Fiche de lecture MAYER F., Les Tchèques et leur communisme
Publié le 17/08/2012
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Le Parti communiste ne se convertit pas en 1989 (à la différence des Partis communistes slovaques, polonais ou hongrois). Il semble qu’il va rester « hors jeu «, mais en 1999, le KSČM (parti communiste de Bohême-Moravie) est bien placé dans les sondages ce qui montre l’ambivalence de la culture tchèque. Il y a une continuité du communisme dans le contexte de la dé-communisation tchèque Quelle est la valeur réelle du « rejet communiste « dans les recompositions politiques après 1989 ? On peut dire que dans la culture tchèque, « le soucis de respecter le légalisme prévaut sur la volonté de condamner le communisme «. C’est en parti pour cela qu’il n’y a pas eu d’interdiction du KSČ (parti communiste tchécoslovaque) La décommunisation ne serait-elle pas une manière supplémentaire pour les tchèques de dire « nous «, plus qu'un moyen de régler des comptes avec le passé ? Le peuple tchèque a de fait du mal à dire « nous « car il n’arrive pas à s’entendre sur ce qu’il s’est passé, et est désuni face à son histoire. Le gouvernement d’après 1989 cherche à se construire en opposition par rapport à l’ancien régime. Tous (politiques, partis…) tentent de diffuser une image du passé qui les mette en avant. En 1989, aucune force politique n’a réussi à imposer une mémoire officielle du communisme.

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Le gouvernement d'après 1989 cherche à se construire en opposition par rapport à l'ancien régime.
Tous (politiques, partis…) tentent de diffuser une image du passéqui les mette en avant.
En 1989, aucune force politique n'a réussi à imposer une mémoire officielle du communisme.La décommunisation tchèque créa une situation où les coupables de la répression communiste échappaient relativement facilement au procès, mais où pesait unsoupçon de collaboration sur les dissidents.
Ces derniers ne bénéficiaient donc pas d'une légitimité particulière.Les communistes ont réussi à redonner une place au communisme en jouant le passé contre le présent.
Ils ont réussi, en pleine période de décommunisation, à donnerune image radieuse du passé communiste, et une image négative du présent (chômage, difficultés économiques, corruption, tensions tchécoslovaques, gestion dupassé sudète…).
Ils ont réécrit l'histoire communiste.
L'histoire de l'opposition quant à elle a du être écrite et non réécrite.
Or pour l'écrire, il faut s'accorder surl'opposition et la répression qui ont existés, ce qui est difficile étant donné la pluralité des visions qui existent dans cette société, qui est entravée par des rivalités.Il y a donc un grand développement des associations du souvenir, comme la « confédération des anciens détenus politiques ».
De plus, les témoignages individuelssont très abondants et montrent bien le besoin de réappropriation du passé.Ce livre fait une bonne étude sociologique du peuple tchèque et définit bien le rôle qu'ont joué les différents acteurs dans la définition d'une identité tchèque après1989.
Cette identité est néanmoins affaiblie par la pluralité des expériences et des avis concernant le communisme au sein de toutes les couches sociales tchèques.
Echecs de la démonstration de l'auteur et limites de l'ouvrage
Dans cet ouvrage, l'auteur ne prend que peu en compte la mémoire individuelle du peuple, ni comment ce dernier a vraiment vécu cette période de transition.
Lesreprésentations publiques peuvent vouloir passer certains aspects sous silence.
Elles sont donc très subjectives car elles ont été travaillées, elles ne reflètent pas lamasse des tchèques, mais uniquement les représentations d'une certaine élite.
De plus, Mayer travaille beaucoup sur des sources écrites, qui sont très propices à êtreretravaillées.
Ces écrits sont aussi élaborés avec soin et ne sont donc pas forcement fidèles à la réalité.En outre, Mayer n'étant pas tchèque, elle ignore inévitablement certains aspects de la société et de la culture tchèque.
Elle ne connaît pas forcement bien non plus, lamanière dont les tchèques ressentent un événement.
L'auteur a été très influencé par quelques auteurs tchèques (Ladislav Holý, Jaroslav Marek, Jan Tesař, PetrFidelius, Zden ěk Vaší ček).
Le fait qu'ils soient relativement peu nombreux conduit peut-être à une certaine manipulation de Mayer.
Qu'est-ce que l'ouvrage apporte
Néanmoins, l'auteur peut porter un regard extérieur sur les événements tchécoslovaques, de part sa position très spéciale : elle a beaucoup vécue en Tchécoslovaquie,mais elle n'est pas tchèque.
De plus, elle peut ainsi comparer implicitement la France et la Tchécoslovaquie.
L'auteur bénéficie ainsi d'un certain recul et d'unecertaine objectivité, car elle analyse les faits de l'extérieur et est donc moins influencée par les événements tchèques.
Point de vue personnel
L'auteur soulève beaucoup de questions et émet différentes hypothèses, mais elle ne répond pas clairement à toutes les questions qu'elle pose.
De plus, l'ouvrage esttrès décousu et il y a parfois peu de liens entre les différentes parties du livre.Ceci dit, Mayer présente bien la gestion et l'interprétation des années 1989 en Tchécoslovaquie, et son point de vue intérieur (en tant que Tchèque) et extérieur (entant que Française) apporte beaucoup à son analyse.
De plus, elle incorpore de nombreux témoignages, ce qui donne vie au texte.
L'auteur nous présente ainsidifférents points de vue sur la société tchèque, ce qui rend son analyse plus objective.
L'auteur ajoute aussi des nombreuses notes en bas de pages qui sontindispensables à la compréhension de l'ouvrage.Cette sociologie du peuple tchèque dans les années 1990 est très documentée et donne une autre vision que ce que les livres d'histoire peuvent donner de laTchécoslovaquie de cette époque..
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