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FICHE DE LECTURE: LES PARENTS TERRIBLES DE JEAN COCTEAU

Publié le 05/06/2011

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Dans l'atmosphère libre et désordonnée, aimablement étouffante, de la « roulotte « (la maison familiale), Michel vit entre une mère abusive (Yvonne), un père veule (Georges), et une tante qui veille à tout (Léo). Un cinquième personnage attend dans la coulisse : Madeleine, qui aime Michel et en est aimée. Cette intrusion, dans la toile d'araignée familiale, va peu à peu modifier le climat de la pièce, qui passera du vaudeville au drame : Yvonne, liée à son fils par des sentiments qui excèdent ceux d'une mère, ne pouvant admettre de le perdre. L'histoire est simple; elle serait banale si l'auteur, allant à l'extrême d'une lucidité amère, n'avait fait appel à la « psychologie des profondeurs « pour en compliquer les rouages.

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« qu'elle admette l'amour des jeunes gens, ce que Georges accepte, enfin convaincu que leur malheur ne lui rendrapas son bonheur.

A l'issue des explications, Michel rejoint Madeleine qui trouvera sa place parmi les membres de lafamille dans la roulotte.

Mais Yvonne se sent rapidement exclue d'un amour dont elle n'est plus l'objet unique.Incapable de surmonter sa douleur, elle absorbe des barbituriques, laissant une place désormais vide entre Georgeset Léo, seuls face à face... Pistes de lecture L'éclectisme de génie Jean Cocteau, né en 1889 à Maison-Laffitte, est issu d'une famille de la haute bourgeoisie.

Très tôt attiré par la poésie, il fait rapidement parler de lui et triomphe dans les salons où ilfréquente des célébrités telles Rostand, Marcel Proust...

En 1916, il rencontre Picasso et fréquente peintres etécrivains d'avant-garde : Apollinaire, Modigliani...

Il fonde avec Cendrars les Editions de la Sirène.

De 1910 à 1960,Cocteau s'est hissé parmi les plus grands, et ce, par l'éclectisme de ses activités.

Certains lui ont reproché unediversité excessive, une impatience, jugeant qu'il n'approfondissait aucun domaine auquel il s'adonnait.

Les autresont salué en lui un talent d'humaniste d'une modernité étonnante; poète, romancier, critique, dramaturge,dessinateur, peintre, cinéaste, Cocteau fut homme de diversité tant dans les genres abordés que dans sa pensée.

Ilnous a légué cinquante ans de création assidue.

Son oeuvre poétique, comme son théâtre, est émaillée de thèmestels que la mort, le double, l'invisibilité, le rêve.

La tragédie et les mythes le fascinent dans ce qu'ils ont d'intemporelet de moderne (Antigone, Œdipe-Roi).

On retrouve les mêmes thèmes dans son œuvre cinématographique (L'Eternelretour, Orphée, La Belle et la Bête...) bien que, pour lui, le montage du film et sa conception, volontairementdépouillés, comptent plus que l'intrigue qu'il relate.

Peintre, Cocteau l'est autant qu'écrivain, dans la mesure où legraphisme est pour lui intimement lié à l'écriture.

Ses nombreux profils témoignent d'un caractère calligraphiquesurprenant.

Portraitiste, il fixe les visages de ceux qui lui sont chers : Raymond Radiguet, Jean Desbordes, JeanMarais..., ainsi que son propre visage, dans une série d'autoportraits.

Chroniqueur poétique, il se fait le porte-paroledu « Groupe des six » dont Erik Satie est le père spirituel.

Il écrit les paroles des mélodies, certains livrets de balletset des articles destinés à faire connaître le groupe.

Mais parmi tous les genres auxquels il s'essaya, c'est le théâtrequi interpella le plus ses contemporains.

Drame et quotidien Les Parents terribles fut la pièce qui révéla Cocteau au grand public.

Elle fut représentée pour la première fois au Théâtre des Ambassadeurs en 1938, et publiée lamême année.

L'originalité de la pièce tient au caractère singulier de ses protagonistes : une famille de rêveurs qui setrouvent plongés dans le drame dès qu'ils retombent dans la réalité.

En effet, la trame aurait pu être celle d'unecomédie mélodramatique et l'intrigue amoureuse, celle d'un bon vaudeville.

Mais Cocteau transcende cette banalitéapparente de la vie quotidienne en drame, évoluant en crescendo vers une « tragédie familiale ».

Les dialoguespassionnés, nerveux, la mise en scène et le jeu des acteurs (Jean Marais, Yvonne de Bray) concourent également àdonner à la pièce une dimension tragique.

Le thème principal — et peut-être unique — est celui de l'amour entre unemère et un fils, d'une passion impossible puisqu'elle doit aboutir à une séparation inévitable.

Mais l'auteur sublime lethème : la passion qui dévore la mère ne peut endurer de séparation, sinon celle de la mort.

En 1948, la pièce donnalieu à une réalisation cinématographique considérée comme un chef-d'oeuvre du genre.

Cette fois, c'est Josette Dayqui incarne Yvonne, aux côtés de Jean Marais pour qui Cocteau a créé le rôle de Michel.. »

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