FICHE DE LECTURE: LE PROTESTANTISME, LA FOI INSOUMISE, de Laurent GAGNEBIN et Raphaël PICON
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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- Le don de la « foi » , qui résulte du principe précédent, se fait à l'occasion d'une rencontre personnelle avec Dieu, en Jésus-Christ, et ne peut se réduire à une opinion, ou même à une doctrine.
La foi rend l'hommeapte à aimer son prochain et l'on ne saurait, dans ces conditions, opposer utilement « grâce » et « foi » à lanécessité des « œuvres », car, comme l'écrit ZWINGLI, « Là où est la foi, les bonnes œuvres suivent ».Quant à la thèse de la double prédestination, évoquée par CALVIN, et reprise de SAINT AUGUSTIN, et sicontestée, car conduisant à « une fatalité et une logique impitoyable » elle semble aujourd'hui abandonnée.
- Le troisième principe est « A Dieu seul la gloire », dont les auteurs rappellent que le protestant Jean- Sébastien BACH l'inscrivait sur la plupart de ses compositions.
Il signifie que rien n'est sacré, divin ou absoluen dehors de Dieu.
Il se traduit en particulier, dans la théologie protestante par le refus des intermédiaires(Marie, les saints) entre Dieu et les hommes.
- « La Bible seule », que les auteurs nomment le « principe formel » du protestantisme, car on ne peut accéder à la connaissance sans passer par elle.
Les protestants ne reconnaissent que l'autorité de la Biblecomme source de foi, et soulignent que tout « prolongement » , ce que les catholiques appellent« Tradition », est susceptible de lui être infidèle.
Il en résulte que l'étude biblique constitue un aspectessentiel du culte (prédication de la Parole) et de la catéchèse.
- « L'Eglise doit se réformer sans cesse ».
Les auteurs rappellent que les Réformateurs, qui souhaitaient avant tout revenir à la pureté du christianisme des origines et dénoncer les abus de leur époque, « n'avaientpas voulu se séparer de l'Eglise romaine pour créer une nouvelle Eglise ».
Les protestants tiennent cependantà affirmer que l'Eglise n'est pas d'abord une institution, mais un lieu de rassemblement de ceux qui ont unemême foi, et c'est pourquoi ils contestent fortement le modèle romain, autoritaire et centralisé, et insistentsur le regard critique et interrogateur que doivent avoir les croyants sur le fonctionnement de l'institutionecclésiale, qui peut, en tant que réalité humaine, se tromper.
- « Le sacerdoce universel » signifie que chaque baptisé a une place identique au sein de l'Eglise.
Certes, les pasteurs, qui reçoivent une solide formation théologique (la robe noire qu'ils portent évoque un gradeuniversitaire), doivent jouer un rôle d'animation de la communauté, présider les cultes (qui sont plusempreints de sobriété , et moins structurés que les cérémonies catholiques, et où il y a plus à entendre qu'àvoir) mais ils ne peuvent en aucun cas avoir un rôle de médiation, même quand ils administrent dessacrements(au demeurant réduits à deux, baptême et sainte cène, au sein de la liturgie protestante).
Au-delà des principes et des manifestations de la foi, ce qui caractérise avant tout le protestantisme, est ceque les auteurs nomment « la culture du sujet », c'est-à-dire cette relation directe qui s'instaure entre Dieuet les hommes, et bien entendu « l'esprit de liberté », qui rejette en particulier tous les dogmes et laisseplace à la responsabilité de la conscience personnelle.
C'est sans doute ce qui explique le succès, plusd'estime au demeurant que d'adhésion véritable, que semble susciter au sein de la population française, leprotestantisme, apprécié notamment pour des prises de positions sur les questions d'éthique personnelle etfamiliale moins « culpabilisantes » que la doctrine catholique.
Il ne faudrait tout de même pas avoir une visionidéalisée et par trop biaisée de la réalité.
Au demeurant, les auteurs précisent que les protestants n'ont pasle monopole des valeurs qu'ils entendent officiellement promouvoir et que la pratique protestante n'est pastoujours allée de pair avec la tolérance, que ce soit en Europe (Michel SERVET condamné au bûcher pour sesopinions contraires à ce que proclamait CALVIN), ou ailleurs (fondamentalisme de certains courantsaméricains…).
Par ailleurs, on peut s'interroger sur le risque d'incohérence, voire de dérive sectaire auxquelspeut conduire l'absence de toute autorité religieuse susceptible, comme dans l'Eglise catholique, d'assurer larégulation de la foi.
Le livre évoque enfin la problématique de l'unité des Chrétiens.
Peut-on penser aujourd'hui l'œcuménismecomme devant nécessairement se traduire par un rapprochement des conceptions catholiques etprotestantes ? Même si certains ont pu le croire dans les années qui ont suivi le concile VATICAN II,notamment au sein de l'Eglise catholique, avec l'acceptation du pluralisme religieux et la mise en œuvre de laréforme liturgique (accusée par certains d'avoir « protestantisé » l'Eglise…), force est de reconnaitre que,malgré la multiplication des rencontres entre responsables religieux et entre fidèles, les points de divergencethéologique demeurent, et se sont même renforcés depuis plus d'un siècle.
Laurent GAGNEBIN a écrit, dansune formule lapidaire, que catholiques et protestants se querellent plus que jamais à cause d' « un homme ».
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