Fiche de lecture Bouvier - L'usage du monde
Publié le 04/03/2016
Extrait du document
«
Bouvier refuse les conventions imposées par la société.
Le voyage, si l'on l'appréhende comme
il le faut, n'est que synonyme de liberté.
En effet, le voyage procure des émotions, perceptibles rien qu'à travers du thé, des cigarettes,
du silence ou autant d'autres choses simples partagées avec les habitants des lieux visités.
Pour Bouvier, l'exemple à suivre serait celui de l'homme qui, sans même passer prendre une
chemise, accompagne les deux voyageurs pendant plusieurs semaines.
La destruction et la construction d'un homme
Partir signifie prendre un risque ; les moments difficiles seront les bienvenus, ils construisent le
voyageur : « La vertu d’un voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir.
»
Voyager est donc pour Bouvier un exercice de l'esprit qui nous rappelle que l'on n'est rien.
« Si
on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi ».
Le voyage
déracine, détruit, puis reconstruit.
Ce voyage selon Nicolas Bouvier, bien différent du tourisme
ou du loisir, n’est néanmoins pas une fuite de soi, mais bien plutôt une quête.
A la fin de l’œuvre, le voyageur arrivé à son but et émerveillé par la splendeur du paysage écrit
ceci :
« Ce jour-là, j’ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s’en trouverait changée.
Mais rien
de cette nature n’est définitivement acquis.
Comme une eau, le monde vous traverse et pour
un temps vous prête ses couleurs.
Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en
soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à
combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr ».
Cette quête est
infinie, le désir de voyager ne peut jamais être satisfait.
L'image du vide employé par Bouvier
et à relier avec la pensée de la Mort, car pour lui, voyager c'est apprendre à mourir.
Alors qu'il avait ouvert avec une citation de Shakespeare « I shall be gone and live, or stay and
die », il conclut avec une citation d’Emerson : « une fois ces frontières franchies, nous ne
redeviendrons jamais plus tout à fait les misérables pédants que nous étions ».
Le voyage,
quête de soi et de la diversité de l’Autre, laissera à l'homme qui l'entreprend une trace
ineffaçable, un trésor imprenable..
»
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