Devoir de Philosophie

Fiche de lecture : La notion de culture dans les sciences sociales de Denys Cuche

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

lecture

La notion de sous-cultures (on préfèrera le terme de « subcultures «) est également abordée par Denys Cuche, en rapport avec les contre-cultures. À juste titre, Denys Cuche souligne le lien étroit entre subcultures et contre-cultures : « une contre-culture ne produit pas une culture alternative à la culture qu’il dénonce. Une contre-culture n’est jamais, en définitive, qu’une sous-culture «. Les deux participent en effet à la culture globale, selon un principe développé notamment dans la théorie des contre publics subalternes de Nancy Fraser : pour obtenir un espace de parole dans la sphère publique, le groupe dominé effectue une redéfinition des objets de l’hégémonie culturelle.  En analysant le terme de « culture d’origine «, page 105, Denys Cuche prouve le caractère hétérogène et dynamique de l’identité. La migration produit en effet un changement culturel à la fois chez les expatriés et dans la société d’origine. Lorsqu’ils reviennent dans leur pays natal, « le décalage est double : le pays a changé, eux-mêmes ont changé «. C’est dire à quel point culture et identité sont socialement liés : une culture sera modifiée par l’identité des immigrés, une identité sera modifiée par la culture qu’elle intègre.    Un ouvrage de référence    La notion de culture dans les sciences sociales est un ouvrage de référence, un outil riche pour démarrer une réflexion sur le concept de la culture. Il offre une grande vue d’ensemble de la question et confère des bases théoriques dans plusieurs domaines. Denys Cuche ne cherche pas à persuader le lecteur du bien fondé de telle ou telle théorie, mais le guide dans l’histoire de la notion de culture, parcourt bon nombre d’auteurs et apporte ainsi une solide base théorique.

lecture

« Des paragraphes significatifs Denys Cuche explique dans le chapitre « L'invention du concept scientifique de culture », page 25, la pensée relativiste d'Émile Durkheim : « le développementhumain doit être figuré, non sous la forme d'une ligne […] mais comme un arbre aux rameaux multiples et divergents ».

Denys Cuche résume cette citation enécrivant que « la normalité est relative à chaque société et à son niveau de développement ».

Le terme « niveau de développement », utilisé à maintes reprises dansl'ouvrage, semble néanmoins reposer l'évolution linéaire des sociétés.

Dans un ouvrage pourtant relativiste et disciplinairement global, ce sujet aurait mérité undéveloppement plus approfondi et personnel de la part de l'auteur.Il se penche par ailleurs, page 68, sur les cultures « dominante » et « dominée », des termes qu'il considère comme des « métaphores » puisque la situation socialecorrespond en réalité à des groupes sociaux en rapport de forces.

La distinction est nécessaire puisqu'elle met en lumière la dynamique des rapports asymétriques.Toutefois, l'idée selon laquelle « les rapports de domination culturelle ne se laissent pas saisir de la même manière que les rapports de domination sociale » semblediviser les deux batailles hégémoniques.

On ne peut scinder l'étude de ces dominations : les rapports de forces sociaux peuvent être analysés à la lumière des rapportsde forces culturels et inversement.L'auteur analyse également, page 92, les « stratégies identitaires » : « en fonction de son appréciation de la situation, [l'individu] utilise de façon stratégique sesressources identitaires ».

On peut rapprocher cette idée de la métaphore du jeu de cartes de Lévi-Strauss.

L'individu dispose de facettes identitaires qu'il pourrautiliser afin de reproduire ou renverser le rapport de domination.

Il ne peut toutefois pas s'improviser une nouvelle identité : les cartes qu'il a en main ont étédistribuées à la fois par les autres et par lui-même.

Même si cela était possible, jeter ses cartes ne serait-il pas d'ailleurs refusé par l'Homme, pour une raisonidéologique (comment faire entendre sa voix d'individu dominé si l'on prend une identité non dominée ?) ou pour se protéger identitairement ?La notion de sous-cultures (on préfèrera le terme de « subcultures ») est également abordée par Denys Cuche, en rapport avec les contre-cultures.

À juste titre, DenysCuche souligne le lien étroit entre subcultures et contre-cultures : « une contre-culture ne produit pas une culture alternative à la culture qu'il dénonce.

Une contre-culture n'est jamais, en définitive, qu'une sous-culture ».

Les deux participent en effet à la culture globale, selon un principe développé notamment dans la théorie descontre publics subalternes de Nancy Fraser : pour obtenir un espace de parole dans la sphère publique, le groupe dominé effectue une redéfinition des objets del'hégémonie culturelle.En analysant le terme de « culture d'origine », page 105, Denys Cuche prouve le caractère hétérogène et dynamique de l'identité.

La migration produit en effet unchangement culturel à la fois chez les expatriés et dans la société d'origine.

Lorsqu'ils reviennent dans leur pays natal, « le décalage est double : le pays a changé, eux-mêmes ont changé ».

C'est dire à quel point culture et identité sont socialement liés : une culture sera modifiée par l'identité des immigrés, une identité sera modifiéepar la culture qu'elle intègre. Un ouvrage de référence La notion de culture dans les sciences sociales est un ouvrage de référence, un outil riche pour démarrer une réflexion sur le concept de la culture.

Il offre une grandevue d'ensemble de la question et confère des bases théoriques dans plusieurs domaines.

Denys Cuche ne cherche pas à persuader le lecteur du bien fondé de telle outelle théorie, mais le guide dans l'histoire de la notion de culture, parcourt bon nombre d'auteurs et apporte ainsi une solide base théorique. Le guide de l'étudiant chercheur : un ouvrage dense mais structuré On peut toutefois formuler quelques critiques à l'égard du livre.

Puisque Denys Cuche reprend l'histoire de la notion de culture depuis la naissance même du terme,l'ouvrage est particulièrement dense.

Ne se limitant pas à une seule discipline, Cuche répète parfois les mêmes théories selon différents auteurs, sans toujourssouligner les liens entre eux.

La notion de culture dans les sciences sociales nécessite plusieurs lectures afin de comprendre pleinement les ressorts de la question.Cela étant, la structure très segmentée permet de faire de l'ouvrage un véritable guide : le sommaire est précis et suffit à l'étudiant à se repérer dans la foule dethéories pour retrouver une idée précise. CONCLUSION La notion de culture dans les sciences sociales est un ouvrage particulièrement utile pour structurer les réflexions.

Le fait de croiser plusieurs sciences permet, d'unepart, de mieux comprendre les problématiques liées à ce domaine, d'autre part, de réaliser l'importance de ne pas s'enfermer dans une seule discipline.

La notion deculture dans les sciences sociales semble vouloir davantage accompagner et amener à réfléchir le lecteur plutôt que de le convaincre.

On peut toutefois regretterl'absence de mise en relation entre les différents auteurs cités par Denys Cuche.

Par son résumé complet des évolutions théoriques et empiriques, il constitue une basesolide et incite le lecteur à approfondir voire poursuivre lui-même les questions qui ont trait à la culture.

Les questions d'hégémonie culturelle et de subcultures fontpar exemple appel à d'autres auteurs, anciens ou contemporains, comme Antonio Gramsci, Nancy Fraser ou Éric Macé et Éric Maigret.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles