Fiche de lecture Natacha Appanah - Tropique de la violence
Publié le 27/02/2025
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FICHE DE LECTURE : Tropiques de la violence –
Natacha
Appanah
Louane LE ROUX
Née en 1973 au sud-est de l’île Maurice,
Natacha Appanah est issue d’une famille d’engagés
indiens arrivés à la fin du XIXème siècle, les
Pathareddy-Appanah.
Elle fait ses premiers pas
littéraires à l’île Maurice, avec à l’âge de 17 ans le
prix d’un concours littéraire organisé par un
journal local.
Après des études de journalisme en
France, elle débute sa carrière comme secrétaire
de rédaction et journaliste dans un hebdomadaire
mauricien avant de se lancer en indépendante et
de travailler pour plusieurs médias tels que la
Radio suisse romande ou Géo Magazine, rendant
ainsi compte de son attrait pour les écrits de
voyage et géopolitiques.
Ensuite, elle choisit la
fiction pour dévoiler les revers de l’ailleurs et
dénoncer la violence cachée des paradis
trompeurs.
En moins de vingt ans, Natacha
Appanah, en tant que romancière, a créé une œuvre puissante et féministe,
ancrée dans la réalité cosmopolite de l’Océan Indien et marquée par les
contradictions économiques et sociales de ses sociétés créolisées, au-delà de l’île
Maurice.
Elle publie notamment en 2016 Tropique de la violence qui a pour cadre
Mayotte un département français que l’on a pourtant tendance à oublier.
L’auteure a elle-même vécu à Mayotte de 2008 à 2010.
En ce sens, dans cet
ouvrage, elle tente de retranscrire et de saisir l’essence des lieux et des êtres, ce
qui lui aura valu plusieurs distinctions : le premier prix Femina des lycéens et le
prix France télévisions en 2017.
Tropiques de la violence a également figuré dans
la première sélection du Prix Goncourt en 2016.
En effet, dans ce roman, elle
tisse un récit, qui par son acuité, propose une vision d’une grande force
d’évocation.
Cette œuvre est polyphonique, 5 personnages sont convoqués et
racontent leur histoire liée.
A travers la vision de chacun des personnages, nous
sommes plongés dans l’enfer d’une jeunesse livrée à elle-même sur cette île
d’une immense beauté mais où tout est chaos.
Mayotte apparaît comme une île
abandonnée par l’Etat, où toute tentative de se déprendre de ce milieu s’avère
vaine, le monde restant sourd à leurs supplications.
Tout semble propice à la
montée de la violence, cette dernière apparaissant également comme le seul
moyen d’exister, de s’affirmer.
De par la situation sociale et politique, chaque
individu est dénaturé par la violence endémique.
Natacha Appanah nous emmène
brutalement dans la réalité violente des bidonvilles de l’île de Mayotte située
dans l’océan indien, d’où le titre Tropiques de la violence.
RESUME :
Marie est infirmière.
À 26 ans, elle rencontre Chamsidine, un infirmier
mahorais.
Il se marient et vivent ensemble à Mayotte, qui apparaît comme une
île paradisiaque via les dires de son mari.
Chaque matin après son service au
CHR, elle passe devant la préfecture où des centaines de personnes, arrivés en
kwassa kwassa, des embarcations dans lesquelles les clandestins venus des
Comores arrivent à Mayotte, pour espérer avoir les papiers français.
Marie désire
avoir un enfant, mais c’est illusoire puisqu’elle est stérile.
A 30 ans, elle devient
folle et maudit celles qui accouchent à Mayotte pour avoir les papiers.
Un an
après, Cham la quitte pour une comorienne.
Sa haine ne fait que croître.
Marie a
33 ans, et un soir, une jeune réfugiée abandonne son bébé, momifié dans des
bouts de tissus, à l’hôpital.
Il est atteint d’hétérochromie, il a un œil noir mais
l’autre est vert.
Selon les croyances, l’œil vert porte malheur, il serait l’enfant du
djinn.
Marie le recueille et l’élève, il s’appelle Moïse.
Marie a 44 ans, sa vie est
douce.
Moïse, lui, est un enfant calme et va à l’école privée où il n’y a que des
métropolitains.
Mais plus il grandit plus la situation se complexifie, Moïse est
colérique.
A 47 ans Marie trouve enfin le courage d’avouer à Moïse qu’elle n’est
pas sa vraie mère.
Désormais, il ne l’appelle plus Mam mais Marie.
Moise dit qu’il
a été élevé comme un blanc, qu’elle l’a empêché de devenir qui il devait être.
Moise sèche l’école, traîne et lui en veut.
Chaque jour est plus dur pour elle.
Un
matin, elle s’effondre.
A 47 ans Marie est morte, subitement.
Ensuite, la parole est laissé à Moïse.
Il est en cellule et se remémore, le
jour où, à 15 ans il a tué.
Cette île l’a transformé et a fait de lui un assassin.
Après avoir tué Bruce, il s’est immédiatement rendu au commissariat avouer ce
meurtre.
Moïse pleure, il aimerait pouvoir dire au policier qu’il n’est pas un
assassin, qu’il a été un enfant lisant des livres, écoutant de la musique, il
voudrait dire qu’il n’a pas su lutter contre Bruce, que la peur l’a paralysée
pendant des mois.
Un policier lui pose quelques questions, il va passer devant un
juge.
Moïse rêve de son ancienne vie avec Marie, de son enfance insouciante, de
sa chanson préférée...
Il s’allonge sur le sol de la cellule et s’endort.
Après s’être fait battre à un « mourengué » (combat) par Moise, Bruce est
venu quelques jours plus tard au lac Dziani, c’est là qu’il s’est fait tuer.
Il savait
que c’était l’endroit préféré de Moïse car il lui avait dit.
Bruce avait d’ailleurs eu
envie de lui éclater la tête contre le sol.
Lui aussi aurait aimé pouvoir dire son
endroit préféré car non il n’est pas né avec cette profonde envie de violenter.
Olivier, un policier, est allé avec un collègue pompier voir le corps, dont Moïse
avait précisé l’emplacement exact.
Ils ont facilement trouvé le corps.
C’était
Bruce, le chef de Gaza.
Gaza était le surnom donné au quartier défavorisé de
Kaweni, c’est un bidonville , « un no man’s land où les bandes de gamins
shootés font la loi » et pourtant c’est Mayotte, c’est la France.
Olivier s’est mis à
craindre ce qui allait arriver, une guerre ? des émeutes ?.
Alors devant le corps,
Olivier a fermé les yeux et a prié.
Revenons en arrière.
Moïse pensait que connaître la vérité sur son histoire
lui permettrait de résoudre ses soucis, de savoir qui il est ; a contrario, il s’est
senti comme un moins que rien qui a fait peur à sa propre mère.
Puis, il a
rencontré la Teigne, un clandestin qui zonait près de son collège.
Moïse a
commencé à l’apprécier, ayant l’impression que si Marie ne l’avait pas recueilli il
aurait été comme lui.
Il en avait marre de cette vie de blanc.
Quand Marie est
morte, il est allé à l’école comme si de rien n’était et en rentrant le soir, il s’est
enfermé dans sa chambre avec son chien Bosco et a pleuré.
Le lendemain,
Moïse, 14ans, est parti, sans prévenir la police ou l’hôpital.
Il était seul, perdu.
Moïse suivait désormais la Teigne, Bruce et Rico.
Dès ce premier jour à la rue, il
s’est senti vulnérable, oppressé mais retourner à la maison aurait été pire.
Ils
l’ont alors emmené à Gaza.
Ils ont bu, fumé des joints et dansé sur du rap
américain.
Moïse se sentait ailleurs, il avait 14 ans et pas d’avenir.
Même mort, Bruce en veut à Moïse, il raconte ce qu’il avait prévu de faire
de Moïse.
Il voulait le kidnapper pour obtenir une rançon de sa mère.
Et Bruce lui
aussi avait peur de son œil vert.
Puis, Bruce évoque l’avant Gaza, quand ce
dépotoir à ciel ouvert n’était qu’une forêt verte où lui et sa famille venait chaque
semaine.
Lui aussi, n’avait jamais faim et allait à l’école française.
Mais à 9 ans,
Bruce, doté d’une intelligence limitée selon le directeur, ne peut aller au collège
et refuse d’aller dans une école pour handicapés, son père le bat.
A 11 ans il
commence à voler, son père l’attache à une chaise, et chaque membre de sa
famille le giflent un par un.
A 13ans, il n’est plus Ismaël Saïd mais Bruce.
C’est la
descente aux enfers, il est à la rue : il boit, fume, se bat, « baise avec des
sousous » (prostituées) et quand il n’a pas assez d’argent pour le faire, il vole
des chèvres pour se satisfaire.
A Gaza, tout le monde veut savoir ce que pense
Bruce, il est roi de Gaza.
Bruce est venu chercher Moïse pour retourner dans sa maison pour
prendre l’argent.
Moïse, alias Mo, avait peur de Bruce, peur de retourner à la
maison, peur de tout.
Arrivé chez lui, il ouvre la porte, l’odeur de la mort est
présente et insoutenable.
Bruce, Rico et la Teigne se demande ce qu’est l’odeur
puis comprennent.
Moïse prend l’argent et récupère la sac de Marie avec sa carte
d’identité, son foulard et le livre préféré de Moïse, L’enfant et la rivière.
La police
arrive, ils s’enfuient.
Bruce explique la difficulté que d’être le chef Gaza.
Il faut connaître Gaza
et ses habitants, dans les moindres détails.
Il faut que tout le monde sache qu’il
domine tout le monde.
Il faut connaître les vices et faiblesses de chacun pour
être respecter.....
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