FICHE DE LECTURE: LA MAISON DE CLAUDINE DE COLETTE

« Pistes de lecture WillySidonie Gabrielle Colette est née en 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l'Yonne.

A vingt ans, elle épouse HenryGauthier-Villars dit Willy, critique musical.

Son influence sur la jeune femme sera décisive, bien qu'elle laisse lesbiographes partagés.

Michèle Sarde souligne surtout l'empreinte abusive, l'exploitation, l'incitation à la dépravationqui ont marqué douloureusement la jeune épouse.

Quant à Geneviève Dormann, elle expose dans une biographierécente l'apport positif des quatorze années de la vie partagée avec Willy.

C'est lui qui força la jeune femme àprendre la plume, la traitant comme son « nègre », orientant son oeuvre dans un sens qui n'était pas le sien, luidemandant d'émailler les récits de ses souvenirs d'anecdotes croustillantes.

Mais sans lui, il est peu probable queColette se fût jamais lancée dans l'activité littéraire.

Willy lui fit rencontrer les personnalités les plus marquantes deson temps et lui permit, de petite paysanne qu'elle était, de se transformer en femme du monde accomplie.La série des Claudine, parue entre 1900 et 1903, comprend quatre volumes : Claudine à l'école, Claudine à Paris,Claudine en ménage, Claudine s'en va.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, La Maison de Claudine ne se situepas dans cet ensemble cosigné avec Willy.

La Maison de Claudine date de 1922 : c'est dire si l'auteur a évoluéentre-temps. Ecrivain à part entièreLorsque les époux se séparent, Colette possède son métier d'écrivain; sa fierté et son indépendance reprennent ledessus et elle se prend complètement en charge.

Elle ajoute à l'écriture une activité de « théâtreuse » qui ferascandale par l'aspect osé, pour l'époque, de certains thèmes abordés.

Ces années passées dans les milieux dumusic-hall donneront quelques oeuvres comme La Vagabonde (1910), L'Envers du music-hall, Chambre d'hôtel.En 1912, Colette épouse Henry de Jouvenel qu'elle a connu grâce à son activité dans le journalisme (elle estrédactrice au Matin).

Comme avec son premier mari, elle fera la pénible expérience de l'infidélité qui laissera en elleune marque ineffaçable.

De ces situations naîtront des romans comme La Seconde, La Femme cachée, La Retraitesentimentale (1907), L'Entrave (1913), comme toute l'oeuvre de Colette, entièrement autobiographiques.Dans un troisième souffle de sa vie amoureuse, Colette écrit Le Blé en herbe (1923), Chéri (1920), La Fin de Chéri(1926).Après une seconde séparation, Colette aborde une partie de sa vie plus calme et sereine où elle vit surtout encontact avec la nature et les animaux.

La Treille muscate, La Naissance du jour (1928), L'Etoile Vesper, Le Fanalbleu, qui datent de cette époque, sont plus des essais ou des chroniques que des romans.

En 1925, elle écrit uneoeuvre musicale en collaboration avec Maurice Ravel : L'Enfant et les sortilèges.En 1935, Colette épouse Maurice Goudeket et est reçue, en 1936, à l'Académie Royale de Belgique.

Elle recevrad'autres distinctions honorifiques comme la Légion d'honneur, la présidence de l'Académie Goncourt...

Elle s'éteint en1954. Souvenirs, souvenirsColette a cinquante ans lorsqu'elle publie La Maison de Claudine, sorte de retour aux sources, pèlerinage sur les lieuxde son enfance en compagnie des êtres qui l'ont le plus marquée, en particulier Sido, sa mère, morte dix ans plus tôtet à qui elle rend un vibrant hommage (elle lui consacrera encore un livre entier, Sido, en 1930).

Dans un stylevivant, allègre et coloré, elle dresse un portrait champêtre de son village natal, ajoutant à ces descriptionsextérieures l'observation, en finesse et vérité, des sentiments humains, de leur complexité.

D'autres oeuvres luidonneront la possibilité d'exprimer (pour la première fois) toute la gamme des sentiments amoureux dans uneexpression féminine.Le tableau d'une certaine sociétéLa grande richesse des narrations de Colette provient entre autres du fait qu'elle a vécu dans des milieux trèsdifférents dont elle a restitué fidèlement les caractéristiques.

L'ensemble de son oeuvre donne donc une vision assezcomplète de la société de la Belle Epoque : les milieux ruraux, les salons parisiens, les milieux artistiques (littéraireset musicaux); elle a côtoyé les plus grandes personnalités comme le monde modeste des habilleurs, desaccessoiristes, le monde paysan, les mondaines et demi-mondaines qu'elle dépeint avec précision, affection,humour, férocité parfois.. »