Fiche de lecture: Le Prince de Machiavel
Publié le 01/12/2009
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Deux Italiens du XVIe siècle avaient à coup sûr l'étoffe d'un « prince « : César Borgia et Laurent de Médicis. C'est en celui-ci surtout que Machiavel plaça tous ses espoirs, au point de lui dédicacer son livre. Mais c'est la figure de César Borgia qui l'a principalement inspiré. La fameuse devise de Machiavel, « La fin justifie les moyens «, fut souvent mal interprétée. Elle vaut en effet uniquement pour le prince, et encore, pour une période strictement limitée. Elle est donc réaliste, et non gratuitement cynique.
Un État en voie de décomposition est le plus terrible des malheurs. Pour l'empêcher, un prince doit pouvoir user de tous les droits, y compris celui d'une tyrannie provisoire.
«
L'ouvrage politique le plus essentiel de la période.
partir d'avril 1513, Machiavel, en disgrâce complète auprès desMédicis, se retire en exil dans la villa "l'Abergaccio", près de San Casciano.
Inquiet du destin de Florence et del'Italie et désireux d'exprimer sa pensée mûrie pendant tant d'années d'expérience politique, Machiavel interromptson "Commentaire sur Tite-Live" pour écrire, de juillet à décembre, un nouveau et plus bref traité: "Le Prince".L'opuscule (appelé par l'auteur tantôt "De Principatibus" ou "Des Principautés", tantôt "Il Principe" ou "Le Prince",dénomination qui a prévalu finalement) refuse dès les premières lignes toute concession au syllogisme aristotélicienou scolastique: le passage de l'hypothèse à la thèse s'accomplit par le recours à l'expérience historique concrète.Les neuf premiers chapitres traitent particulièrement de "la principauté nouvelle" dont la fondation qui requiert lemaximum de vertu, demeure le problème clé de tout l'ouvrage.
Viennent ensuite la parenthèse sarcastique sur lesprincipautés ecclésiastiques (chapitre XI), et les développements sur les armes, sur la création d'armées "propres"par opposition aux milices mercenaires et auxiliaires (chapitres XII à XIV).
Les chapitres XV à XXIII sont consacrés àl'impressionnant portrait du nouveau Prince à la fois renard et lion.
En ce point, la politique moderne célèbre de lamanière la plus absolue son autonomie par rapport aux canons de l'éthique traditionnelle.
Du chapitre XXIV auchapitre XXVI qui reviennent sur la crise italienne, Machiavel examine le dilemme de la fortune.
"Arbitre de la moitiéde nos actions", la Fortune est aussi "l'amie des jeunes" qui savent lui faire violence.
L'ouvrage s'achève sur les versde Pétrarque tirés du poème "O mon Italie!".
C'est donc sur une imploration douloureuse à un "rédempteur" de l'Italieque se clôt le traité qui, durant 25 chapitres, avait eu au contraire la froide clarté d'un raisonnement implacablementsûr.
"Le Prince" représente l'expression la plus nette qu'on ait jamais formulé d'une pensée strictement politique.Toute considération morale ou religieuse cède la place à la réalité.
L'État, à son tour, se confond avec la personnedu Prince.
L'oeuvre, bientôt traduite dans la plupart des langues, connut une énorme popularité et c'est surtoutpendant la deuxième moitié du XVIe siècle et la première moitié du XVIIe siècle qu'elle fut d'abord l'objetd'accusations extrêmement violentes.
En elle parut se résumer ce qu'on a appelé le "machiavélisme" à la fortunetant controversée..
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