyauté a l'égard de l'Empire, ils établissent descontacts secrets avec les alliés, notamment via l'Egypte, ou de nombreux Arabe syriens résident, ainsi que des officiers arabes ayant déserté.
Pour réussir, la révoltedoit s'étendre a la péninsule arabique.
Al Fatat, qui a transféré son bureau a Damas, entre également en relation avec les chefs des principales tribus bédouines dudésert de Syrie, afin de préparer une révolte de la région contre l'Empire.
Mais Al Fatat se tourne vers le chérif Hussein de la Mecque.
Ce dernier envoie secrètementson fils Faysal a Damas en avril 1915.
il affirme que l'appui militaire de la Grande Bretagne est nécessaire au déclenchement de toute insurrection d'envergure etpropose d'entrer en contact avec Londres pour obtenir son engagement.
C'est dans ce contexte que le comité arabe rédige un projet de coopération avec la GrandeBretagne, connu sous le nom de « protocole de Damas », préfiguration des futures demandes diplomatiques arabes.
Cela dit, peu de temps après, les mouvementsnationalistes arabe de Syrie sont décapités et désormais, tout mouvement d'insurrection ne peut venir que de la péninsule.En mai 1915, le gouvernement ottoman ordonne le déplacement de tout les Arméniens d'Anatolie orientale.
La progression militaire russe fait craindre a la Porte unsoulèvement de ces derniers.
Les opérations se déroulent rapidement dans des conditions effroyables: pillages, incendies, massacres...
sous l'action de l'Organisationspéciale, les colonnes de déportés arméniens se dirigeant vers le Syrie et la Mésopotamie sont décimés progressivement.
Les pertes humaines sont estimés entre 300000 et un million d'individus.
Il s'agissait en fait de supprimer un groupe ethnique faisant obstacle a l'unification de l'Empire.
b.
l'ouverture de la question d'Orient
Depuis le XIXe siècle, la Russie convoite les détroits ottomans du Bosphore et des Dardanelles, dont la possession lui permettait de faire sortir sa flotte de guerre enMéditerranée et de prendre le contrôle de Constantinople.
Mais les visées russes sont constamment entravées par l'action diplomatique et militaire des autrespuissances européennes.
L'arrivée du tsar Nicolas II qui réclame la liberté de passages maritime et l'occupation de Constantinople par la triple entente connait unaccueil favorable du coté des français et des anglais.En mars 1915, les représentants de la triple entente se réunissent dans la capitale russe afin de préciser les demandes de chacune des puissances.
La France demandela Cilicie et la Syrie en précisant que cette dernière région englobe la Palestine.
Mais ils se heurtent a la Russie qui refuse de voir les Lieux Saints de Palestine passersous contrôle français et préférerait un régime international.
La question principale de ces « accords » est celle de l'avenir de l'Orient arabe.Par ailleurs, le chérif de la Mecque ne pense pas pouvoir déclencher une insurrection arabe sans l'appui de la Grande Bretagne.
Le 14 juillet 1915, il envoie une lettreau haut commissaire britannique en Egypte, MacMahon.
Il propose de créer un mouvement d'insurrection dans la Péninsule arabique, essentiellement dans la régiondu Hedjaz.
En échange, il réclame l'indépendance des « pays arabes » au sud d'une ligne allant de Mersine ( Cilicie) a la frontière persane et a l'exclusion de la régiond'Aden ( Yémen) qui resterait aux mains de la Grande Bretagne.
Le chérif demande également la reconnaissance d'un Califat arabe de l'Islam et l'abolition desprivilèges étrangers.
La Grande Bretagne accueille favorablement les demandes du chérif.
Du point de vue militaire, elle craint que l'entrée en guerre de la Bulgarien'entraine l'arrivée de contingents allemands et autrichiens dans le Sinaï.
Si l'Égypte tombe entre les mains de l'ennemi, la Grande Bretagne estime que les Alliés ontperdu la guerre.
Il faut dont tout faire pour créer une ligne qui rejoindrait Damas a Médine.
Le chérif de la Mecque accepte les demandes britanniques enMésopotamie mais il refuse les arguments sur le littoral syrien.
Il estime que si Londres est réservé sur cette région c'est parce qu'elle est fortement peuplée dechrétiens.
Or, pour Hussein, chrétiens et musulmans sont ethniquement arabes et il ne peut être établi de différence.
La Grande Bretagne, craignant que cette réserven'entraine le refus du chérif de déclencher rapidement la révolte, décide qu'il est nécessaire de s'étendre au plus vite avec la France sur l'avenir de ces région del'Orient arabe.C'est ainsi que la Grande Bretagne tient la France informée des ouvertures du chérif de la Mecque et entend profiter de celles ci pour forcer son alliée, jusque laréticente, a abandonner sa politique ottomane au profit d'une ouverture de la question de l'Orient arabe.
Durant l'été 1915, Paris envoie a Londres l'ancien consul deFrance a Beyrouth, François Georges Picot.
A partir de novembre, il est chargé de négocier, sous la houlette de l'ambassadeur de France a Londres, Paul Cambon, les« droits » de la France en Orient.
Mais lors des réunions avec les diplomates britanniques, Georges Picot réclame au nom de la France, un protectorat sur une « Syrieintégrale » ou « Syrie naturelle ».
Les responsables britanniques sont effarés par l'ampleur territoriale de ces demandes.
Et en décembre, le député conservateur MarkSykes est invité a se joindre aux négociations.
Sa connaissance de l'Orient en fait rapidement le principal interlocuteur de Georges Picot.
Le 4 janvier 1916, Sykes etGeorges Picot rédigent un mémorandum qui va servir de cadre aux accords franco britanniques sur l'avenir de l'Orient arabe.
En vertu de ces texte, la France et laGrande Bretagne s'engagent a reconnaître et a protéger une « confédération d'États arabes » s'étendant de la Péninsule a la partie nord de l'Orient arabe mais avec lesrestrictions suivantes: la France et la Grande Bretagne reçoivent un territoire en administration directe, la première reçoit le littoral libanais (zone bleue) et la secondereçoit la région de Bagdad (zone B).
la Palestine, quant a elle forme une zone internationalisée, dite zone brune, divisée en trois lots: un lot sous influence françaiseau nord, un lot sous souveraineté britannique au sud, et un lot sous régime international au centre , autour de Jérusalem.
Cependant, le mémorandum Sykes Picot n'estconsidéré que comme un document de travail.
Les Britanniques estiment qu'il doit être soumis a l'accord de la Russie et qu'il est conditionné par l'issue positive desnégociations poursuivies avec le chérif Hussein.
C la victoire de l'entente au Moyen-Orient.
Après ces évènements, la révolte arabe est déclenchée le 10 juin 1916.
le chérif Hussein n'est pour le moment pas tenu informé des accords passés entre les Alliés.
Ilaccompagne simplement son mouvement insurrectionnel d'une proclamation officielle dont l'idéologie est assez éloignée des thèmes du nationalisme arabe.
Il metl'accent sur l'impiété religieuse des dirigeants ottomans, impiété qui constitue selon lui un motif de soulèvement.
L'Arabie, dont le chérif se considère comme lereprésentant suprême, rétablira les principes du Coran.
Certains conseillers du chérif ont essayé d'ajouter a cette proclamation quelques éléments plus proches desidées nationalistes arabes mais Hussein a refusé.
C'est ainsi que le chérif Hussein confie la direction a ses quatre fils, Ali, Abdallah, Faysal et Zayd, chacun chargésde mener un des fronts de guerre contre l'armée ottomane.
Les deux leaders de l'insurrection sont Abdallah et Faysal.
Les révoltés parviennent a s'emparer de LaMecque et des principales villes du littoral, mais Médine résiste avec une forte garnison.
Cette résistance amène les Alliés a envisager une intervention militaire dansla région.
Des officiers britanniques et français sont envoyés dans le Hedjaz pour instruire et conseiller les chefs de la révolte.
Mais le conseiller militaire le plus.
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