FICHE DE LECTURE: Le rivage des syrtes, Julien Gracq
Publié le 31/08/2012
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Cette citation renvoie à ce que Magritte disait de la peinture: "L’art de la peinture ne peut vraiment se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde". Cette référence au surréalisme explique également la dimension que l’auteur donne au lecteur. La lecture de ce roman ne peut être qu’active, on sent le besoin de participer. - On peut également évoquer une influence de la poésie Baudelairienne. Page 17, Julien Gracq écrit: "C'était un pays plus libre et plus sauvage, où la terre, faisant affleurer sa surface pure, semblait nous inviter, en exaspérant d'elle-même notre vitesse, à nous rendre sensible comme du doigt sa seule courbure austère, et, aspirant toujours plus loin notre machine lancée à fond de course, indéfiniment à faire basculer ses horizons". On ne peut s’empêcher alors de penser au poème "l'invitation au voyage", où Baudelaire décrit "Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté". En effet, le terme « d’invitation « revient dans les deux citations, qui décrivent un univers libre. Toutefois, si le pays des syrtes est pour Gracq « sauvage «, le voyage de Baudelaire se déroule dans un monde calme et ordonné.
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Gracq peut être mise en parallèle avec la peinture du belge René Magritte.
En effet, le peintre travaillait sur la perception du monde qui nous entoure et la manière dene pas décrire simplement ce que l'oeil voit, mais plus encore ce que les sens perçoivent.
" Quelque chose m'étais promis, quelque chose m'était dévoilé; j'entrais sans éclaircissement aucun dans une intimité presque angoissante, j'attendais le matin, offertdéjà de tous mes yeux aveugles, comme on s'avance vers le lieu de la révélation".
Cette citation renvoie à ce que Magritte disait de la peinture:
"L'art de la peinture ne peut vraiment se borner qu'à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde".
Cette référence au surréalisme explique également la dimension que l'auteur donne au lecteur.
La lecture de ce roman ne peut être qu'active, on sent le besoin departiciper.
- On peut également évoquer une influence de la poésie Baudelairienne.
Page 17, Julien Gracq écrit: "C'était un pays plus libre et plus sauvage, où la terre, faisant affleurer sa surface pure, semblait nous inviter, en exaspérant d'elle-mêmenotre vitesse, à nous rendre sensible comme du doigt sa seule courbure austère, et, aspirant toujours plus loin notre machine lancée à fond de course, indéfiniment àfaire basculer ses horizons".On ne peut s'empêcher alors de penser au poème "l'invitation au voyage", où Baudelaire décrit "Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté".
En effet, leterme « d'invitation » revient dans les deux citations, qui décrivent un univers libre.
Toutefois, si le pays des syrtes est pour Gracq « sauvage », le voyage deBaudelaire se déroule dans un monde calme et ordonné.
- Certains ont parlé d'une réécriture du Désert des Tartares de Dino Buzzati.
Le livre a cependant été publié après celui de Gracq, on ne peut donc pas parlerd'influence réciproque.
Toutefois, le désert des tartares abordent également cette thématique de l'attente, de l'ennui et de l'ennemi que l'on ne connaît pas.
Mais siAldo pourra marquer l'histoire, le destin de Drogo, principal protagoniste du roman de Buzatti, ne connaîtra pas le même succès.
Celui-ci mourra sans avoir comprisla signification de son attente.
- Enfin, pour évoquer une oeuvre plus récente, la fin du Rivage des syrtes peut rappeler l'oeuvre de Paolo Coelho, L'alchimiste.
En effet, Aldo voit apparaître,surgissant de la brume, non pas le peuple ennemi mais une île sur laquelle se dresse un volcan.
Paysage là encore qui fait signe, miroir du héros qui lui permet delever un coin du voile, celui de l'énigme de son aventure individuelle, et de prendre conscience de son destin au cœur d'une histoire collective : le héros sait« pourquoi désormais le décor était planté ».
Le terme « d'aventure individuelle » est le thème majeur du récit de Coelho.
Il s'agit en effet d'une quête spirituelle, d'uneinvitation à suivre son rêve pour y trouver une destinée.
Il s'agit donc, comme dans Le rivage des syrtes, d'une quête personnelle, d'une recherche intime.
II.
Thématiques principales du Rivage des syrtes
- on voit tout d'abord dans ce roman le thème de la décadence.
En effet, le peuple d'Orsenna vit dans la fausseté.
Les guerres sont fausses, la mission est fausse, lagloire le sera également.
- on trouve également le thème omniprésent de l'ennuie, qui conduit à une forme d'apathie généralisée.
De nombreuses citations de l'oeuvre illustre cette idée:
"Est-ce que tu attend un changement?", page 39" Ces terres de sommeil", page 19" le flou indéterminé", page 19"Orsenna entrait lentement en léthargie", page 13" cet engourdissement général", page 13
- le pouvoir de la rumeur est illustré dans le rivage des syrtes.
Julien Gracq parle d'un besoin de fièvre, la diffusion de la rumeur touche toute la population d'Orsenna.Il évoque également une transgression libératrice et un dessein supérieur de l'histoire.
" j'avançais en proie à un léger étourdissement et au sentiment exaltant d'un déclic magique", page 57" les traits tout aiguisés dans la tension du guet", page 57" un écho dur éclairait longuement mon chemin et rebondissait contre les façades, un pas à la fin comblait l'attente de cette nuit vide, et je savais pourquoi désormaisle décor était planté", page 322.
- il semble également pertinent de préciser que Le rivage des syrtes évoque non seulement l'histoire d'Aldo, mais surtout une Histoire de l'humanité.
En effet, elletranscende dans l'oeuvre les actions et les volontés individuelles.
" les choses malmenés dans leur dignité pesante se mettent tout à coup à bouger", page 57" quand un État a connu trop de siècle, la peau épaissie devient un mur, une grande muraille: alors les temps sont venus que les murs s'écroulent, que les siècles seconsomment et que les cavaliers entrent par la brèche", page 318
- toutefois, il n'est pas seulement question de l'Histoire d'une manière générale.
Ici, tout le peuple agit à travers Aldo.
Son acte déclenche l'Histoire, sans que personnen'y puisse rien changer.
Ainsi, Gracq écrit: « ...
le maître après Dieu, Aldo...
», page 169.
Pour conclure, il est nécessaire de rappeler que Le rivage des syrtes est un ouvrage intemporel.
Gracq à toujours refusé les explications extrapolées de l'histoired'Orsenna qui incarnerait un Occident en lutte contre le nazisme.
Gracq finit son roman par cette phrase: " un écho dur éclairait longuement mon chemin et rebondissait contre les façades, un pas à la fin comblait l'attente de cettenuit vide, et je savais pourquoi désormais le décor était planté".
Ainsi, à la fin de l'oeuvre, l'attente s'achève enfin, l'ennuie disparaît et les évènements prennent senspour Aldo.
Opinion personnelle
La principale caractéristique de cette oeuvre, pour moi, est l'écriture de Julien Gracq.
En effet, on ne peut pas omettre le langage de l'auteur, qui se différencie desécrivains de son époque (Camus ou Beckett par exemple, qui cherchaient à utiliser une langue simple et presque minimaliste).
Gracq travaille et utilise la langue toutau long de l'oeuvre, chacune de ses phrases semble avoir été travaillé, rappelant l'écriture de Proust.De plus, j'avais lu Le désert des tartares, et j'apprécie particulièrement l'oeuvre de Buzzati (Le K, Barnabo des montagnes).
Reprenant ce thème de l'attente et del'apathie, Le rivage des syrtes est un très beau roman qui ne ressemble à aucun autre..
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