Devoir de Philosophie

FICHE DE LECTURE: L'OR De BLAISE CENDRARS

Publié le 05/06/2011

Extrait du document

lecture

 

« La merveilleuse histoire du général Johann August Suter «. Histoire merveilleuse en effet, conquérante et pitoyable, sereine et désespérante ; l'aventure même d'une vie bien trempée. Né le 15 février 1803 dans le Grand-Duché de Bade, J.-A. Suter, « banqueroutier, fuyard, escroc « qui a abandonné femme et enfants, décide, à trente-et-un ans, de pacifier la Californie, alors terre mexicaine « infestée « de brigands et d'Indiens, et d'y faire prospérer un immense domaine : La Nouvelle Helvétie. Colonisateur milliardaire, il se voit ruiné en 1848 par le coup de pioche d'un de ses charpentiers : découverte de l'Or, ruée vers l'Or, San-Francisco ! Gong et glas, c'est la déroute du général J.-A. Suter, l'humiliation, la ruine, l'Apocalypse. Justice ne sera jamais rendue au vieux fou qui harcèle le Congrès de Washington ; il meurt à soixante-dix-sept ans, croyant néanmoins triompher, bafoué — une dernière fois — par de jeunes voyous.

lecture

« abandonné.

Il assiste, impassible, à la prise de possession de ses terres.

Un nouveau cadastre s'enregistre.

A Bâle,on ignore la découverte de l'or.

Suite à une lettre de son mari datée de fin décembre 47, Mme Suter décide d'aller lerejoindre, accompagnée de sa famille.

Plus elle approche de la Californie, plus elle entend parler de l'or, mais elle nesait pas.

Arrivée épuisée, elle meurt dans les bras de Johann.

Suter se remet à l'ouvrage, construit deux fermes pourses cadets et envoie l'aîné, Emile, étudier le droit à l'Est.

Ensuite, il se plonge dans la lecture de l'Apocalypse...

Il necomprend pas; l'or l'a ruiné.

Puis il entame un procès gigantesque, poursuivant 17 221 particuliers qui se sontinstallés sur ses terres, réclame 25 millions de dollars au gouverneur de l'Etat de Californie, revendique les villes quiont poussé sur ses terres.

Les villes se défendent, c'est le rush des avocats, le juriste est roi.

Quatre années sepassent.

Les habitants du pays, terrorisés à l'idée de tout perdre, incendient les bureaux de son fils Emile.

Lespièces du procès sont détruites.

Le 9 septembre 1854, on célèbre le quatrième anniversaire de l'entrée de laCalifornie dans l'Union.

La foule enthousiaste fête le premier colon, celui à qui elle doit tout, et nomme Sutergénéral.

Le 9 septembre 1855, le juge Thompson rend sa sentence dans l'affaire Suter et lui donne raison.

Mais ilfaut obtenir confirmation de la Haute cour fédérale.

Les habitants furieux incendient l'ermitage, le fils Victor estreparti pour l'Europe, Arthur a été tué en défendant sa ferme et Emile s'est suicidé.

Seule sa fille, recueillie par lejuge, semble n'avoir pas trop souffert.

C'est le début de la grande errance, Suter réclame justice; il se rend àWashington.

Les années passent, tous les fonctionnaires le renvoient d'un bureau à l'autre.

Il se fait escroquer sondernier avoir par des avocats véreux, il est la risée des enfants dans la rue En 1873, il entre dans la secte deHerrenhütter.

Le dossier est rouvert mais cela n'aboutit pas.

Assis sur les marches du palais des Congrès, Suterattend.

Tout à coup, sept gosses lui sautent au cou : « Tu as gagné, Général, le Congrès te donne 100 millions dedollars.

» Suter se redresse et remercie.

Il meurt le même jour, le 17 juin 1880, à trois heures de l'après-midi.

LeCongrès n'avait même pas siégé ce jour-là.

Le Congrès ne s'est jamais prononcé, les descendants ont laissé tombél'affaire; la succession est ouverte.

Qui veut l'or? Pistes de lecture Sous le signe des voyages Malgré toutes ses « histoires vraies » et ses aventures, la vie de Blaise Cendrars reste mal connue.

C'est que, tout comme Jean Ray, il était atteint d'« autobiographisme galopant ».N'écrit-il pas «Je suis l'autre, l'homme qui écrit...

»? A force d'enjoliver sa propre histoire, il est parvenu à si bienposséder la critique que nombre d'étapes de sa biographie légendaire se retrouvent fréquemment comme argentcomptant dans les articles qui lui sont consacrés.

Né Frédéric Sauser-Hall à La Chaux-de-Fonds (Suisse) en 1887,Cendrars eut une jeunesse placée sous le signe des voyages.

En 1894, sa famille quitte le pays pour Naples, de làs'embarque pour Alexandrie avant de regagner la Suisse (1902).

Cendrars s'inscrit à l'Ecole de Commerce,abandonne tout en 1904 et part pour Saint-Petersbourg où il occupe un emploi auprès d'un horloger.

Après avoirtraversé la Russie en tous sens, il rentre à Berne et suit des cours de philosophie.

En 1911, il est à New York et,après s'être donné son pseudonyme, « entre en littérature » avec Les Pâques à New York, longue poésie en versassonnancés dans laquelle il s'élève contre la puissance de l'argent.

Arrivé à Paris en 1912, il ne lui faut paslongtemps pour devenir une figure importante de la bohême artistique.

Il fréquente Apollinaire, publie avec SoniaDelaunay La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France (1913), s'engage volontaire en 1914 et y perdle bras droit.

De 1915 à 1921, il touche à tout avec un bonheur égal : Le Panama ou l'Aventure de mes sept oncles(poésie, 1914) dans lequel il retrace les pérégrinations de sept bourlingueurs atteints du mal du pays, il fait de lacritique d'art (Peintres, 1919), rédige le livret de La Création du monde de Darius Milhaud (1923)...

En 1925, il publieson premier roman, L'Or.

Suter, centre du roman Tout le récit s'articule autour du personnage de Suter, à tel point qu'aucun des personnages secondaires ne connaît de développement propre à le situer autrement que par rapportau héros.

Tout le récit jusqu'à la découverte malencontreuse de l'or n'est marqué que par les différentes actions deSuter auxquelles se soumet tout son environnement.

Au contraire, après cette découverte, si l'attitude ou plutôt lasemi-passivité du héros demeure notre point de mire, c'est l'environnement qui pose sa loi et la rebellion de Suter nefera que confirmer cet état.

C'est que, autour du personnage central, Cendrars construit un ensemble, une réalité —une époque, des condi-tions sociales — dont la fonction n'est pas tant d'ancrer le récit que de permettre à l'auteurde guider l'itinéraire « psychologique » de Suter.

L'auteur n'intervient pas dans le récit dépouillé — qui est toutentier au présent de l'indicatif — afin de nous faire suivre pas à pas le cheminement spirituel de Suter.

C'est ainsique nous assistons à l'accomplissement farouche d'une volonté de réussir qui ne s'embarrasse pas d'affectivité(abandon de sa femme, déshonneur de sa famille, aucune amitié connue...) ni ne se permet le moindre détour ou lamoindre halte irraisonnée.

Il est intéressant d'étudier sa progression géographique lors de son arrivée aux USA etson départ vers la Californie : toutes ses actions ont une fonction bien précise par rapport au but qu'il s'est fixé.

Aucontraire, lorsque l'or apparaît, cette belle volonté s'effondre devant une réalité qui se venge d'avoir été soumise.

EtSuter, de surhomme, redevient simplement un homme comme les autres.

Ce que Cendrars souligne en esquissantquelques personnages secondaires auxquels il s'attache (sa famille, son avoué), qui tenteront de l'aider (le juge) etpuis, tout simplement, le traitent en jouet (Johannès Chislistsch, les gamins des rues).

Touche finale, Cendrars sepermet une morale (chapitre XVII) et propose l'or à ceux qui n'auraient pas compris que l'or n'est pas au centre durécit.

Ce n'est qu'une sorte de « deus ex machina » qui permet le paradoxe du milliardaire ruiné.

Après 1926, avecMoravagine, Cendrars va s'intégrer au roman, et le « je » va prendre le pas sur « l'histoire vraie ».

Il commence unesérie de romans qui parlent de lui-même sans, pour autant, relever de l'autobiographie.

Il se soumet à l'imaginationcréatrice et crée une biographie mythique (L'Homme foudroyé, 1945 — La Main coupée, 1946) où « Ecrire, c'estbrûler vif, mais c'est aussi renaître de ses cendres.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles